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ÉDITORIAL – SYNABEF : Un cri d’alarme dans un pays à l’écoute sélective

Depuis ce jeudi matin, les portes closes de nombreuses banques maliennes, les guichets automatiques hors service et les stations-service désertes sont autant de signes visibles d’une crise plus profonde, plus grave, que le simple mot « grève » ne saurait résumer. Le Syndicat National des Banques et Établissements Financiers (SYNABEF) a lancé une grève de 72 heures, mais derrière cet arrêt de travail, c’est un appel à la justice, à la dignité et au respect des droits fondamentaux que les travailleurs lancent à la Nation tout entière.

Car non, cette grève n’est pas une histoire de primes ou d’augmentations salariales. Elle ne parle ni d’avantages ni de confort, mais de libertés bafouées, de collègues arrêtés, de droits piétinés. Et dans un Mali qui se cherche, qui se reconstruit et qui aspire à un nouvel ordre, il est plus que temps de rappeler que le droit syndical est un pilier non négociable de toute démocratie véritable.

Une grève révélatrice d’un malaise institutionnalisé

Bamada.net-À travers les rues calmes du quartier d’affaires de l’ACI 2000, le silence est assourdissant. Les rideaux métalliques des agences bancaires sont tombés, non par simple convenance, mais par résistance. Une résistance pacifique, ordonnée, mais profondément déterminée. Car selon le SYNABEF, les discussions avec les autorités ont échoué, non pas faute de temps ou de complexité, mais faute de volonté.

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Comment expliquer que dans un État de droit, des agents soient interpellés sans que des explications transparentes ne soient fournies au public ou aux syndicats concernés ? Comment tolérer que les travailleurs qui font tourner l’économie, qui traitent chaque jour les dossiers de millions de clients, soient traités comme de simples rouages remplaçables, sans voix ni valeur ?

Entre silence officiel et divisions syndicales

Dans ce contexte, le silence du gouvernement frôle l’indécence. Pas de communiqué fort, pas de prise de parole de nature à apaiser, encore moins d’acte de contrition ou d’écoute sincère. Et comme souvent, dans les moments cruciaux, le pouvoir semble s’enfermer dans sa tour d’ivoire.

Pire encore, la désolidarisation de la CSTM – pourtant pilier du paysage syndical malien – jette une ombre sur la cohésion nécessaire au combat syndical. Ce retrait, perçu comme une trahison par certains travailleurs, affaiblit la portée du mouvement. Mais il met surtout en lumière une fragmentation syndicale préoccupante : quand les forces du travail se divisent, les droits des travailleurs s’érodent.

La BDM et la BOA, ou le choix du service minimum à tout prix ?

Dans ce tumulte, quelques établissements bancaires ont choisi d’ignorer l’appel à la grève. La BDM, au quartier du Fleuve, et la Bank of Africa (BOA), à l’ACI 2000, ont maintenu leur activité comme un jour ordinaire. Certes, cela peut être lu comme un geste de continuité pour le bien des usagers. Mais cela soulève aussi une question éthique : jusqu’où peut-on aller dans la négation d’un combat collectif ?

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Ces établissements agissent-ils par indépendance ou sous pression ? Dans un contexte de répression syndicale alléguée, l’ombre de la peur n’est jamais loin.

Au-delà des banques : une économie à genoux

Cette grève touche aussi le secteur énergétique et les assurances. Des stations-service désertes, des agences d’assurance à l’arrêt, une économie qui tousse… C’est le prix du silence. C’est le prix de l’inaction.

Car en réalité, cette grève n’est pas celle des seuls banquiers. Elle est celle de tout un peuple dont les droits s’effilochent doucement mais sûrement. Un peuple qui regarde, souvent impuissant, les institutions censées le défendre opter pour la politique de l’autruche.

Un moment de vérité pour le Mali

Les 72 heures annoncées pourraient n’être qu’un début. À défaut de réponse claire, la grève pourrait se prolonger. Et avec elle, les frustrations s’amplifier. Le SYNABEF n’est pas en guerre, il est en alerte. Et cette alerte doit être entendue. Car un État qui laisse pourrir les revendications sociales, qui laisse interdire la parole libre dans les lieux de travail, ouvre la voie à un effondrement sournois.

Il ne s’agit pas de céder à toutes les demandes. Il s’agit d’écouter, de dialoguer, de restaurer la confiance. Il s’agit surtout de ne pas trahir les principes fondamentaux de justice sociale et de dignité humaine qui fondent la République.

À ceux qui gouvernent, à ceux qui observent, à ceux qui souffrent en silence : ce mouvement est un signal. Il serait tragique qu’il soit ignoré.

 

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BEH COULIBALY

 

Source: Bamada.net

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