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Toute la vérité sur 22 Septembre: comment le Mali a adhéré à l’ONU

60 ans après son éclatement, la Fédération du Mali continue à faire jaser et à alimenter les fantasmes. Toute la vérité a-t-elle été dite à propos? Un fragment de vérité veut qu’après un refus absolu d’accepter la sécession du Sénégal comme un fait accompli, le Président Modibo KEITA expliquera par la suite que la scission du Mali était une conséquence du divorce profond qui existe entre le Sénégal et le Soudan sur les plans économique, politique et social. Le Jeudi 22 septembre 1960, le congrès extraordinaire de l’Union soudanaise a proclamé jeudi que la République soudanaise s’appelait désormais « République du Mali «. Le 26 septembre 1960, pprenant acte que la République soudanaise avait pris le nom de République du Mali, le gouvernement français a décidé de reconnaître cette République comme État indépendant et souverain. Le 28 septembre 1960, le Conseil de sécurité se réunit dans l’après-midi à 15 h. 30 (heure française) pour examiner les demandes d’admission à l’O.N.U. de la République du Mali et de la République du Sénégal. Le 28 septembre 1960, c’est par acclamation que l’Assemblée générale a adopté mercredi après-midi 28 septembre 1960 les résolutions franco-tunisienne et franco-tuniso-sénégalaise en faveur de l’admission du Sénégal et du Mali. Telle est la vérité sur le 22 Septembre telle qu’elle nous a été rapportée. Retour sur l’histoire.

 

26 septembre 1960
Prenant acte que la République soudanaise avait pris le nom de République du Mali, le gouvernement français a décidé de reconnaître cette République comme État indépendant et souverain.

26 août 1960
A propos de la déclaration du président Modibo KEITA, selon laquelle la sortie d’un territoire de la Fédération du Mali est constitutionnellement impossible, Abdoulaye MAIGA, haut représentant du Mali à Paris, a tenu à faire la mise au point suivante : «Les journaux, a-t-il dit en substance, ont pris comme référence dans leurs commentaires un texte de Constitution qui n’est plus en vigueur. Ce texte, adopté au début de l’année 1959 et qui créait la Fédération du Mali au sein de la Communauté, contenait bien des dispositions prévoyant la sortie d’un État membre, à condition qu’elle soit décidée par un vote de l’Assemblée législative confirmé par un référendum’’.
«Or il existe un second texte de Constitution du Mali en tant qu’État indépendant, voté en juin dernier par l’Assemblée fédérale, et qui est seul valable. Les dispositions de l’ancien texte relatives à la sortie d’un territoire de la Fédération en ont disparu sur la proposition même de Léopold Sédar Senghor «, a précisé M. MAIGA.
Selon le haut représentant du Mali à Paris, toute modification de la forme de la Fédération est de la compétence de l’Assemblée fédérale.

25 août 1960
Le chef du gouvernement soudanais, qui s’est confirmé comme un excellent débateur dans ses réponses aux journalistes qui le harcelaient, a montré, malgré une ironie souriante, qu’il restait irréductible sur les positions arrêtées avec ses amis du bureau politique de l’Union soudanaise, qui étaient à ses côtés lorsqu’il prit la parole dans la grande salle du conseil des ministres de Bamako : refus absolu d’accepter la sécession du Sénégal comme un fait accompli, volonté de recourir à tous les moyens quels qu’ils soient pour préserver l’unité du Mali, détermination de régler au Soudan même les problèmes intérieurs urgents avant de répondre positivement à l’offre du général de Gaulle de venir à Paris.
Les dirigeants soudanais ne paraissent même pas exclure le recours à la force pour empêcher la sécession du Sénégal. Interrogé sur la conséquence d’une reconnaissance éventuelle de l’indépendance du Sénégal, le Président Modibo KEITA a répondu: «nous adopterions une attitude analogue à celle des puissances occidentales à l’égard de la Chine communiste. «

25 août 1960
Pas de crise du ravitaillement à Bamako.
Les autorités sont particulièrement irritées par les rumeurs qui courent sur un manque de vivres. En fait, seules les denrées d’importation ont été stockées par une fraction de la population européenne redoutant que la fermeture éventuelle de la frontière entre le Sénégal et le Soudan n’entraîne une raréfaction du sucre et de la farine, des conserves ou des pommes de terre. Mais, contrairement au Sénégal qu’il alimente traditionnellement en produits agricoles, le Soudan peut vivre en autarcie alimentaire. Le tonnage de denrées vivrières qu’il produit annuellement est en effet vingt fois plus élevé que celui du Sénégal pour une population deux fois plus nombreuse. Le déséquilibre entre les cultures d’exportation et les cultures vivrières n’existe pas au Soudan, ce qui constituait d’ailleurs un des éléments de la «complémentarité « économique entre les deux États fédérés.

25 août 1960
Le Président Modibo KEITA, chef du gouvernement soudanais, a tenu jeudi, à Bamako, une conférence de presse, dont on attendait qu’elle clarifie l’attitude du principal protagoniste de la crise du Mali.
Le président Modibo Keita a confirmé sa demande d’intervention des Nations unies – démarche entourée de quelque mystère et dont on déclare n’avoir pas connaissance à l’O.N.U., – renouvelé ses attaques contre certains militaires et gendarmes français et rejeté sur les dirigeants sénégalais toutes les responsabilités de la crise. Il n’a par contre apporté que deux éléments neufs à une attitude déjà fermement prise. C’est d’abord l’indication qu’il ira à Paris «quand l’émotion se sera apaisée au Soudan «. C’est ensuite l’affirmation selon laquelle son pays ne veut plus être un simple «marché» du Sénégal et qu’il cherchera d’autres débouchés. Le président Modibo acte-t-il lui aussi la rupture ?
En tout réalisme, le président Modibo Keita semble sinon prendre son parti de la rupture du moins tirer les premières conséquences et amorcer une «reconversion» du Mali, dont «Bamako est maintenant la capitale», a-t-il souligné.

25 août 1960
Le président Modibo KEITA a tenu jeudi 25 août 1960, en tant que chef du gouvernement fédéral du Mali et président du conseil soudanais, une conférence de presse au cours de laquelle il a notamment souligné que la scission du Mali était une conséquence du divorce profond qui existe entre le Sénégal et le Soudan sur les plans économique, politique et social. Il a notamment reproché à Senghor et à ses amis de ne pas vouloir réformer les structures dans le sens d’un véritable socialisme africain, d’» africaniser « les Blancs alors que le Sénégal a des cadres nantis de toutes les références, cadres qui demeurent inemployés ou sous-employés, et de ne pas chercher de débouchés aux produits maliens en dehors de la zone franc afin de rechercher des devises.
Abordant les problèmes économiques, il a affirmé que dans les semaines à venir la preuve serait faite que la pauvreté du Soudan n’est qu’un mythe. « Jusqu’à ce jour, le Soudan était un marché et le Sénégal un relais. Maintenant nous nous refusons à être seulement un marché et nous chercherons ailleurs un autre relais.»

24 août 1960
Le Sénégal avait proposé dans les dernières heures de la crise la reprise des échanges commerciaux avec le Soudan. Lors de sa conférence de presse du jeudi 25 août 1960, le président Modibo Keïta révèlera que le directeur adjoint du chemin de fer Dakar-Niger était arrivé mercredi 24 août 1960 à Bamako pour étudier le rétablissement de la liaison ferroviaire entre le Sénégal et le Soudan. Le président Modibo Keita a également indiqué qu’il n’envisageait pas la création d’une zone monétaire, «sauf, dit-il, si les événements m’y contraignent «.

25 août 1960
Message aux Nations unies
A propos de l’envol de « Casques bleus « au Mali, le Président Modibo KEITA a souligné lors de sa conférence de presse que : « Il n’y a rien que nous ne puissions envisager pour maintenir l’intégrité territoriale du Mali. « Le leader soudanais a révélé que le message qu’il avait adressé à Dag Hammarskjœld, secrétaire général de l’ONU, avait été transmis par son émetteur personnel, installé chez lui à Dakar, alors qu’il était en résidence surveillée. Ce message avait été répercuté à New-York par Bamako. Il a ajouté qu’il n’avait pas reçu de réponse de l’O.N.U. au sujet de sa demande d’assistance.
Concernant son départ éventuel pour Paris, le président Modibo Keita a affirmé qu’en arrivant à Bamako dans la nuit de lundi 22 août à mardi 23 août 1960 son vœu était de répondre dans les meilleurs délais à l’invitation que lui avait adressée, à Dakar, le général de Gaulle. «Mais, a-t-il dit, la situation intérieure au Soudan exige encore ma présence, d’où le retard apporté à ce projet ».

25 août 1960
A propos de la situation intérieure soudanaise, le président Modibo Keita déclaré : «elle est provoquée par scission du Mali et par l’action d’activistes de l’armée française. J’ai été désagréablement surpris d’apprendre, à mon arrivée, que les gendarmes maliens avaient été désarmés, que le stock de munitions mis à leur disposition avait été déménagé, et que tous les soldats maliens avaient été relevés et remplacés par des militaires français. D’autre part des avions ont survolé en rase-mottes certains villages de la brousse, provoquant une vive émotion dans la population. «

25 août 1960
Le Président Modibo KEITA a déclaré lors de sa conférence de presse que son gouvernement romprait les relations diplomatiques avec tout gouvernement qui reconnaîtrait l’État du Sénégal.
A la question de savoir s’il avait – le 19 août au soir – souligné au haut représentant de la France à Dakar que, aux termes des accords franco-maliens, il avait le droit de réclamer l’intervention des forces de la Communauté, et quelle avait été la réponse du haut représentant, la président du conseil soudanais a déclaré : «Il est resté muet. «
Le président Modibo Keita a conclu : « Le Mali est juridiquement indissoluble. Nous considérons comme éphémère une initiative de quelques dirigeants sénégalais qui ont trahi le serment du 17 janvier 1959. Ce serment, qui est celui des Maliens du Soudan et du Sénégal, le voici : «Pour la Fédération du Mali, pour» l’unité africaine, si je dois accepter l’ultime sacrifice je n’hésiterai pas, je ne reculerai pas, je le « jure. «

25 août 1960
Ahmadou Ahidjo, président de la République du Cameroun, est arrivé jeudi 25 août 1960 à Abidjan, venant de Bamako, afin de s’entretenir avec Houphouët-Boigny de la crise du Mali. Le chef de l’État camerounais devait repartir vendredi pour Yaoundé.

