Décidément, la République a décidé de jouer avec le système nerveux du président de la transition. Ce vieux soldat, tiré de sa retraite pour venir conduire les destinées du pays, voit de toutes les couleurs. Il est trimballé dans tous les sens par tantôt son fils de vice-président qui le marque à la culotte, tantôt par les hommes politiques de carrière. Maintenant, ce sont les vieux grincheux de l’UNTM qui ont décidé de lui couper le sommeil. Mais c’est mal le connaître, car il est au-dessus de la mêlée. Hé oui, il n’est ni politique, encore moins politicien, comme il aime à le dire lui-même. Tout ce qu’il demande, c’est qu’on le laisse tranquille pour assurer ses audiences quotidiennes et profiter du confort du salon ‘’Djenné’’ de Koulouba. Après tout, il mérite bien cela. Parce qu’il n’était pas demandeur, lorsque « les mutins démocrates » de Kati sont allés le dénicher dans son champ, dans la périphérie bamakoise. Seigneur, quelle mouche a piqué Les Maliens au point de vouloir hanter le sommeil des « paracheveurs » du 18 août 2020 et leur père bien-aimé.
Notre Bah N’Daw national n’est pas un chef de famille qui intervient rapidement lorsque ses enfants se tiraillent sur le partage du gâteau, il a d’autres chats à fouetter. Oui, il est au dessus de la mêlée, parce que pour lui, on ne doit pas solliciter son intervention pour des banalités autour d’un morceau de gâteau. Seulement, le vieux soldat oublie que cette part pour laquelle politiciens et mutins démocrates s’entredéchirent n’est pas un morceau quelconque. Il s’agit de la partie juteuse du gâteau. C’est ici que la refondation de l’Etat va commencer avec la relecture des textes. Pour cela, les politiques pensent qu’ils sont mieux placés pour connaitre les failles et les insuffisances à corriger, et non des soldats qui sont plutôt attendus au front. Si le président Bah N’Daw ne l’a pas compris et surtout les conséquences qui pourraient en découler au cas où les deux parties ne trouvent pas de compromission rapidement, les petits 16 mois sur les 18 que devrait durer la transition risquent d’être cauchemardesques. Bon, il n’y a aucune inquiétude pour lui ; il est connu pour quelqu’un qui jette facilement l’éponge lorsqu’on veut jouer avec ses nerfs. Si ses fils et les politiques de la rue publique ne s’entendent pas, il aura juste à rendre le tablier et retourner dans son champ.
Le vieux ne voit pas les étincelles de cette bagarre familiale, mais les voisins de la Cedeao ont vu, eux, de la fumée et une situation qui risque de ramener le pays à la case de départ. Ils ont dépêché une mission de toute urgence pour tenter de calmer les ardeurs. Vont-ils parvenir à convaincre les mutins démocrates à lâcher du lest et les politicards de la rue publique d’être moins gourmands.
En attendant, les premiers coups d’éclats ne manqueront de jaillir dans les jours à venir. Il faut craindre que tous les aigris de la rue publique ne rejoignent les politiques pour envahir la place de l’indépendance. Dans ce cas de figure, le pire est à craindre.
Pour sûr, le réveil de Bah N’Daw et ses fils risque d’être cauchemardesque.
Dieu veille !
Hamadoun MAHAMANE
Source: Azalaï Express