Scène inhabituelle pour les habitants du Mali : en mars dernier et en avril, alors que la saison sèche bat normalement son plein, plusieurs localités du pays ont été arrosées par des pluies parfois intenses.
Des régions de l’intérieur, notamment dans le centre et le nord, ont enregistré des averses beaucoup plus importantes. Un phénomène rare, mais de moins en moins exceptionnel, que les climatologues attribuent directement au dérèglement climatique mondial.
Traditionnellement, au Mali, la saison des pluies, appelée hivernage, s’étend de juin à septembre voir octobre. Les précipitations enregistrées en plein mois de mars et avril, période généralement marquée par la chaleur et la sécheresse, interrogent spécialistes et citoyens.
Selon plusieurs experts en climatologie, ces épisodes pluvieux précoces sont les conséquences directes du réchauffement global, qui modifie les cycles atmosphériques sur toute l’Afrique de l’Ouest.
« Ce que nous observons, ce sont des déplacements et des modifications des systèmes météorologiques habituels », explique le climatologue Abdoul Diané. « La chaleur extrême, combinée à l’évaporation des océans plus importante qu’avant, provoque des instabilités dans les masses d’air. Résultat : des précipitations tombent à des périodes inhabituelles ».
Comment prévenir et s’adapter à ces changements ?
Face à cette réalité, les climatologues appellent à une adaptation urgente des pratiques agricoles et à une meilleure gestion des risques climatiques. Parmi les pistes évoquées : Le développement de cultures plus résilientes et adaptées à la variabilité climatique.
L’amélioration des systèmes de prévision météorologique et d’alerte précoce.
La promotion de l’agroécologie pour renforcer la capacité des sols à absorber les chocs climatiques.
Les spécialistes préviennent : si les émissions de gaz à effet de serre continuent au rythme actuel, ces anomalies climatiques deviendront de plus en plus fréquentes et violentes. Le Mali, pays déjà classé parmi les plus vulnérables au changement climatique, devra se préparer à vivre des saisons de plus en plus imprévisibles.
Ainsi, ce qui n’était autrefois qu’une curiosité météorologique tend aujourd’hui à devenir une composante durable de notre quotidien : un défi de taille pour les politiques publiques, les agriculteurs, et l’ensemble de la population.
Hamidou B. Touré