26 août 1960
Selon le secrétariat de Dag Hammarskjœld une communication du président Modibo Keita, président de la Fédération du Mali, a été reçue vendredi matin. On indique toutefois qu’un pays qui n’est pas membre de l’O.N.U. ne peut demander la convocation du Conseil de sécurité que s’il s’agit d’une affaire internationale et s’il accepte par avance les obligations de règlement pacifique prévues par la charte de l’O.N.U. Le secrétaire général n’a donc pas demandé la réunion du Conseil, mais s’est contenté de communiquer « pour information « aux membres du Conseil de sécurité la note du président Modibo Keita.
Voici le texte des télégrammes échangés, ainsi que ceux envoyés par Mamadou Dia.
• MAMADOU DIA (le 20 août) : le Sénégal demande son admission à l’O.N.U.
«Honneur vous informer qu’à l’instigation du président du gouvernement fédéral du Mali et de certains ministres fédéraux véritable complot a été ourdi contre ! Sécurité intérieure de l’État du Sénégal. En conséquence l’Assemblée législative du Sénégal sur initiative gouvernement a voté ce i jour 20 août 1960 loi abrogeant transfert de compétences à Fédération du Mali, déclarant République du Sénégal se retirer de la Fédération du Mali et proclamant indépendance de la République du Sénégal. République du Sénégal demande son admission à l’O.N.U. Vous prie agréer assurance de ma ! Très haute considération.»
• HAMACIRE DOUR (le 20 août) : transmet le premier message de Keita.
Le président du conseil par intérim du Soudan transmettait, le 20 août également, l’appel du président Keita, dont Radio-Moscou avait seul fait état ;
« Honneur vous transmettre citation messages reçus Président Modibo KEITA Dakar. Gouvernement Fédération Mali a décidé état urgence pour faire face à coup de force du gouvernement sénégalais compromettant gravement ordre public et paix du monde. Gouvernement Mali en application accord défense entre République! Française et Fédération du Mali a demandé représentant gouvernement français mettre sa disposition troupes françaises stationnées Dakar pour assurer maintien ordre public et permettre fonctionnement régulier institutions. Mais pas reçu gouvernement français suite favorable. Demande réunion immédiate Conseil de sécurité et assistance immédiate Organisation Nations unies. Colonel SOUMARE, chef état-major général armée Mali, arrêté et séquestré par gouvernement Sénégal. Haute considération. Le Président Modibo KEITA, président gouvernement fédéral Mali, Dakar.
«Ce télégramme arrive Soudan parce que n’a pu vous être transmis de Dakar par suite investissement tous bureaux transmission. «

• MAMADOU DIA (le 23 août) : réitère demande admission du Sénégal à l’O.N.U.
«J’ai l’honneur de vous confirmer par le présent mon télégramme du 20 août et de préciser que, la République du Sénégal ayant accédé le 20 août 1960 à la pleine indépendance et désireuse d’assumer intégralement les nouvelles responsabilités qui lui incombent sur le plan international et d’apporter sa coopération aux activités de la communauté des Nations unies, le gouvernement du Sénégal a donc décidé de solliciter sans tarder l’admission de la République comme membre des Nations unies. Aussi ai-je l’honneur de vous réitérer ici la prière faite au nom de mon gouvernement de bien vouloir, conformément à l’article 4 de la charte, soumettre la candidature de la République du Sénégal aux délibérations du Conseil de sécurité en vue d’obtenir la recommandation nécessaire à son inscription à l’ordre du jour de la prochaine Assemblée générale. Le gouvernement de la République du Sénégal déclare par la présente lettre accepter les obligations que comporte la charte des Nations unies et être en mesure de les remplir. Il s’engage solennellement a s’y conformer en toute loyauté et conscience. «

• «H» A MODIBO KEITA (le 25 août) : nous savons que vous examinez la proposition de pourparlers du président de la République française.
«J’ai l’honneur d’accuser réception du message signé par Harnache Dour en date 20 août que Dour indique comme étant envoyé par vous de Dakar. A titre officieux j’ai informé membres du Conseil de sécurité du fait que ce message a été reçu : avant de les informer de la réception du message, nous avons reçu des renseignements sur l’initiative de pourparlers proposés par le président de la République française, ainsi que votre réponse à cette initiative, indiquant que vous êtes en train de l’examiner. Très haute considération. «

• MODIBO KEITA : renouvelle demande de convocation du Conseil de sécurité (message parvenu le 26 août à l’O.N.U.)
« Honneur vous donner relation des événements survenus Dakar nuit 19 au 20 août. Pour permettre fonctionnement des institutions fédérales menacées investissement par gouvernement sénégalais, gouvernement Mali a décrété état urgence et ordonné colonel SOUMARE protéger chef état-major général armée malienne, immeubles, installations et ministres fédéraux, à exclusion ceux du Sénégal. Colonel SOUMARE mettait en place dispositifs arrêtés, lorsque fut invité avec instance par colonel français Pierre à venir extrême urgence siège gendarmerie. Colonel SOUMARE répondant appel, son collaborateur fut mis en état d’arrestation. Colonels Pierre et FALL tous deux de l’armée malienne, relevèrent soldats maliens et les remplacèrent par gendarmes du gouvernement du Mali et gardes républicains du gouvernement du Sénégal, consignant ainsi chez eux ministres fédéraux soudanais, Boubacar GEYE, ministre fédéral sénégalais, et tous dirigeants soudanais présents Dakar.
«Demande assistance militaire française formulée en application accords militaires franco-maliens reçut aucune suite. Renouvelle ma demande réunion immédiate du Conseil de sécurité et d’assistance militaire Organisation Nations unies. Vous informe que gendarmerie fait partie intégrante armée du Mali et ne dépend nullement des Etats fédéraux. D’autre part capitale Fédération Mali provisoirement fixée Bamako. Haute considération. Le président Modibo Keita, président gouvernement fédéral Mali et gouvernement République soudanaise. «

• MAMADOU DIA le 26 août) : voici la description réelle des événements.
«Faisant référence à mes télégrammes des 20 et 23 août, j’estime utile, en face des relations inexactes des événements que présentent certaines personnes et le président Modibo Keita lui-même, de vous donner ici des précisions sur le déroulement des faits du 18 au 20 août :
« 1°) 18 août : appel aux troupes stationnées en points éloignés de l’intérieur fut fait par le colonel SOUMARE irrégulièrement, à l’insu du ministre de la défense responsable ;
« 2°) 19 août : à 21 h. 30, destitution du ministre fédéral de la défense et de la sécurité par le président Modibo Keita en conseil des ministres restreint, contrairement aux dispositions de la Constitution fédérale, art. 12, quatrième alinéa ;
« 3°) 19 août, même heure, ordre de réquisition générale émis par le président Modibo Keita. Cet acte était illégal parce que contraire à la Constitution fédérale, qui prévoyait que seule la sécurité extérieure était de la compétence de la Fédération ;
« 4°) Déclaration d’état d’urgence et investissement d’immeubles en territoire sénégalais effectué par l’armée malienne sur ordre du président Modibo Keita, avec déploiement d’armes automatiques.
« Cet acte, décidé sans que l’ordre ait été troublé, créa situation de violence qui justifia les plus graves inquiétudes et la réaction du gouvernement du Sénégal A la suite de ces irrégularités et mesures de force, le gouvernement sénégalais a très régulièrement requis la gendarmerie qui était à sa disposition de maintenir l’ordre. Il a arrêté le colonel SOUMARE pour faire échec au coup d’État préparé par le Président Modibo KEITA. Il a réuni l’Assemblée législative de la République qui, à l’unanimité, a décidé le retrait de la Fédération et proclamé l’indépendance du Sénégal, Ces actes, qui étaient de sa compétence, furent librement et, je le répète, unanimement décidés par l’Assemblée et approuvés par le peuple. Depuis ces événements Tordre règne parfaitement sur toute l’étendue du territoire de la République. Les populations sont calmes i et rassurées. Le gouvernement du Sénégal a assuré dans les conditions de sécurité les plus parfaites le retour de Modibo KEITA et des ex-ministres soudanais à Bamako. Cette situation est aisément vérifiable, et mon gouvernement accueillerait volontiers des envoyés de l’O.N.U. qui voudraient s’en assurer de visu. Elle rend ridicules les bruits d’une demande quelconque d’intervention. Au reste, Fédération ayant cessé d’exister du fait du retrait du Sénégal, elle ne saurait accomplir un acte international valable. Je réitère les assurances données par mon gouvernement quant à sa volonté et sa capacité d’assumer toutes les obligations intérieures et internationales d’un État policé prêt à entrer dans le concert des nations. Haute considération. «

29 août 1960
Une nouvelle phase de la crise du Mali s’est ouverte lundi 29 août 1960 avec l’arrivée simultanée à Bamako et à Dakar de deux délégations guinéennes : au Soudan ce sont Keita Fodeba, considéré comme le chef de l’aile gauche du bureau politique du parti démocratique guinéen, et Conte Seydou, ambassadeur de ce pays à Moscou, qui viennent s’entretenir avec le président Modibo Keita ; au Sénégal c’est Camara Damantang, personnalité de tendance plus modérée, qui est l’hôte de Mamadou DIA.
On a relevé que dans sa déclaration de lundi devant l’Assemblée de Bamako, le Président Modibo KEITA – qui semble prendre progressivement son parti d’une rupture durable avec Dakar – a déclaré que dorénavant deux débouchés s’offraient au Soudan, «les ports de Conakry et d’Abidjan «.
Comme Sékou TOURE, entre Dakar et Bamako on voit le président Modibo Keita vouloir tenir la balance égale entre ses deux possibles associés : Côte-d’Ivoire et Guinée. Une mission de la chambre de commerce de Bamako part en tout cas pour Abidjan.

