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Dr. Mamadou Keïta, consultant international en mines : “En 2022, le secteur minier a apporté 763 milliards F CFA au Trésor”

“Les 13 sociétés minières en activité au Mali ont créé près de 13 000 emplois directs”

Le nouveau code minier, l’apport économique de l’or dans l’économie malienne, le contenu local étaient les principaux thèmes au centre des échanges de la 1re édition du “Forum à la une”. Un événement organisé le samedi dernier par Youri Communication présidé par notre confrère Robert Dissa en partenariat avec l’Association pour la promotion et la valorisation des ressources minières au Mali (APVRM). C’est la salle Wa Kamissoko du Centre international de conférences de Bamako qui a servi de cadre à cet important événement.

Les acteurs du secteur minier, de la société civile, étudiants et surtout de très nombreux journalistes ont pris part à la 1re édition du Forum à la une qui s’est employé à éclairer la lanterne de l’opinion sur les trois sujets à l’ordre du jour. L’initiateur de ce forum qui était en même temps son modérateur, Robert Dissa, a fait appel à trois spécialistes du secteur minier.

Il s’agit de Djibril Diallo président de l’APVRM, Pr. Dialla Konaté, consultant dans le domaine minier, et Dr Mamadou Kéïta spécialiste en économie minière. Premier à prendre la parole, Pr. Dialla Konaté a fait l’état des lieux de la production des ressources minières en production au Mali. Il a soutenu que l’or en constitue la colonne vertébrale avec 66 tonnes en 2023 et est produit dans les régions de Kayes, Sikasso et Koulikoro.

“Si je m’en tiens à l’évolution de la production aurifère, en 1984, le Mali produisait moins de 5 tonnes d’or, en 2004 c’était une cinquantaine de tonnes et 2023 nous étions à 66 tonnes d’or juste pour vous dire qu’il y a une évolution exponentielle”, a expliqué Pr. Konaté. Il a ajouté qu’il y a d’autres substances en voie d’être exploitée comme le lithium en roche, la bauxite de Faléa et le gypse aussi.

S’agissant de l’apport de l’or à l’économie malienne, le conférencier de révéler que, selon plusieurs sources, les 66 tonnes produites en 2023 ont apporté près de 700 milliards F CFA à l’économie malienne.

Le code de 1999 décrié

par la société civile

Djibril Diallo, président de l’APVRM, ingénieur géologue minier, a présenté dans sa communication le nouveau code minier de 2023. Faisant l’historique des  différents codes, M. Diallo de soutenir que notre pays a eu son premier code minier en 1970 à l’époque il n’avait aucune mine au Mali, l’exploitation était artisanale. “En 1980, la première mine du Mali fut découverte avec Kalana et est entrée en production en 1985, suivi de la découverte de la mine de Syama en 1990. Le Mali s’est doté d’un second code minier en 1991 et le troisième a été adopté en 1999, il y a eu  autre code en 2012, puis en  2019 et le dernier date de 2023”, a révélé Djibril Diallo. Il a poursuivi qu’en tant que société civile, son association a décrié les anciens codes dont celui de 1999. “Nous avons constaté que les questions minières étaient gérées entre l’Etat et les multinationales et la société civile ne s’y intéressait pas. La population n’avait aucune information sur les accords et les contrats signées avec les multinationales dont la plupart  étaient de 30 ans”, s’est insurgé le président de l’APVRM.

“Si une société signe un contrat de 30 ans avec l’Etat, pendant cette période, il n’y a aucune possibilité de réviser cet accord même avec l’adoption d’un nouveau code minier”, a déploré M. Diallo. Il a estimé que la part de l’Etat soit 20 % dans ces sociétés minières est très minime.

