Personne presque au monde n’a déploré le départ du président Burkinabè Blaise Compaoré. Tantôt pyromane tantôt pompier, celui qui était connu pour avoir allumé et attisé des feux en Afrique de l’Ouest avant d’y jouer à chaque fois le rôle d’un sapeur pompier fut chassé du pouvoir le vendredi 31 octobre 2014 par la rue. Est-ce le début d’un printemps en Afrique de l’Ouest ou celui d’une ère nouvelle pour le continent? Lire notre aperçu.
Arrivé au pouvoir en 1987 par un coup de force, Blaise Compaoré y est reparti par un autre. Celui qui se sert de l’épée périra par la même épée. Facilitateur sans l’être au sens propre et figuré, médiateur sans avoir les qualités ou négociateur sans avoir la morale; Blaise Compaoré incarnait tout sauf le bien. Il a consacré sa vie à satisfaire les intérêts sordides de la France en participant de près ou de loin à la déstabilisation des pays, à la chute des régimes, à la naissance des conflits et à l’équipement des rébellions.
À preuve, c’est son ami Alassane Dramane Ouattara (ADO) le président Ivoirien qui lui a renvoyé l’ascenseur en le trouvant un refuge à Yamoussokro certainement première étape de son exil. Qui n’a pas entendu les échos des soutiens que Blaise aurait apportés aux rebelles de Bouaké appelés plus tard les forces nouvelles par un euphémisme né en France. Ces hommes armés, habillés, chaussés et nourris à partir du territoire Burkinabè ont aidé ADO à venir au pouvoir en enjambant des milliers de cadavres principalement Ivoiriens, Burkinabès, Guinéens, Maliens, Nigériens et Ghanéens.
En Afrique de l’Ouest, les rôles que jouent certains pays sont connus. Le Burkina Faso à cause de Blaise était le point de départ de tout ce qui est mauvais. Le Mali était une vitrine grâce aux orientations politiques du président Alpha Oumar Konaré. Mais il a peu perdu son lustre avec Amadou Toumani Touré (ATT) en devenant une sorte de plaque tournante des narcotrafiquants auquel s’ajoute la recrudescence de la rébellion avec lot d’insécurité. La Guinée Conakry après la mort d’Ahmed Sékou Touré était devenue le pays où tout était permis. Le Sénégal a servi et sert encore de refuge pour les présidents fuyards. Et la Côte d’Ivoire reste une locomotive qui, à elle seule, représente une grande partie de l’économie de la sous région.
Pourquoi Blaise Compaoré ne s’est-il pas rendu au Mali ou au Niger? Parce qu’il a de vieux dossiers à régler avec les présidents de ces pays qui, confrontés à l’insécurité et à l’irrédentisme touareg, désapprouvent l’approche qu’il préconise en vue de résoudre ces épineuses questions. Avec sa voix suave, le vendredi 31 octobre 2014, Sory Ibrahim Kéita (SIK) a commenté sur les antennes de l’Office de radiodiffusion télévision du Mali (ORTM) la fuite de Compaoré. Ce qui en dit long sur le dégoût que nourrissaient chefs d’Etat à l’égard de Blaise. Désormais le prétendu ‘’Facilitateur’’ de la crise au nord du Mali qui se trouve dans une difficulté indescriptible se cherche lui-même. Où se trouvent alors les galapiats principaux responsables des groupes armés qui avaient élu domicile à Ouagadougou?
Les prochains dialogues inter maliens à Alger sont-ils voués à l’échec? Seront-ils reportés à cause de la fin du règne de Blaise désigné par la France comme le facilitateur? Dans quel pays se trouve Djibril Bassolé l’homme à tout faire? En somme, le nouveau gouvernement de la transition qui sera mis en place après la déculottée de Compaoré doit s’essayer à conférer une autre image au Burkina Faso. Ceux qui veulent déstabiliser leurs Etats ne doivent plus être reçus au pays de Moro Naba à commencer par les responsables du Mouvement national de libération de l’azawad (MNLA).
Ce couronnement de la lutte du peuple Burkinabè doit servir de leçon pour ceux qui comptent s’éterniser au pouvoir en tripatouillant la Constitution de leurs pays. En outre, il doit être le déclic d’une ère nouvelle au pays de Thomas Sankara dont la diplomatie a besoin de s’affirmer positivement dans un domaine autre que la résolution des crises et des conflits. Ce pays dispose de cadres valables et intègres qui peuvent occuper de hauts postes au sein des organisations sous régionales, continentales ou internationales.
Le Mali, à ce qu’on sache, a participé par divers moyens aux luttes d’indépendance de nombreux Etats. Il aurait même servi de base-arrière à l’Algérie qui a pu accéder à sa souveraineté. Notre pays a aidé militairement, sa voisine, la Guinée Conakry à déjouer une conspiration de l’occident. Il n’a jamais accepté que de gens, mouvements et groupes armés ou politiques s’installent sur son sol afin de déstabiliser ou de renverser un régime.
On reconnait l’arbre à travers ses fruits. Jusqu’ici tous ceux qui ont tenté de détruire ou de trahir le Mali ont péri. Avec la fin de l’ère Blaise l’Afrique de l’Ouest va enfin pousser un grand ouf puisqu’elle est désormais débarrassée d’un pyromane aux prétentions maniaques. Une page se tourne au Burkina une nouvelle s’ouvre pour notre sous région.
La rédaction