29 août 1960
L’assemblée malienne réunie lundi à Bamako a adopté une résolution spécifiant notamment que les représentants de la Fédération « regrettent vivement :
1°) que le haut représentant de la France au Mali n’ait pu respecter les clauses des accords de coopération en ce qui concerne la défense intérieure du Mali ;
2°) les termes du télégramme du président de Gaulle au président du gouvernement du Mali, laissant croire à l’éclatement du Mali alors que la sécession n’est constitutionnellement pas possible ;
3°) certaines manifestations inamicales des troupes françaises stationnées sur le territoire de la République soudanaise, au lendemain des événements des 19 et 20 août «.
Le Président Modibo KEITA a lu pour sa part une communication dans laquelle il a demandé aux Maliens du Soudan « de se considérer comme mobilisables à tout moment « et a réaffirmé que la République soudanaise ne serait pas le prolongement du marché du Sénégal et qu’elle cherche ailleurs des voies d’accès à la mer. « Les ports de Conakry et d’Abidjan sont tout indiquées «, a-t-il dit. vivement applaudi par l’assemblée.

Soudan-Sénégal : le désavantage des chiffres
Le Soudan, situé à l’intérieur des terres, est moins accessible. Bamako, sa capitale, située à plus de 1 000 kilomètres de la mer, n’est reliée directement par voie ferrée qu’aux seuls ports sénégalais. Les expéditions vers la Guinée se font par le Niger jusqu’à la gare de Kankan, terminus d’un chemin de fer allant vers Conakry. Les exportations sur la Côte-d’Ivoire sont dirigées par la route jusqu’à la gare de Bobo-Dioulasso, en Haute-Volta.
Le Soudan, six fois plus étendu que le Sénégal, a une population plus nombreuse – la différence est de 40 % – mais ne compte que trois habitants au kilomètre carré au lieu de 12.
Le total des comptes courants existant dans les banques à la fin de 1959 s’élevait à 6 milliards 325 millions de francs C.F.A. au Sénégal et à 765 millions au Soudan ; celui des comptes de dépôts à 2 982 millions au Sénégal et à 451 millions au Soudan. L’écart était moins considérable pour les comptes de chèques postaux, dont le total s’élevait à 4 milliards 633 millions au Sénégal et à 3 281 millions de francs C.F.A. au Soudan.
Le Soudan a pourtant, avec l’élevage, une ressource importante. Le cheptel est évalué à 2 900 000 bovins, à 6 900 000 ovins ou caprins, et le chiffre des abattages contrôlés, qui peuvent n’être pas les seuls, paraissent montrer que ces évaluations ne sont pas exagérées. Il existe aussi des cultures vivrières, riz, mil et sorgho. Mais la culture des arachides, qui fournit la principale monnaie d’échange des deux pays, est moins développée au Soudan qu’au Sénégal. La différence est grande : la récolte commercialisée d’arachides pendant la campagne 1958-1959 a été évaluée par l’Institut national de la statistique à 675 123 tonnes pour le Sénégal et à 85 897 tonnes pour le Soudan, soit une proportion de 8 à 1.

Subventions indirectes de la France
On a une idée de l’importance pratique de cette inégalité si l’on sait le rôle joué par les arachides dans les exportations des trois pays contigus : Sénégal, Soudan et Mauritanie. Dans le total de ces exportations, qui en 1958 ont atteint 28 778 millions de francs C.F.A., les produits de l’arachide – arachides décortiquées, huiles et tourteaux – ont été compris pour 25 682 millions de francs C.F.A.
Cette production est vendue, grâce aux avantages consentis par la France, à des prix qui dépassent le plus souvent les prix dits « mondiaux «, et en particulier ceux qui sont offerts aux territoires de l’ancienne Afrique britannique ; les mesures de soutien sont particulièrement nécessaires dans l’éventualité de récoltes pléthoriques. Actuellement, bien que l’écart entre les prix britanniques et les prix français ait été réduit à 15 % environ, on peut calculer que les mesures prises en faveur des producteurs d’arachides correspondent, pour le Sénégal, la Mauritanie et le Niger, à un supplément de recettes de 7 milliards et demi environ d’anciens francs,
D’autres subventions indirectes ont été consenties aux entreprises industrielles établies au Sénégal, et le jeu d’une caisse de péréquation est nécessaire pour permettre au Soudan de vendre sa production de riz aux consommateurs sénégalais à un prix égal au prix du riz d’Indochine.
Ces avantages sont, pour les territoires de la côte occidentale d’Afrique comme pour ceux de l’intérieur, une condition de progrès. Ils ont contribué à un retour de prospérité observé après la petite crise, provenant de l’accumulation de stocks excédentaires, qui a obligé un certain nombre de sociétés, en 1956 et en 1957, à réduire ou à suspendre leurs répartitions. En 1958 et en 1959 la situation s’est redressée, des incorporations de réserves ont été décidées, les dividendes se sont faits plus larges, et cette amélioration, en même temps qu’une optique boursière optimiste, a contribué à un certain redressement des cours. Puis l’évolution de la situation politique a entraîné, depuis le début de 1960, un nouveau fléchissement. Le tableau que l’on trouvera ci-dessous montre que la plupart des valeurs africaines – nous donnons sur chacune, dans une notice, les renseignements essentiels – ont un rendement net particulièrement élevé.

27 août 1960
Évoquant l’éclatement du Mali et les événements d’Afrique. Marius Moutet, sénateur S.F.I.O. de la Drôme, ancien ministre de la France d’outre-mer et ancien sénateur du Soudan, dans une interview au Dauphiné libéré, a notamment déclaré :
« Je vois mal comment, même avec sa haute autorité, le général de Gaulle pourra rétablir un accord solide et durable dans une situation que tant de raisons profondes ou personnelles entraînent vers une scission qui ajoutera aux troubles profonds de l’Afrique, et la fera participer au conflit général Est-Ouest. «

29 août 1960
L’Union soudanaise et le Parlement de Bamako se concertent sur l’éventualité du voyage à Paris du président Modibo Keita. Une véritable mobilisation des masses est en cours au Sénégal.
Tandis que les polémiques se poursuivent entre Dakar et Bamako sur les responsabilités de la rupture et sur le rôle qu’auraient joué les militaires et gendarmes français dans les événements, les deux groupes s’affairent à consolider leur situation. A Bamako deux réunions politiques se déroulent lundi 29 août 1960 : la conférence générale des cadres du parti unique, l’Union soudanaise, et une session de l’Assemblée législative du Soudan. Ce n’est qu’à la suite de ces deux réunions que le président Modibo Keita pourrait décider son départ pour Paris.

28 août 1960
Le président Modibo Keita, président du conseil soudanais, a lancé dimanche soir, 28 août 1960, aux Français et aux « non-Maliens « habitant le Soudan, un appel dans lequel il spécifie notamment :
« Les événements dramatiques de Dakar ont pu vous émouvoir au point de craindre, pour vos personnes et vos biens, des représailles de la population soudanaise. Mais cette émotion, si légitime soit-elle, ne saurait justifier les propos haineux et les actes provocateurs de certains Français de Bamako. En aucun moment, dans les heures les plus graves de la vie politique de notre territoire et de la tension avec les représentants du gouvernement français, le peuple soudanais n’a perdu son calme et sa sérénité, et les règles traditionnelles de l’hospitalité n’ont pas été violées.
Une telle attitude de la part d’un peuple qui a su refouler sa rancœur et son indignation pour montrer un visage digne et serein mérite le respect. C’est la règle d’or des peuples forts, des peuples éduqués, des peuples civilisés. «
Rappelant sa déclaration faite lors de la proclamation de l’indépendance du Mali le 20 juin dernier, le président Modibo Keita dira :» Eh bien !, a conclu le président soudanais, nous entendons rester fidèles à cette ligne de conduite Français et non-Maliens, montrez-vous dignes de cette fraternelle et généreuse hospitalité. Ce sera à l’actif du prestige de votre pays. Merci. «

30 août 1960
L’organe de – l’Union nationale des forces populaires Ar Rai Al Am commente « l’éclatement de l’Union du Mali « : « le président Modibo Keita, écrit-il, a proclamé son appui à la lutte du peuple algérien. On peut dire que le jour n’est pas loin où il reconnaîtra le gouvernement de Ferhat Abbas. « La chose pourrait même évoluer vers un accord entre l’Algérie et le Soudan pour exploiter en commun les richesses du Sahara. C’est ce qui entraînerait un changement radical dans la position de Bamako à l’égard de l’organisation mixte des régions sahariennes. «

1er septembre 1960
Deux membres du gouvernement Soudanais, Ahmadou Aw, ministre fédéral des travaux publics et télécommunications, et le docteur Seydou Badjan KOUYATE, ministre de l’économie rurale, sont arrivés mercredi matin à Paris, porteurs d’un message du président Modibo Keita au général de Gaulle, qui devait être remis à l’Élysée au cours de l’après-midi par MAIGA, haut représentant du Mali en France.
Les deux collaborateurs du leader soudanais ont fait savoir d’autre part que Keita se proposait de se rendre vendredi 2 septembre 1960 à l’invitation du président de la Communauté.
Le Président Modibo KEITA sera reçu vendredi après-midi par le général de Gaulle Les deux membres du gouvernement de Bamako arrivés mercredi à Paris, le docteur KOUYATE et Ahmariou AW, se rendront ensuite aux Nations unies pour y exposer le point de vue des milieux dirigeants soudanais sur la crise du Mali.