“On dit que l’Etat est actionnaire à 20 % de ces sociétés, ce n’est pas vrai. Il fallait préciser que les 20 % de la part de l’Etat dans les mines dont on parle est repartie comme suite : 10 % sont données gratuitement à l’Etat sur le dividende et les 10 % restants, l’Etat doit les acheter en numéraire sous forme d’action pour avoir les 20 %. Sauf que dans la plupart des cas, l’Etat n’a jamais pu acheter ces 10 %. Donc au finish l’Etat se retrouve avec 10 % qui est calculé sur le dividende”, a regretté M. Diallo.

C’est partant de constat, il a déclaré que les organisations de la société civile  ont demandé à ce que la part de l’Etat dans les dividendes puissent aller au-delà des 20 % dans le nouveau code de 2023. Cependant, pour le conférencier les organisations de la société civile n’ont pas été satisfaites à hauteur de ce souhait pour la demande de la hausse du pourcentage sur la dividende.

“Car dans le code adopté en 2023, l’Etat aura toujours 10 % sur le dividende mais c’est le pourcentage du numéraire qui a été élevé à 20 %, ce qui fait les 30 %. Aussi le nouveau code réserve  5 % au locaux ce qui fait en tout 35 %”, a expliqué M. Diallo.

Cependant concernant ce nouveau code, Djibril Diallo s’est inquiété du fait que par le passé l’Etat n’a pas pu acheter seulement les 10 % en numéraire comment va-t-il acheter les 20 % ? Malgré tout, il a applaudi des innovations apportées par le nouveau code comme le fait de scinder la convention de recherche et la convention d’exploitation, ce qui va mettre un terme au contrat à longue durée dans le secteur.

Dans ce nouveau document, a -t-il révélé, le contenu local a été dissocié du code minier. Il a apprécié cette disposition du code de 2023 qui sera désormais profitable aux entreprises maliennes. Pour le président de l’APVRM, on doit faire énormément attention avant de procéder à la nationalisation des sociétés minières.

“On dit que l’or ne brille pas pour les Maliens est-ce que la CMDT et EDM-SA qui sont toutes des sociétés d’Etat brillent pour les Maliens ? Il ne faut pas qu’on accuse toujours le temps les multinationales, on doit souvent nous remettre en cause. Est-ce que nous sommes prêts dans le cadre de nationalisation à gérer de façon transparente nos ressources minières ? Si on nationalise ces sociétés demain et qu’elles partent en faillite comme d’autres sociétés d’Etat, où est-ce que nous allons trouver les 700 milliards F CFA que nous rapporte annuellement l’or dans le budget de l’Etat ?”, s’est interrogé le président de l’APVRM. Il s’est dit néanmoins confiant que cette loi sur le contenu local appliquée fera que l’or va briller pour les Maliens car les  entreprises qui opèrent dans le secteur vont créer de l’emploi.

Vers l’épuisement des réserves d’or

A la question de savoir ce que le Mali tire de ces mines, Mamadou Kéita, docteur en économie minière, consultant international en mine d’indiquer que le secteur minier représente  80 % des ressources d’exportation de notre pays, englobe  10 % du PIB et représente le quart du budget national.

“En 2022, le secteur minier a apporté 763 milliards F CFA au budget national, les contributions ne sont pas les mêmes d’année en année”, a révélé Dr. Kéita. Il a poursuivi qu’en termes d’emploi, les 13 mines en activités emploient près de 13 000 employeurs représentant les emplois directs sans compter les emplois indirects. Et les mines, à l’en croire, contribuent beaucoup au développement des communautés.

En tout cas, pour Dr. Kéita toutes les ressources minières y compris l’or sont des ressources épuisables. A cet égard, il a précisé que les informations dont il dispose révèlent  que si nous ne  continuons pas les recherches avec d’autres ressources, les réserves d’or que nous avons vont s’épuiser dans 10 ans. C’est pourquoi, il a invité les autorités maliennes à s’orienter vers la diversification des ressources minérales.

                             Kassoum Théra

Source: Aujourd’hui-Mali

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