Arrêté le 2 juillet à Bamako pour « atteinte aux institutions » et « trouble à l’ordre public », le membre du Conseil national de transition (CNT) Mamadou Hawa Gassama a adressé le 10 juillet une lettre d’excuses au président ivoirien Alassane Ouattara pour des propos jugés offensants, tout en restant détenu dans l’attente d’une éventuelle audience.
Mamadou Hawa Gassama, membre du Conseil national de transition (CNT) au Mali, arrêté le 2 juillet à Bamako pour « atteinte aux institutions » et « trouble à l’ordre public », a adressé le 10 juillet une lettre d’excuses au président ivoirien Alassane Ouattara, selon son avocat, Mamadou Ismaila Konaté, et une copie de la lettre consultée par plusieurs médias.
Peu connu du grand public en dehors des cercles politiques, Gassama siège depuis 2021 au CNT, l’organe législatif de la transition au Mali. Il a été interpellé à Bamako dans le cadre d’une enquête sur des propos jugés offensants et diffamatoires à l’égard du chef d’État ivoirien et du Comité national de transition.
Dans sa lettre, qualifiée de « personnelle et confidentielle » par son avocat, il écrit : « Je vous exprime mes plus sincères regrets et mes profondes excuses pour les propos que j’ai tenus à votre égard. Bien qu’en réaction à une situation compliquée, je comprends qu’ils ont pu vous offenser. »
Et d’ajouter : « Je n’ai jamais eu l’intention de vous manquer de respect ni d’entacher votre image. »
Son avocat précise, dans un communiqué daté du même jour, que la lettre a été transmise « par les voies idoines » et met en garde contre « les copies circulant dans l’espace public, dont l’authenticité ne peut être garantie ». Il souligne également que son client « reste disposé à prendre toute initiative utile pour réparer le tort causé » et que la Défense poursuit ses démarches « avec sérénité et rigueur ».
Selon des sources judiciaires à Bamako, Gassama est inculpé pour « atteinte aux institutions de la transition » en vertu des articles 34 et 35 du Code pénal malien, et pour « trouble à l’ordre public par voie de communication » en vertu de la loi 2019-056 sur la cybercriminalité. L’enquête porte sur des déclarations publiques qui, selon le parquet, « portent atteinte à l’honneur des institutions maliennes et d’un chef d’État étranger » et sont « de nature à troubler la tranquillité publique ». Il est détenu à la maison d’arrêt centrale d’Abidjan en attendant d’éventuelles poursuites devant le tribunal.
Le gouvernement malien n’a pas officiellement commenté l’affaire. L’Association malienne des droits de l’homme (AMDH) a, de son côté, exprimé sa préoccupation, dans un communiqué du 8 juillet, face à une détention « sans communication transparente » et a exhorté les autorités à garantir les droits de la défense et la présomption d’innocence.
Aucune date d’audience n’a pour l’heure été communiquée. Selon la Défense, son client espère « une issue respectueuse des principes de droit et des intérêts en présence ».
MD/ac/Sf/APA