2 septembre 1960
Le Président Modibo KEITA, chef du gouvernement de Bamako, arrivé vendredi matin 2 septembre 1960 à Paris, est reçu à 17 heures à l’Élysée par le général de Gaulle et s’entretiendra également de la crise de la Fédération du Mali samedi matin 3 septembre avec Michel Debré.
Le président soudanais, interrogé à sa descente d’avion, a notamment réaffirmé la position de son gouvernement, à savoir que le Mali demeure et que le Soudan « ne s’inclinera pas devant la situation de fait créée par certains de nos amis du Sénégal «, et a ajouté : « … Seul l’avenir permettra de dégager les moyens par lesquels la réalité juridique du Mali deviendra une réalité de fait. «
Mais le président Modibo a laissé entendre qu’il n’était pas opposé à un regroupement des États de l’ex-A.O.F., auquel pourrait participer le Soudan, et a ajouté à propos d’une possible médiation de Houphouët-Boigny : « Le Mali ne rejettera aucune médiation. «

2 septembre 1960
Arrivé à Paris ce vendredi 2 septembre 1960 le Président Modibo KEITA a indiqué à propos des accords franco-maliens, signés le 22 juin 1960, que « s’il y a des difficultés elles ne viendront pas de la Fédération du Mali «. Et, comme on lui demandait si, au cas où l’indépendance du Sénégal serait reconnue par la France, le Soudan resterait dans la Communauté, le chef du gouvernement de Bamako a répondu : «C’est la France qui a présenté la candidature du Mali à l’O.N.U., c’est à la France d’en tirer les conséquences. «
Le Président Modibo KEITA n’a pas manqué d’estimer à sa juste valeur l’impartialité dont n’ont cessé de faire preuve le président de la Communauté et le gouvernement français depuis le début de la crise du Mali. Il n’est pas douteux que l’on avait appréhendé à Bamako la réception à Paris de Mamadou Dia et que l’on avait craint alors une véritable reconnaissance de l’indépendance du Sénégal par la France.

2 septembre 1960
Le Président Modibo KEITA – qui arrive à Paris après avoir sur place assure ses arrières, obtenu les pleins pouvoirs et regroupé son équipe de l’Union soudanaise, où les activistes ne souhaitaient pas son voyage à Paris – va naturellement soutenir que le moindre doute émis sur le caractère permanent et indissoluble du Mali serait une trahison des engagements pris par la France, et il s’appuiera pour le dire sur la Constitution du Mali.

3 septembre 1960
Le Président Modibo KEITA, qui s’était entretenu vendredi après-midi avec le général de Gaulle, a été reçu samedi matin 3 septembre pendant une heure par Michel Debré. Le climat de ces conversations semble favorable et l’on note que les déclarations du chef du gouvernement de Bamako, qui doit prolonger son séjour à Paris jusqu’à lundi soir, pont empreintes de modération et même d’un certain optimisme.
En sortant de l’hôtel Matignon, le leader soudanais s’est déclaré favorablement impressionné par les contacts parisiens.
Interrogé sur la conclusion que l’on peut espérer des conversations qu’ont eues les dirigeants français avec Dia et lui-même. Le président Modibo Keita a répondu qu’il attendait des « suggestions « du président de la Communauté, celui-ci pouvant jouer un rôle efficace d’arbitre. C’est d’ailleurs en ces termes qu’il précisait samedi matin sa pensée à l’un de nos collaborateurs : «Paris peut apporter une large contribution au règlement en cours.»

5 septembre 1960
Le Président Modibo KEITA, arrivé dans la soirée de dimanche 4 septembre 1960 à Tanger, a été reçu en audience par Mohammed V en présence du prince héritier Moulay Hassan et de Driss M’Hammedi et M’Barek Bekkaï, ministres des affaires étrangères et de l’intérieur. Le chef du gouvernement soudanais a quitté Tanger lundi 5 septembre 1960 pour Bamako, d’où il se rendra à Accra, afin de s’y entretenir avec Nkrumah. Avant son départ. Le président Modibo Keita a eu un bref entretien avec le Dr Mostefaï, représentant du G.P.R.A. au Maroc.

5 septembre 1960
Léopold Sédar Senghor a été élu lundi matin président de la République du Sénégal à l’unanimité des 118 votants.
Aux termes de la Constitution, le président de la République du Sénégal, élu pour sept ans, préside le conseil des ministres, nomme les membres de la Cour suprême, les ambassadeurs, les envoyés extraordinaires, les procureurs généraux, les officiers supérieurs et les généraux, ainsi que les hauts fonctionnaires de la République.

5 septembre 1960
Léopold Sedar Senghor, élu le lundi 5 septembre 1960 président de la République sénégalaise par l’Assemblée de Dakar, a reçu jeudi du général de Gaulle, président de la Communauté, le télégramme suivant : « Je vous adresse, monsieur le président, mes bien vives et sincères félicitations à l’occasion de votre élection à la présidence de la République du Sénégal. Cet événement me parait être le meilleur gage des amicales et fécondes relations du Sénégal et de la France au sein de notre Communauté. «
Ce texte, et notamment la formule qui a trait aux « amicales et fécondes relations du Sénégal et de la France au sein de la Communauté «, semble impliquer une reconnaissance de fait de la République dont Senghor vient d’être élu président.
La question se pose d’autant plus que cette initiative avait été précédée de la déclaration faite au cours de la conférence de presse du 5 septembre par le général de Gaulle sur le droit du Sénégal à disposer de lui-même et sur l’évidence de la dislocation du Mali.
Rappelons aussi que dans un message remis à l’Élysée le 2 août le Président Modibo KEITA, chef du gouvernement soudanais, mettait Paris en garde contre toute «mesure pouvant être interprétée comme une reconnaissance de la sécession du Sénégal « ; il assurait que cette reconnaissance aurait «les plus graves conséquences sur le plan international». Aussi bien le gouvernement français avait-il observé serve et circonspection lors de la visite à Paris de Mamadou DIA, se gardant de tout ce qui pouvait apparaître comme une reconnaissance du régime de Dakar, provoquant de ce fait quelque déception chez les amis de Senghor.
Dix jours plus tard les entretiens que le Président Modibo KEITA avait à Paris n’avaient rien apporté de positif, en dépit de déclarations optimistes ou apaisantes de part et d’autre. Si la conversation avec le président de la Communauté n’avait pas débordé le cadre des idées générales, l’entretien de Keita et de Michel Debré semble avoir cristallisé les divergences de vues et persuadé le visiteur que les dirigeants français se résignaient à l’éclatement de la Fédération.
Les propos tenus depuis par le Président Modibo KEITA, la visite qu’il effectue au Ghana, les démarches qu’il a entreprises auprès des Nation» unies semblent avoir fait perdre aux dirigeants français l’espoir d’un règlement proche et amiable entre Sénégalais et Soudanais.

6 septembre 1960
« Dans les jours à venir il faudra que le peuple du Soudan prenne une décision extrêmement importante «, a déclaré à la presse le président Modibo Keita à son arrivée à Bamako.
Mais le chef du gouvernement n’a pas précisé davantage sa pensée.
Interrogé sur les déclarations du général de Gaulle à propos du Mali dans sa conférence de presse de l’Élysée, le Président Modibo KEITA a répondu qu’il devait prendre d’abord contact avec ses amis, avec lesquels il examinera ces questions.

7 septembre 1960
Le Président Modibo KEITA, chef du gouvernement de Bamako, se rend mercredi à Accra, où il s’entretient avec Kwamé Nkrumah, président de la République du Ghana des conséquences de la crise du Mali et des solutions qui peuvent lui être données.
Mais avant d’être reçu par le dirigeant ghanéen le président Keita avait fait escale à Abidjan, où Houphouët-Boigny a tenu à converser avec son compagnon du R.D.A. Aucune déclaration n’a été faite après cet entretien, qui sera suivi d’un second après le séjour du leader soudanais à Accra.

7 septembre 1960
Léopold Senghor, président de la République du Sénégal, a adressé mardi soir au peuple sénégalais un message dans lequel il se déclare favorable à un regroupement des anciens États de l’A.-O.F.
«On parle de médiation, a-t-il dit, de conciliation, d’association entre le Sénégal et le Soudan. J’en ai parlé deux jours seulement après le coup d’État manqué contre le Sénégal. Nul plus que moi n’a souligné les liens qui nous unissent au peuple frère de l’autre côté de la Falémé. Nous avons un port, un chemin de ter, une université qui devraient nous être communs. Avec le concours du président de la Communauté ou d’un frère aîné, un chef d’État africain par exemple, nous sommes prêts à causer pour élaborer une association souple, mais à une seule condition, c’est que l’indépendance du Sénégal soit d’abord constatée et garantie ».
Il faut, profiter de l’occasion, a poursuivi Senghor, pour préparer un plus vaste regroupement où entreront tous les États de l’ancienne A.-O.F., y compris la Guinée, mais toujours sur la base de l’indépendance de chaque État. L’idée de la fédération n’est pas encore mûre dans l’ancienne A.-O.F. Les micro-nationalismes ne sont pas encore transcendés. «
Le Président de la République du Sénégal estime que ce premier pas vers un regroupement pourrait aboutir un jour aux États-Unis d’Afrique, ce qui n’empêcherait pas l’appartenance de chacun de ces États à la Communauté ou au Commonwealth.

