Malgré la présence des forces étrangères (Barkhane et MINUSMA) sur le sol malien depuis quelques années, très peu d’avancées sont constatées en termes de sécurité par le peuple malien. Ce qui signifie que nous sommes presque toujours à la case de départ dans la résolution de la crise multidimensionnelle et particulièrement de la crise sécuritaire. Pour montrer leur colère par rapport à cette situation, les populations de Sévaré, localité située dans la région de Mopti, au centre du Mali, sont sorties massivement le 9 octobre 2019 pour manifester leur colère et réclamer le départ desdites forces étrangères du Mali.
Depuis belle lurette, ils sont nombreux les Maliens qui doutent de la sincérité des forces étrangères présentes au Mali notamment Barkhane et la Mission Internationale des Nations Unies pour la Stabilisation du Mali (MINUSMA). Les Maliens ne cessent d’émettre une réserve sur l’accord militaire signé entre le Mali et la France dans le cadre de lutte contre le terrorisme au Mali.
Les derniers événements tragiques que le Mali a connus il y a trois semaines ont fait révolter les Maliens contre certains faits. Après le massacre de Boulkessi, faisant une quarantaine de militaires maliens tués, en majorité des bérets rouges, donc, des forces spéciales maliennes, les femmes et enfants desdits soldats tombés sur le champs de l’honneur ont procédé à des barricades à Djikoroni-Para, Koulouba et Kati où se trouvent les différents camps abrités par cette branche de notre armée et cela afin de réclamer toute la vérité sur cette situation. Et, mercredi 09 octobre 2019, c’étaient des populations de la ville de Sévaré qui ont emboîté le pas. Lors de cette manifestation des populations de Sévaré, on pouvait lire sur les banderoles, les tee-shirts, les pancartes, entre autres messages : « Plateforme Fassoko-Sévaré dit qu’il faut que la justice soit rendue » ; « Que l’accord de défense entre le Mali et la France soit révisé » ; « Nous soutenons notre armée, vive l’armée, vive le Mali un et indivisible », etc. Elles accusent la MINUSMA d’être à la base du terrorisme au Mali afin de bénéficier de l’argent de l’ONU.
Désespéré les populations de Mopti ont pris d’assaut le camp de la MINUSMA pour dévaliser les conteneurs installés sur place. Alors le nouveau président de Commission Nationale des droits de l’Homme (CNDH) au Mali M. AguibouBouaréprofite de cette situation pour se faire une aura en invitant les autorités judiciaires à diligenter les procédures appropriées pour identifier les présumes et punir les auteurs de ces actes. Ce nouveau président est-il myope ? On se pose la question, car depuis combien de temps, la bande à Sanogo est emprisonnée sans procès ? Depuis janvier 2016, le journaliste Birama Touré a disparu et des pistes devant mener à la vérité ont été déclarées, sans que rien ne se passe ? Il y a deux mois que l’Assemblée a voté la loi d’entente nationale qui prive les victimes de la crise du nord de tout droit de poursuite des auteurs et magnifie les bourreaux.
La loi d’entente nationale, déjà adoptée par l’Assemblée Nationale et promulguée par le Président de la République, continue d’être décriée par les organisations de défense des droits de l’homme et des associations des victimes de la crise malienne. Les protestations en amont n’ont pas empêché l’adoption de cette loi par l’Assemblée Nationale, encore moins la détermination du Président IBK à la promulguer le plus tôt possible. Pourtant, cette loi, telle qu’elle est aujourd’hui conçue, n’est pas bonne, et même l’expert indépendant de l’ONU pour la crise malienne y a dénoncé un caractère encourageant l’impunité en elle.
Où était le nouveau président de CNDH pour dénoncer de telle loi ? Lorsque l’association des procureurs a adressé une lettre à tous les procureurs des parquets pour ne pas prendre en compte cette loi, où était notre vielle cloche pour sonner l’alerte ? La CNDH ne joue-t-elle pas un rôle important et indispensable dans notre démocratie ? Par conséquent, le président doit éviter de faire le griot politique. Il doit être au-dessus de cela, car il y a d’autres combats plus urgents qui vaillent au Mali.
À bon entendeur salut !
Seydou DIARRA
Source: Le Carréfour