Dans un rapport accablant publié ce 11 juillet 2025, le Bureau du Vérificateur Général (BVG) a révélé d’importantes défaillances administratives et financières dans la gestion de la Cité des Enfants au Mali. Ce centre emblématique censé offrir un cadre éducatif et récréatif aux enfants maliens est aujourd’hui au cœur d’un rapport qui suscite une vive inquiétude quant à la bonne gouvernance des ressources publiques destinées à l’enfance.
Une institution au cœur de la politique de protection de l’enfant
Bamada.net-Créée en 1999, la Cité des Enfants (CDE) est un Établissement Public national à caractère Scientifique, Technologique ou Culturel, placé sous la tutelle du ministère de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille. Son objectif : contribuer au développement physique, intellectuel et moral de l’enfant malien, notamment à travers l’initiation aux sciences, aux arts et à la citoyenneté.
Mais à en croire le rapport du BVG couvrant les exercices 2022, 2023, 2024 et janvier 2025, l’institution est gangrenée par des dysfonctionnements multiples, en violation des textes en vigueur.
Des irrégularités administratives graves
Le Vérificateur Général note l’absence de renouvellement du Conseil d’Administration et du Comité Culturel et Pédagogique, pourtant indispensables à la gouvernance stratégique de la Cité. Ces instances sont arrivées à expiration depuis respectivement janvier 2024 et août 2021, sans qu’aucune démarche concrète ne soit entreprise pour leur remplacement.
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Autre anomalie : l’absence de barème de tarification des services et équipements marchands, ouvrant la voie à des pratiques opaques où les montants varient selon l’« usager demandeur », parfois jusqu’à la gratuité, sans cadre légal clair.
Comptabilité douteuse et gestion financière hasardeuse
Le rapport du BVG signale une violation flagrante du principe de séparation des fonctions d’ordonnateur et de comptable. Ainsi, la Directrice Générale de la Cité cosigne des chèques avec l’Agent Comptable, en contradiction totale avec la réglementation. Cette pratique met en péril la transparence et le contrôle des finances publiques.
La Cité des Enfants ne tient par ailleurs aucune comptabilité-matières régulière, pourtant obligatoire pour sécuriser son patrimoine mobilier et immobilier. De même, un compte bancaire a été ouvert sans autorisation du ministère des Finances, compromettant la gestion optimale des fonds publics.
Autre manquement non moins grave : les comptes de gestion ne sont pas certifiés par un commissaire aux comptes, comme le prescrit la loi, ce qui jette le doute sur leur fiabilité.
Détournements et manques à gagner pour l’État
Le BVG chiffre les irrégularités financières à plus de 8 millions de FCFA. Parmi les anomalies relevées :
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Des entreprises adjudicataires de marchés publics n’ont pas payé les droits de patente, occasionnant une perte de 7,9 millions FCFA pour l’État.
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D’autres ont produit de faux documents d’enregistrement.
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Enfin, le régisseur de recettes de la Cité n’a pas reversé 1,5 million FCFA au Trésor public, un montant certes remboursé après relance, mais révélateur d’un laxisme de gestion inquiétant.
Des faits transmis à la justice
Face à la gravité des constats, le Vérificateur Général a transmis les dossiers au Procureur de la République du Pôle économique et financier ainsi qu’au Président de la Section des Comptes de la Cour Suprême pour enquêtes et poursuites éventuelles. Des copies ont également été adressées à la Direction générale des Impôts.
Recommandations et perspectives
Le BVG recommande urgemment :
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le renouvellement des organes de gouvernance de la Cité,
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l’instauration d’un barème clair des tarifs,
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la mise en conformité des pratiques comptables,
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la certification des comptes de gestion,
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et une vigilance accrue dans le recouvrement et la traçabilité des recettes.
Le rapport conclut que malgré la mission noble de la Cité des Enfants, « des efforts doivent être fournis pour garantir une gestion conforme aux textes ». Le respect des normes de gestion est essentiel pour assurer un avenir meilleur à la jeunesse malienne.
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MLS
Source: Bamada.net