7 septembre 1960
À propos des événements qui amenèrent le Sénégal à se retirer de la Fédération du Mali, le chef du gouvernement sénégalais a déclaré mercredi 7 septembre 1960 :
«Nous sommes prêts à renouer le dialogue avec le Soudan sur des bases de coopération économiques et techniques très larges. Nous comprenons difficilement l’attitude soudanaise qui consista à rompre avec nous toutes relations économiques et financières. Cela va à rencontre précisément des impératifs communs de réalisation d’une économie de zone ouest-africaine. Nous espérons qu’il s’agit là d’un geste de mauvaise humeur et que le bon sens l’emportera. Mais si cette situation se prolongeait nous serions cependant amenés à prendre les mesures qu’elle commande’’.

9 septembre 1960
Le Président Modibo KEITA a regagné vendredi Bamako après ses entretiens avec Nkrumah à Accra et une escale à Abidjan, où il a rencontré de nouveau Houphouët-Boigny. Le communiqué commun publié à l’issue des entretiens Keita-Nkrumah spécifie que l’intégrité du Mali est reconnue de part et d’autre, et que le gouvernement d’Accra soutiendra son admission à l’O.N.U. Ce communiqué annonce également l’ouverture de négociations pour l’octroi de prêts ghanéens au Soudan, réaffirme la position des deux leaders en faveur de l’intégrité territoriale du Congo, de l’aide aux nationalistes algériens, et contre les essais nucléaires français au Sahara.

10 septembre 1960
On indique enfin à Bamako que le bureau politique du parti de l’Union soudanaise (R.D.A.) a décidé la réunion d’un congrès extraordinaire qui se tiendra au collège technique de Bamako les 17 et 18 septembre.

11 septembre 1960
Le cabinet de Michel Debré a publié dimanche 11 septembre 1960 le communiqué suivant, motivant la reconnaissance de la République indépendante du Sénégal et la rupture du Mali: « Après le référendum de septembre 1958, la République française a reconnu la République du Sénégal et la République soudanaise.
En 1959 les gouvernements des deux républiques ont exprimé leur volonté de se réunir en une Fédération, et d’accéder sous cette forme à la souveraineté internationale.
La Fiance a acquiescé à ce désir.
En août 1960, pour des raisons que la France n’a pas à juger, la République du Sénégal a manifesté sa volonté de modifier la structure de la Fédération du Mali et s’est proclamée État indépendant.
Les efforts tentés depuis cette décision pour obtenir un rapprochement des deux États et leur association au sein du Mali, sur une base sans doute nouvelle, n’ont pas abouti. Une situation de fait existe donc, dont la France doit tenir compte.
« C’est pourquoi, tout en souhaitant le nécessaire rapprochement entre le Sénégal et le Soudan, et en réaffirmant sa volonté d’aider au libre regroupement des États africains, le gouvernement de la République a pris acte de l’indépendance de la République du Sénégal et a décidé de recommander son admission à l’Organisation des nations unies. «

11 septembre 1960
Un communiqué publié dimanche 11 septembre par le cabinet du premier ministre et la remise des lettres de créance de Hettier de Boislambert, précédemment accrédité auprès du Mali, à Senghor, président de la République du Sénégal, ont rendu officielles la reconnaissance de l’indépendance sénégalaise par la France et la prise de position du gouvernement en faveur de l’admission du nouvel État aux Nations unies dès la prochaine session.
La nouvelle, annoncée dimanche soir par Radio-Mali, a été accueillie avec calme à Bamako. La radio a diffusé ce bref appel du président Modibo Keita aux Maliens : « Depuis le 19 août vous avez su dominer votre indignation. Vous avez su conserver votre calme. Cette attitude, qui témoigne de votre force et de votre conviction, en a imposé au monde entier. «
Le Président Modibo KEITA ajoute que le peuple soudanais « jugerait les 17 et 18 septembre prochains». C’est au cours de ces deux journées que doit se tenir à Bamako le congrès extraordinaire du parti de l’Union soudanaise (apparenté au R.D.A.).

12 septembre 1960
Radio-Mali a annoncé que par un décret du 12 septembre l’état de siège est appliqué à tout le territoire du Soudan à partir de lundi. L’état d’urgence existe depuis le 30 août.
Au sujet de cette mesure on déclare dans les milieux autorisés qu’il s’agit d’une précaution «en vue d’une manifestation d’indignation éventuelle à la suite de la reconnaissance de la République du Sénégal par la France «.

12 septembre 1960
Il y a une équivoque dans la position de Hettier de Boislambert : celui-ci était accrédité auprès du gouvernement fédéral du Mali, il est aujourd’hui ambassadeur de la France auprès de la République du Sénégal. Le gouvernement fédéral du Mali a été informé dimanche à midi de la reconnaissance de la République du Sénégal par la France, mais pas de l’accréditation de Hettier de Boislambert comme ambassadeur à Dakar.

19 septembre 1960
Le congrès extraordinaire de l’Union soudanaise, qui devait tenir ses assises samedi dernier à Bamako, a été reporté au jeudi 22 septembre.
De même, la session extraordinaire de l’Assemblée soudanaise, qui devait s’ouvrir samedi soir, a été reportée à une date ultérieure.
D’autre part, Doudou GUEYE, représentant fédéral et secrétaire administratif du parti de la Fédération africaine, est arrivée à Bamako.
Enfin la présidence du conseil de la Fédération du Mali vient de publier une ordonnance aux termes de laquelle est créé un office soudanais des changes appelé notamment à contrôler tous les règlements financiers effectués entre le territoire de la République soudanaise et ceux de tous les autres États membres ou non de la zone franc.

20 septembre 1960
Un accord est intervenu entre la République française et la République soudanaise pour le regroupement des forces terrestres françaises stationnées à Gao, Tombouctou, Sevare, Ségou, Nioro et Kayes sur la base de Kati, située à 15 kilomètres à l’est de Bamako.
Ce mouvement est conforme aux accords de coopération franco-maliens signés en juin dernier à Paris. Ces accords prévoyaient notamment le maintien de la base terrestre française de Kati et celui des trois bases aériennes de Bamako, Tessalit et Gao.
Aux termes de la décision franco-malienne, les diverses garnisons françaises terrestres devaient avoir réintégré la base de Kati au 1er octobre 1960. À cette même date, et selon la même décision, l’état-major de la brigade stationnée à Bamako et placée sous le commandement du général Claude Charles sera dissous. Les effectifs fiançais stationnés au Soudan n’étant pas officiellement connus, il n’est pas possible encore de connaître le chiffre total des troupes devant faire mouvement. On sait seulement, de source informée, qu’il est relativement peu important.
On apprend dans les milieux officiels que le gouvernement du Mali vient de demander le détachement, en qualité de conseillers techniques auprès des forces maliennes, de trente officiers et sous-officiers français, et qu’une demande similaire sera faite dans les prochains jours en ce qui concerne des cadres des armes spécialisées.
Concernant la gendarmerie, dont le commandant de groupement, le lieutenant-colonel Marcel Auriol, et ses officiers ont quitté Bamako, on croit savoir que, là aussi, le gouvernement fédéral envisage de faire appel à un certain nombre d’entre ses membres comme conseillers techniques.

20 septembre 1960
Réuni mardi à Dakar sous la présidence de Léopold Sédar Senghor, le bureau de l’Union progressiste sénégalaise a prononcé l’exclusion de Doudou GUEYE, Boubacar GUEYE et Patrice DIOUF.
Doudou GUEYE, qui vient de rejoindre Bamako, était représentant à l’Assemblée générale du Mali au titre de la délégation sénégalaise. Il assumait en outre les fonctions de secrétaire administratif du parti de la Fédération africaine.
Boubacar Gueye était ministre de la justice dans le gouvernement fédéral du Mali. Il fut le seul des quatre ministres fédéraux sénégalais à avoir assisté au conseil des ministres du gouvernement fédéral présidé par le président Modibo KEITA à Dakar le 19 août dans la soirée, qui devait amener la réaction du Sénégal et son retrait de la Fédération du Mali.
Enfin Patrice Diouf était directeur du cabinet du président de l’Assemblée nationale du Sénégal, Lamine GUEYE.

Jeudi 22 septembre 1960
Le congrès extraordinaire de l’Union soudanaise a proclamé jeudi que la République soudanaise s’appelait désormais « République du Mali «, et qu’elle se proclamait libre de tous engagements et liens politiques à l’égard de la France. Debout et par acclamation les congressistes ont constaté que la Fédération du Mali n’existait plus en tant qu’entité territoriale. Le président Modibo Keita a d’autre part annoncé l’instauration d’une économie socialiste planifiée, mais qui n’entraverait par les activités du secteur privé.
La proposition adoptée précise que la « République du Mali « est libre de tous engagements et de liens politiques vis-à-vis de la France, comme le sont la Haute-Volta, la Côte-d’Ivoire, le Niger et le Dahomey.
« C’est la conséquence logique, affirme ce texte, de la caducité des accords franco-maliens que la France a délibérément violés en reconnaissant la République du Sénégal comme État indépendant.»
Déçus sur le plan politique par l’attitude de Sékou TOURE, qui comme Houphouët-Boigny s’est refusé à prendre parti pour l’un ou l’autre des protagonistes de la crise malienne, les responsables Soudanais n’ont pas riposté immédiatement à la reconnaissance de la République du Sénégal par la France, geste déjà imité par une douzaine d’États.
Us ignoraient en effet le nombre et la force des appuis africains sur lesquels ils pouvaient compter. C’est dans ces perspectives que la visite de Houphouët-Boigny dans la capitale soudanaise, annoncée depuis plusieurs jours déjà, peut conduire à un compromis honorable dont la reconnaissance de la disparition de l’entité territoriale de la Fédération du Mali constitue l’amorce.

