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TERRORISME EN AFRIQUE DE L’OUEST Preuve de vie de Moktar Belmoktar commanditaires de toutes les attaques Comment le Sénégal a échappé à un attentat déjà planifié

Le Mauritanien Fawaz Ould Ahmeida alias Ibrahim 10, tireur lors de l’attaque contre le bar «La Terrasse » du mois de mars 2015 à Bamako, est le planificateur des attentats contre le Byblos de Sévaré, le Radisson Blu de Bamako et l’hôtel Nord-Sud. Suite à son arrestation, il a confirmé que Moktar Belmoktar – dont il est un des bras armés- est bien vivant et reste le commanditaire de toute cette boucherie. Mais l’arrestation de Fawaz par la Dgse malienne, à la veille d’un attentat qu’il avait programmé à Bamako le vendredi 22 avril 2016, a aussi épargné le Sénégal où il avait planifié de façon avancée un attentat, après repérage de trois cibles : la ville touristique de Saly Portudal, l’Ambassade d’Israël à Dakar et la Corniche ouest de Dakar où se trouvent de nombreux hôtels de luxe et restaurants huppés de la capitale sénégalaise.

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Le tireur du bar «La Terrasse» et planificateur des attaques des hôtels Byblos de Sévaré, Radisson Blu et récemment l’hôtel Nord-Sud de Bamako, Fawaz Ould Ahmeida alias Ibrahim 10, était activement recherché par les services de sécurité. Il a pourtant séjourné plusieurs fois à Bamako pour y planifier des opérations, sans soulever le moindre soupçon sur lui. Mais comme tous les jours appartiennent au bandit sauf un, celui des services de sécurité, ce ressortissant mauritanien, bras droit de Moktar Belmoktar, de qui il prend directement ses ordres pour exécuter des desseins funestes, est tombé entre les filets de la Direction générale de la sécurité d’Etat (Dgse) du Mali, le jeudi 21 avril dernier à Bacodjicoroni Golf, après de multiples filatures, alors qu’il s’apprêtait à commettre un autre attentat le lendemain, le vendredi 22 avril 2016. En ce temps-là, on parlait même des risques d’une attaque à la voiture piégée et pour ce vendredi ciblé, la Minusma et plusieurs ambassades européennes avaient déjà avisé leurs personnels, invités à rester cloitrés chez eux.

Mais ce qui est intéressant dans cette arrestation opérée après un travail minutieux mais discret, alliant le renseignement à la filature, c’est que Fawaz Ould Ahmeida alias Ibrahim 10 n’est pas du menu fretin. C’est un très proche collaborateur de Moktar Belmoktar qu’il a désigné comme commanditaire de toutes les opérations terroristes menées ces derniers temps à Sévaré, Bamako, Burkina Faso et Côte d’Ivoire. Du coup, Fawaz lève le doute sur une mort éventuelle du «Borgne», le surnom donné à Moktar Belmoktar qui a perdu un œil en manipulant des explosifs. En effet, le chef terroriste, Moktar Belmoktar alias Mister Marlboro (pour faire allusion à son passé de trafiquant de cigarettes) est donc bien vivant et continue d’imprimer son autorité sur la centrale terroriste dont les éléments sont éparpillés entre la Libye, la Mauritanie, l’Algérie, le Mali, la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso.

Mais il nous revient que l’arrestation de Fawaz par la Dgse a aussi épargné le Sénégal que le terroriste se promettait de frapper aussitôt après l’attentat prévu pour le vendredi 22 mars 2016 à Bamako. En réalité, cette action d’éclat devait davantage attirer l’attention sur le Mali pour mieux exécuter l’action sur le Sénégal en phase de planification avancée.

En effet, Fawaz avait déjà envoyé un éclaireur faire des repérages au Sénégal. Ce dernier s’est rendu, pour le compte de cette mission, à deux reprises au pays de Macky Sall. Fawaz, qu’on dit très méticuleux pour avoir gagné la confiance de Moktar Belmoktar qui exécute très souvent ses commandos afin de raffermir son autorité, a pris le soin de se rendre en personne au Sénégal pour y vérifier les cibles choisies par l’éclaireur. Au besoin, finaliser la faisabilité de l’opération par une étude environnementale.

Nous apprenons ainsi que trois cibles étaient à l’étude pour une opération terroriste contre le Sénégal: la ville touristique de Saly Portudal qui regorge de ressortissants européens; la Corniche ouest de Dakar avec ses nombreux grands hôtels et restaurants comme pour rappeler l’attentat de Ouagadougou  et enfin l’Ambassade d’Israël à Dakar.

Cette ambassade, selon nos investigations, était la cible privilégiée car cela constitue tout un symbole, dans le prolongement du combat permanent des Palestiniens contre les Israéliens. Une façon d’essayer de gagner l’estime des musulmans qui ne voient en ces pseudodjihadistes – que le Président sénégalais surnomme narcodjihadistes- que des drogués, des criminels et trafiquants qui tuent à tout bout de champ et sans raison.

Mais l’emplacement de cette ambassade au cœur de Dakar, notamment vers la très fréquentée Place de l’Indépendance, en fait une cible difficile à frapper car Fawaz est conscient qu’il risquait d’y avoir trop de dégâts collatéraux, sans assurer le résultat recherché.

Procédant par élimination, Fawaz et son groupe ont pensé un moment frapper à Saly qui est vrai havre de paix pour les touristes venus du monde entier et en même temps regorge d’Européens. Mais là aussi, au vu de la configuration de cette localité qui rend un éventuel repli très difficile, voire quasi impossible, et qui se trouve sous très haute surveillance de la part de la Sécurité sénégalaise consciente que c’est une cible potentielle, il fallait chercher ailleurs.

Il ne restait donc que la Corniche ouest avec ses nombreux grands hôtels et restaurants huppés de la capitale du pays de la Terranga. On y trouve le Radisson Blu (encore !) le Terrou-bi, entre autres hôtels de luxe, en plus des nombreuses ambassades et résidences d’ambassadeurs européens et des pays menacés par Moktar Belmoktar pour avoir participé aux opérations de la Minusma au Mali. C’est au niveau de cette Corniche ouest qu’on retrouve d’ailleurs l’Ambassade du Mali à Dakar et la résidence du président de l’Assemblée nationale du Sénégal.

Heureusement que Fawaz est actuellement alpagué par la Dgse malienne qui prend ainsi sa revanche sur les détracteurs ne comprenant pas qu’elle puisse prendre tout son temps pour faire pareils résultats. Mais c’est méconnaître le chassé-croisé quotidien entre les terroristes (très mobiles et discrets) et ceux chargés de les traquer. Paraphrasant Senghor qui disait que «L’on ne fait pas de la diplomatie à la place publique», on peut aussi dire que la lutte contre le terrorisme ne s’accommode pas d’indiscrétion, voire de tapage.

Mais embastiller Fawaz et consorts n’arrête en rien la machine infernale terroriste. Ce qui appelle une vigilance accrue de la part des services de sécurité de tous les Etats de la bande sahélo-saharienne. Heureusement qu’en plus du G-5 Sahel, les pays voisins du Mali ont amorcé une dynamique de collaboration sécuritaire qui permet le partage rapide des informations en vue d’une pro activité efficace.

A.D.

 

Source: sphynx

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