Le poids des difficultés économiques
Les difficultés rencontrées à Bamako pour assurer un approvisionnement normal du marché soudanais permettent d’envisager des perspectives d’accord économique entre les deux anciens partenaires. En effet, avant l’éclatement du Mali, le trafic mensuel entre le Sénégal et le Soudan portait sur 16 000 tonnes de marchandises de Dakar vers Bamako, et sur 8 000 tonnes de produits divers – essentiellement vivriers – de Bamako vers Dakar. L’essence, dont le prix de vente vient d’être substantiellement relevé, risque de manquer au Soudan. Le chemin de fer Dakar-Niger restant fermé au trafic, un transfert de wagons-citernes est envisagé sur l’Abidjan-Niger.
D’autre part, à partir de janvier prochain 50 000 tonnes d’arachides soudanaises devront être évacuées par l’Abidjan-Niger, qui ne dispose pas du matériel spécialisé nécessaire. Enfin, les commerçants dioulas sont de plus en plus nombreux à se plaindre de l’arrêt des échanges avec le Sénégal.
Ainsi, malgré l’incertitude qui pèse sur l’avenir des rapports franco-soudanais, il existe des éléments favorables à la reprise du dialogue entre Bamako et Dakar. Certains responsables politiques soudanais, dont HAIDARA Mahamane Alassane, Président de l’Assemblée, Jean-Marie KONE, vice-président du gouvernement, estiment indispensable d’éviter une rupture. Sans doute le Président Modibo KEITA lui-même s’apprête-t-il à défendre des thèses analogues, mais la tendance intransigeante, animée au sein du bureau politique par Madeira KEITA, reste aussi réservée à l’égard du gouvernement sénégalais qu’elle s’est montrée peu conciliante à l’égard du gouvernement français.

22 septembre 1960
Le Président Modibo KEITA ouvre la voie à une reprise du dialogue avec ses anciens partenaires sénégalais. En effet, en reconnaissant le fait accompli que constitue l’éclatement de la Fédération du Mali, il se rallie à une thèse défendue à Dakar depuis plusieurs semaines. D’autre part, l’adoption du nom de « République du Mali «par la République soudanaise se fait en parfait accord avec les dirigeants sénégalais qui consentent à ce « sacrifice d’amour-propre «.

22 septembre 1960
L’Assemblée soudanaise, convoquée en session extraordinaire, a officiellement entériné les motions du Congrès de l’Union soudanaise, s’employant à renforcer l’indépendance. La totalité des compétences jusque-là détenues par la Communauté ont été transférées au gouvernement malien, et les prérogatives du chef de l’État malien ont été confiées au Président Modibo KEITA.
La situation étant ainsi clarifiée, rien ne s’oppose plus à l’admission de la République soudanaise à l’O.N.U. sous le nom de Mali. Le gouvernement français a d’ailleurs l’intention de parrainer cette candidature auprès de l’Assemblée générale, en même temps que celle de la République du Sénégal.

22 septembre 1960
La décision prise à Bamako de dégager la République du Mali de tout lien politique et de tout engagement envers la France n’implique pas de rupture totale. L’attitude adoptée est analogue à celle des dirigeants ivoiriens et de leurs amis du Conseil de l’Entente.
Le Président Modibo KEITA ne pouvait évidemment pas défendre des positions se situant en deçà de celles qui avaient été adoptées il y a trois mois par Houphouët-Boigny. D’autre part, dans l’atmosphère enfiévrée qui règne à Bamako depuis un mois le leader soudanais ne pouvait pas manquer, ne fût-ce que par concession vis-à-vis des éléments extrémistes de son parti, de se montrer très ferme dans ses propos.
Mais, pour continuer à bénéficier de l’assistance technique française, les pères fondateurs du Mali nouveau veilleront à ne pas rompre avec Paris. Ayant des problèmes pratiques à résoudre, ne souhaitant pas adopter une ligne de-conduite guinéenne, dont ils ont mesuré les conséquences, ils se rallieront à la formule du statu quo. Tout au plus invoqueront-ils la caducité des accords lorsque leur application leur sera défavorable…
Un fait est significatif : au moment même où s’opère le regroupement sur la base de Kati des forces françaises stationnées sur le territoire de la République du Mali ceux qui ont proclamé la République demandent des instructeurs militaires français.

23 septembre 1960
Le Président Modibo KEITA a adressé un télégramme au général de Gaulle pour l’informer des décisions prises par le gouvernement de la République du Mali.
Les observateurs présents à Bamako ont remarqué à l’issue du congrès de l’Union soudanaise que les motions qui demandaient la rupture des relations diplomatiques avec la France et l’évacuation des bases militaires cédées à la France n’ont pas été retenues, à l’initiative de Jean-Marie KONE, vice-président du gouvernement.
L’attention s’est également portée sur un passage du discours de Idrissa DIARRA, dans lequel le secrétaire politique de l’Union soudanaise se déclarait «douloureusement peiné en constatant que certains dirigeants africains acceptent délibérément de se faire les auxiliaires de la division en Afrique, et, nous prêtant des sympathies pour telle ou telle idéologie, faisaient exprès de confondre un certain dirigisme économique avec le communisme».

26 septembre 1960
Un communiqué commun publié à l’issue des entretiens entre Houphouët-Boigny et Modibo KEITA déclare que les responsables des Républiques de Côte-d’Ivoire et du Mali ont décidé de procéder à des rencontres le plus fréquentes possible en vue d’une coopération plus étroite, en particulier dans le domaine économique et social.
«Conscientes, ajoute le communiqué, de la nécessité absolue de mettre l’Afrique à l’abri des compétitions qui ne peuvent que contrarier son évolution et le mieux-être de ses populations, les deux Républiques sont convenues de tout mettre en œuvre pour que la paix soit l’impératif premier de leur action politique et qu’une solidarité effective sur la base de l’égalité s’établisse entre tous les États africains. «

26 septembre 1960
Léopold Senghor, président de la République du Sénégal, a écrit au président Houphouët – Boigny pour lui demander de proposer une conférence de la Table ronde en vue du regroupement de toutes les nations d’Afrique occidentale d’expression française, y compris la Mauritanie et la Guinée.
D’autre part le président du conseil du Sénégal, Mamadou Dia, a adressé une lettre au président du gouvernement de la République du Mali pour lui faire part du « très vif désir que le gouvernement du Sénégal témoigne de reprendre le dialogue avec le gouvernement du Mali en vue de normaliser les relations communes, notamment dans le domaine économique et financier».

26 septembre 1960
Prenant acte que la République soudanaise avait pris le nom de République du Mali, le gouvernement français a décidé de reconnaître cette République comme État indépendant et souverain, annonce-t-on au secrétariat d’État chargé des relations avec les États de la Communauté.
Cette reconnaissance a été notifiée au président Modibo Keita par Wybaux, consul général de France à Bamako, lequel, en attendant que soit nommé dans cette ville un agent accrédité de chef d’État à chef d’État, ce qui exige une délibération du conseil des ministres, a été désigné en qualité de chargé d’affaires.

26 septembre 1960
À la séance du Conseil de sécurité des Nations unies, convoqué pour aujourd’hui 26 septembre, la France a pris ses dispositions pour co-parrainer et pour appuyer la candidature de la République du Sénégal et de la République du Mali comme elle l’a fait pour les candidatures des États africains et malgache qui ont accédé à l’indépendance en accord avec elle.
D’autre part que les États-Unis et l’Allemagne fédérale ont reconnu de leur côté samedi les Républiques du Sénégal et du Mali.
Enfin, les États membres du Conseil de l’Entente – Dahomey, Haute-Volta, Niger et Côte-d’Ivoire – ont reconnu la République du Sénégal simultanément, tandis que la République du Congo (Brazzaville) reconnaissait dimanche 25 septembre les deux Républiques du Sénégal et du Mali, et la Suisse lundi cette dernière.

Mardi 27 septembre 1960
A son retour de Bamako, Houphouët-Boigny a évoqué à l’aérodrome d’Abidjan, en des termes extrêmement chaleureux, sa rencontre avec les responsables de la République du Mali. Le président du R.D.A. a notamment affirmé :
« …Nous revenons de Bamako réconfortés par tout ce que nous avons vu par tout ce que nous avons entendu. C’est vous dire que les entretiens que nous avons eus avec les dirigeants de la République du Mali se sont déroulés dans une ambiance de franche cordialité, de réelle amitié, et pour tout dire de fraternité.
Nous avons foi dans l’avenir radieux de la République du Mali ; nous avons confiance dans ses dirigeants, et notamment dans celui que nous ne considérons pas seulement comme un compagnon de lutte, un frère que nous avons retrouvé avec joie et fierté, mais qui est de plies, vous le savez tous, le disciple écouté de notre grand et sage Mamadou Konaté…»
Et de conclure :
« …Nous demandons au peuple de la Côte-d’Ivoire de tendre une main fraternelle au peuple de la République du Mali pour qu’ensemble, fraternellement unis, ils puissent parcourir ce long chemin semé d’obstacles qui doit nous mener à l’émancipation réelle de nos deux peuples dans l’amitié, la paix, la liberté et la fraternité. «

28 septembre 1960
La mission du Mali en France a publié un communiqué dans lequel elle déclare que « le gouvernement de la République du Mali a été amené à prendre des mesures conservatoires en matière de règlements financiers extérieurs à la suite d’opérations anormales de transfert de fends qui se sont produites ces jours derniers et de l’atmosphère injustifiée de spéculation que certains tentent de créer.
Les mesures prises par le gouvernement du Mali, précise le communiqué, n’ont aucun caractère discriminatoire et sont strictement techniques… «

28 septembre 1960
Le Conseil de sécurité se réunit cet après-midi à 15 h. 30 (heure française) pour examiner les demandes d’admission à l’O.N.U. de la République du Mali et de la République du Sénégal.
On se rappelle que la semaine dernière l’Assemblée générale avait décidé de surseoir à leur admission, malgré la recommandation favorable du Conseil de sécurité, en raison de la difficulté juridique créée par la rupture de la Fédération du Mali.
Il est probable que les candidatures du Mali et du Sénégal seront maintenant rapidement approuvées par l’Assemblée générale.

28 septembre 1960
C’est par acclamation que l’Assemblée générale a adopté mercredi après-midi 28 septembre 1960 les résolutions franco-tunisienne et franco-tuniso-cingalaise en faveur de l’admission du Sénégal et du Mali.
Armand Bérard (France) rappelle que le 20 septembre dernier Couve de Murville « avait exprimé le regret de ne pouvoir saluer les Républiques du Sénégal et du Soudan en même temps que les onze autres États qui, longtemps liés à la France, et devenus pleinement indépendants, venaient d’être admis à l’O.N.U. «, et émis le souhait que les circonstances permettraient bientôt leur admission. «Le vœu alors formulé s’est heureusement réalisé «, dit Bérard.
Apportant à l’Assemblée «le témoignage d’une longue et amicale coopération avec les populations de ces deux États «, le délégué français déclare que les Républiques du Sénégal et du Mali sont deux États profondément démocratiques, dont les populations ont été habituées à la vie politique, et dont les dirigeants ont manifesté leur expérience.
Bérard adresse aux représentants des deux Républiques les félicitations les plus chaleureuses de la délégation française, ainsi que les vœux de bonheur, de prospérité et de succès que le gouvernement et le peuple français forment pour leurs pays.

Mongi Slim (Tunisie), saluant l’entrée du Mali et du Sénégal à l’O.N.U., se déclare convaincu que les deux nouveaux membres africains auront à cœur de manifester leur solidarité envers les pays africains «qui s’efforcent encore avec de douloureux sacrifices d’arracher leur liberté et leur indépendance à une domination obstinée «. Mongi Slim a souligné d’autre part que les deux Républiques ne manqueront pas d’apporter leur contribution au prestige et à l’autorité des Nations unies à un moment où la tension internationale s’accroît au point de risquer de porter atteinte à l’Organisation internationale.

Les vœux du Conseil de l’Entente
Issofou Djermakoye, parlant au nom du Conseil de l’Entente (Dahomey, Haute-Volta, Niger et Côte-d’IvoIre), déclare notamment que la sagesse grâce à laquelle la rupture de la Fédération du Mali n’a pas donné naissance à un autre drame affectant toute l’Afrique devrait être un exemple : «Puisse cette sagesse inspirer le règlement des conflits d’abord par la recherche sur place d’une solution pacifique sans intervention extérieure, dont le caractère spectaculaire, à défaut d’une connaissance de la psychologie africaine, et malgré toutes les bonnes volontés, risque d’aggraver la situation. «

Quaison-Sackay (Ghana) fait remarquer que l’entrée du Mali et du Sénégal se produit à une date – le 28 septembre – qui est le deuxième anniversaire de la décision de la Guinée d’exiger son indépendance immédiate. C’est une ironie de l’histoire, estime le délégué ghanéen, en soulignant qu’à l’époque les dirigeants français avaient déclaré que la décision guinéenne était un «suicide «. Quaison-Sackay estime que l’admission du Mali et du Sénégal aidera à éliminer d’Afrique tous les vestiges du colonialisme et à préserver le continent africain des antagonismes Est-Ouest.

Doudou THIAM, ministre des affaires étrangères du Sénégal, déclare ensuite que son pays sera à la hauteur des responsabilités nouvelles qui lui incombent. Il rend un vibrant hommage à l’action de la France en Afrique noire, œuvre derrière laquelle se profilaient, dit-il, la lucidité et la hauteur de vues du général de Gaulle. Il ne faut pas entrer clans l’avenir à reculons, dit encore le ministre sénégalais, «il faut y entrer dans la conscience de l’indépendance et non pas avec l’obsession du fait colonialiste «.

MAMADOU AW (Mali) : la guerre d’Algérie est une raison suffisante pour la rupture entre la France et les États africains.
C’est alors que Mamadou AW, chef de la délégation du Mali, après avoir rendu hommage à deux de ses parrains. Ceylan et la Tunisie, récusa a posteriori avec une grande violence de termes le parrainage de la France. Ce parrainage, dit-il, est un « acte contre nature «. «Nous tenons à le dénoncer solennellement à cette tribune «.
Le délégué du Mali ajoute : «Nous tenons à dénoncer les manœuvres scandaleuses qui se sont déroulées dans les couloirs de l’Assemblée pour faire imposer la France comme parrain de notre pays. Et la France a voulu nous parrainer malgré une mise en garde formelle de notre pays. « Mamadou AW a stigmatisé à ce propos la campagne orchestrée contre le Mali par la presse parisienne.
«Notre position à l’égard de la question algérienne est une cause directe de l’éclatement de la Fédération du Mali «. déclare Aw, se prononçant pour l’indépendance de l’Algérie, et ajoutant que cette position est celle de tous les États africains dans leur conscience.
Il déclare encore que « les sacrifices des patriotes algériens, après les sacrifices des patriotes vietnamiens, sont à l’origine du processus de décolonisation auquel les États africains doivent leur indépendance. La guerre d’Algérie est à elle seule une raison suffisante pour la rupture entre la France et les États africains-», affirme le délégué du Mali, accusant la France de « génocide « et annonçant qu’il exposera toute sa position sur l’Algérie dans le débat qui s’engagera sur ce problème à l’O.N.U.
Le chef de la délégation du Mali déclare que du fait de la disparition de la Fédération du Mali les accords passés entre la France et cette Fédération ont disparu. Le Mali se sent aujourd’hui dégagé de tous liens avec la France. L’orateur met ensuite en garde contre le danger d’une « katangisation « de l’Afrique, télécommandée par le néo-colonialisme. Seul un regroupement de caractère politique, puis de caractère économique, peut sauver l’Afrique, dit-il.
Sur la question de savoir si le Mali va se ranger du côté de l’Est ou de l’Ouest. AW déclare : « Le respect de la souveraineté nationale du Mali conditionnera toutes nos alliances.» Il ajoute que les nouveaux pays sont conscients de la menace que constitue une aide extérieure assortie de conditions politiques. Il affirme cependant que les nouveaux pays ne se trouvent pas nécessairement devant un tel choix et qu’ils peuvent constituer une troisième force des jeunes nations sous-développées ayant besoin de paix.

BÉRARD : la France ne regrettera pas d’avoir parrainé le Mali.
Usant du droit de réponse, Armand Bérard déclare que la France avait parrainé l’admission du Mali aux Nations unies sur la demande formelle du gouvernement de la République du Mali. «Pris d’un dernier scrupule, j’ai communiqué cette nuit même avec Bamako. Il m’a été confirmé que la position du président Modibo Keita restait la même «, révèle Bérard.
«Malgré tout ce que le délégué du Mali a pu dire de la France et tout ce qu’il pourra dire encore, la France ne regrettera jamais d’avoir parrainé son pays à l’Organisation des nations unies, car, ce faisant, elle est restée fidèle à son idéal et à ses principes «, conclut Bérard.
L’assemblée plénière lève ensuite sa séance.

29 septembre 1960
Alors qu’on avait pu penser un moment que la violente diatribe de Mamadou AW à la tribune de l’O.N.U. était une initiative personnelle, il apparaît que le délégué de la République du Mali à New-York n’a pas – quant au fond tout au moins – outrepassé les consignes qu’il avait reçues de Bamako. Une déclaration de Abdoulaye MAIGA, chargé d’affaires de la République du Mali à Paris dissipe toute équivoque à ce sujet. On constate cependant qu’au moment où les nouvelles autorités maliennes récusent violemment le parrainage de la République française à l’Assemblée générale des Nations unies, le président Modibo Keita adresse un message au Premier ministre Debré pour remercier le gouvernement français d’avoir reconnu son pays.
En effet, le président Modibo KEITA, président de la République du Mali, a fait remettre jeudi 29 septembre 1960 à Michel Debré un message le remerciant de la reconnaissance de la République du Mali par le gouvernement français.
D’autre part, au sujet du parrainage de la candidature de la République du Mali à l’O.N.U., la radio du Mali a diffusé jeudi la mise au point suivante faite par le gouvernement provisoire de la République du Mali :
• Le gouvernement de la République du Mali a effectivement demandé à la Tunisie et à Ceylan d’introduire sa candidature ;
• En dehors de ces deux États, le gouvernement du Mali n’avait sollicité aucun autre parrainage
• Le gouvernement du Mali n’avait jeté aucune exclusive sur un autre pays qui aurait voulu appuyer sa candidature.

30 septembre 1960
Interrogé sur les incidents qui ont marqué l’admission de la République du Mali à l’O.N.U., MAIGA, chef de la mission malienne à Paris, nous a répondu :
«La délégation française à New-York était avertie depuis une semaine, date à laquelle Ceylan et la Tunisie avaient été pressentis comme parrains de la République du Mali. C’est dire si la délégation malienne avait dissipé depuis longtemps toute illusion à ce sujet. «
Au sujet de la communauté, Abdoulaye MAIGA a affirmé : «Je ne cesse pour ma part de répéter que la République du Mali n’est plus dans la Communauté, et qu’il n’est pas question qu’elle y rentre. Nous signerons avec la France des accords de coopération, mais ces conventions seront conclues hors de la Communauté. Il ne faut pas persister à défendre des institutions périmées. «

4 octobre 1960
Modibo KEITA, chef du gouvernement provisoire de la République du Mali, quitte mardi octobre Bamako pour New-York, où 11 assistera aux travaux de l’Assemblée des Nations unies.

7 octobre 1960
Abdoulaye MAIGA, chef de la mission de la République du Mali en France, a été appelé en consultation par son gouvernement. Il a quitté Paris vendredi soir pour Bamako.
Par décision du conseil des ministres du Mali du 13 octobre 1960, Bocar N’DIAYE qui effectue actuellement un stage à l’ambassade de France à Bruxelles est nommé chargé d’affaires ayant rang d’ambassadeur auprès de la République française et de l’Allemagne fédérale. Quant à Abdoulaye MAIGA, précédemment chargé d’affaires du Mali à Paris, il est nommé délégué permanent à l’O.N.U. en même temps qu’ambassadeur du Mali auprès du gouvernement des États-Unis.

13 octobre 1960
Le délégué du Mali à l’ONU Mamadou AW fait une mise au point et dénonce le « machiavélisme « du parrainage de la France à la candidature du Mali à l’O. N.U. Il affirme que le Mali n’avait jamais sollicité le parrainage de la France, parrainage qui, dit-il, «aurait porté préjudice à notre indépendance «.
Il déclare que «l’on veut se servir des troupes des Nations unies « pour mettre à la tête du gouvernement central du Congo» une marionnette adaptée aux besoins impérialistes «. Il dénonce « l’ersatz de katangisation provoqué par la France, qui a abouti à l’éclatement de la Fédération du Mali. Aucune provocation de la France ne nous entraînera dans une lutte fratricide avec nos frères sénégalais «, affirme-t-il.
Le délégué du Mali qualifie ensuite la guerre d’Algérie de « cancer « de la France. Il dénonce « l’hypocrisie de la pacification « et « le verbiage gaulliste «. Il se prononce pour « toute proposition tendant à mettre fin à la guerre d’Algérie, à organiser un référendum sous le contrôle des Nations unies en Algérie et à fixer un calendrier de ces opérations «.

2 novembre 1960
La République française et la République du Mali ont décidé d’élever leurs représentations diplomatiques au rang d’ambassades. Le gouvernement malien a donné son agrément à la nomination de Fernand Wibaux, consul général de France à Bamako, comme chargé d’affaires.

5 novembre 1960
Le gouvernement américain a offert au gouvernement du Mali une aide économique et technique. Les autorités maliennes annoncent que leur gouvernement a accepté cette aide.
C’est dans un communiqué conjoint publié samedi matin 5 novembre à Bamako que cet accord a été annoncé, le premier conclu entre le gouvernement du Mali et une délégation étrangère.

9 novembre 1960
A la suite d’une récente déclaration de Messmer, ministre des armées, sur la défense de l’Afrique, le parti gouvernemental de l’Union soudanaise (R.D.A.) a publié un communiqué spécifiant notamment :
« A) Que la République du Mali n’est liée à la République française par aucun accord, à plus forte raison de défense ;
« B) Que la mise en place de l’armée malienne a été faite dans l’esprit des accords passés entre la France et l’ex-Fédération du Mali, rendus caducs par le seul fait de la République française et dénoncés ensuite par la République du Mali ;
« C) Que les solutions empiriques adoptées par la France et la République du Mali avant de nouvelles discussions pour de futurs accords de coopération, ne sauraient avoir valeur d’accords. «
Rappelons que Pierre Messmer, parlant au déjeuner de l’Association des journalistes d’outre-mer, avait évoqué en termes généraux le regroupement des forces françaises en Afrique noire en vertu des accords, sans faire état de la situation particulière de la République du Mali.

21 novembre 1960
Le Dr Kwame Nkrumah, président de la République du Ghana, accompagné d’une délégation comprenant 9 ministres a entrepris lundi 21 novembre 1960 une visite officielle de cinq jouis au Mali, où il aura des entretiens avec le président Modibo Keita, chef du gouvernement malien
Dr Kwame Nkrumah, président de la République du Ghana, est arrivé à Bamako, où il a été accueilli par Modibo Keita.
Après avoir reçu un accueil enthousiaste de la population, le chef d’État ghanéen s’est rendu au palais du gouvernement ou, dans une allocution, il a insisté sur les liens d’amitié qui unissent les deux pays, déclarant : «Notre union profitera à l’Afrique tout entière. «

25 novembre 1960
Au cours d’un discours prononcé à Ségou, le Dr Nkrumah président de la République du Ghana, a déclaré en présence du président Modibo Keita, chef de l’État malien « Je m’attends qu’un jour le Ghana et le Mali soient unis comme autrefois. «
Auparavant, l’homme d’État ghanéen avait affirmé : «Nous allons étudier avec Keita certaines choses qui seront la première pierre d’une union politique pour l’Afrique. «
Les deux chefs d’État se sont ensuite rendus à Sikasso avant de gagner Bamako, où une séance de travail a marqué la fin de la visite du président ghanéen.

25 novembre 1960
Au terme d’une visite de dix jours, la délégation gouvernementale du Mali a quitté ce matin vendredi Israël à destination de Bonn. Dans l’après-midi de jeudi 24 novembre 1960 trois accords ont été signés par Jean-Marie KONE, vice-président du conseil du gouvernement du Mali, et Mme Golda Meir, ministre des affaires étrangères, portant sur la coopération technique, les échanges culturels et les services aériens. Un accueil particulièrement chaleureux a été réservé à la délégation malienne dans tous les milieux qu’elle a approchés.
De leur côté, Jean-Marie KONE et les membres de sa suite ont tenu à manifester à l’égard d’Israël une amitié totalement dépourvue de cette réserve prudente dont croyaient devoir s’entourer les délégations africaines qui les ont précédés.
En débarquant en Israël Jean Marie KONE a proclamé avec force que son pays n’oubliera jamais qu’Israël a été le premier pays à lui proposer son assistance alors qu’il n’avait pas encore acquis son indépendance, « et les amis qui se sont manifestés dans les moments difficiles sont ceux que l’on n’oublie jamais «, a encore déclaré Jean Marie KONE. Le Mali est le premier pays africain à signer un accord à Jérusalem avec le gouvernement israélien.
Évoquant, au cours d’une réception les éléments d’affinité entre les deux pays, Ben Gourion, parlant en français, a rappelé qu’ils avaient les uns et les autres connus la discrimination raciale et s’en sont libéré. « En outre, a-t-il précisé, notre pays et le vôtre sont moitié couverts de déserts et n’oublions pas que peut-être les plus grands mouvements d’idées de l’Histoire, tels le judaïsme et l’Islam, ont eu leurs origines dans des régions désertiques’’.

26 novembre 1960
Dans un communiqué diffusé samedi 26 novembre 1960 par la radio de Bamako, le ministère de l’intérieur et de la défense fait état d’» incidents graves « qui depuis quatre mois, à la frontière mauritano-malienne, ont fait au total seize morts et plusieurs blessés graves.
Ce communiqué assure que trois de ces incidents ont eu lieu contre des Maliens sur leur territoire, et poursuit en affirmant que «ces agressions sont en général le fait de féodaux qui veulent continuer à exploiter leurs anciens esclaves fixés à demeure au Mali. Ces féodaux agissent souvent avec la complicité des autorités locales de Mauritanie «.

27 novembre 1960
Le Ghana et le Mali auront un Parlement commun, a déclaré le président Nkrumah à son arrivée à Accra, venant de Bamako, où il vient d’effectuer un séjour de près d’une semaine. Bien que cela ne soit pas dans le communiqué, c’est une chose que je tiens à divulguer «, a précisé le président du Ghana.
La déclaration commune signée par les présidents Nkrumah et Modibo KEITA, en conclusion des travaux entre la délégation ghanéenne et les responsables du Mali, spécifie d’autre part que « les deux chefs d’État sont arrivés à un accord complet sur les problèmes ayant fait l’objet de leurs entretiens. Ils ont arrêté certaines mesures tendant à renforcer leurs liens d’amitié «.
Enfin le communiqué déclare que «pour concrétiser l’expression de leur coopération la République du Ghana accorde à la République du Mali un prêt à long terme «. Aucun chiffre n’a été avancé, même officiellement, sur l’importance de ce prêt.

7 décembre 1960
Trois mois après l’éclatement de la Fédération du Mali, les dirigeants de Dakar ont, comme ceux de Bamako, renoncé à normaliser les relations entre les deux capitales.
A Dakar, on n’ignore pourtant pas les conséquences que la rupture des liens fédéraux a entraînées pour les industries du Cap-Vert. Les ‘’Soudanais’’ représentaient en effet un marché de consommation de quatre millions d’hommes. De nombreuses entreprises ont réduit la durée des heures de travail, d’autres ont dû procéder à des licenciements. La répercussion paraît plus importante dans les textiles, et l’industrie ivoirienne, en concurrence directe avec Dakar, en profite. Dans le domaine des transports, les conséquences sont également assez lourdes, surtout en ce qui concerne le chemin de fer : le déficit budgétaire Dakar-Niger est estimé à près de 1 500 millions CFA pour la fin de l’année, si les relations ne sont pas rétablies avec le Mali. Mais on n’a constaté au Mali aucun effondrement économique spectaculaire, seules les petites entreprises ayant réellement souffert.
L’importance de la récolte d’arachides, estimée à 900 000 tonnes, chiffre encore jamais atteint, dissipe d’ailleurs les inquiétudes que pourrait susciter la crise frappant les industries locales. D’autre part le gouvernement a décidé d’adopter un ensemble de mesures destinées à relancer le commerce sénégalais : certaines importations ont été provisoirement interdites, le soutien a été accordé à certaines exportations, des accords commerciaux sont en préparation avec des pays voisins.

LA REDACTION

Source : INFO-MATIN

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