Présent à Kigali, en marge du 27e sommet de l’Union africaine, pour participer aux discussions sur la situation au Soudan du Sud, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a répondu aux questions de Jeune Afrique.
Sommet de l’UA : Ban Ki-moon à Kigali pour des concertations sur la crise au Soudan du Sud
Jeune Afrique : Pourquoi avez-vous décidé de venir ici à Kigali ?
Ban Ki-moon : Je ne comptais pas me rendre au Rwanda. Mais, avec la reprise des violences au Soudan du Sud, j’ai décidé qu’il fallait que je sois présent pour rencontrer les chefs d’État des pays de l’Igad (Autorité intergouvernementale pour le développement, dont le Soudan du Sud fait partie, ndlr) et les autres hautes autorités africaines avec qui j’échange régulièrement sur cette crise.
C’est un moment crucial pour l’avenir du Soudan du Sud. J’ai demandé au président Salva Kiir, à son vice-président Riek Machar, et à l’envoyé spécial du chef de l’État sud-soudanais ici à Kigali de travailler pour leur peuple. Ils trahissent leur peuple et la communauté internationale qui n’a cessé de montrer de la bonne volonté à leur égard. Ils nous déçoivent.
Qu’attendez-vous de l’Union africaine ?
C’est aux chefs d’État africains de discuter de l’action à prendre par l’UA. Mais j’espère qu’ils exprimeront un message de fermeté et d’unité, particulièrement ceux de l’Igad. En ce qui me concerne, j’ai proposé au Conseil de sécurité la semaine dernière d’imposer un embargo immédiat sur les armes, de sanctionner toutes les personnes à l’origine de ces violences et de renforcer la mission de l’ONU. Elle doit avoir un mandat élargi, disposer de capacités plus importantes, notamment d’hélicoptères de combat, pour être en mesure de contrôler la situation et protéger la population civile. Les bâtiments de l’ONU n’ont jamais été construits pour accueillir plus de 200 000 réfugiés comme c’est le cas actuellement.
Les pays africains doivent-ils envoyer des troupes pour assister la mission de l’ONU ?
Ils sont prêts à le faire. L’Igad a évoqué en début de semaine le déploiement de troupes au sein d’une brigade d’intervention. Le Conseil de sécurité discute actuellement de cette question. Les pays de l’UA avec qui j’ai échangé sont eux aussi prêts à envoyer plus de troupes et du matériel. C’est très encourageant. J’espère que cela sera bientôt officialisé.
Savez-vous précisement ce qu’il s’est passé à Djouba ?
Ce n’est pas mon rôle d’en parler. Je peux seulement dire que ce n’est pas acceptable. Salva Kiir est Riek Machar sont les dirigeants du Soudan du Sud, ils doivent travailler pour un meilleur futur, montrer l’exemple, et aussi laisser l’ONU et les organisations humanitaires se déplacer librement.
Contrôlent-ils la situation ?
Je l’espère. Je les ai exhortés à ordonner aux soldats sous leur commandement de déposer les armes. Il est très important que Djouba soit démilitarisée. Pour le moment, le calme est revenu, mais il n’y a aucune garantie que les violences ne reprennent pas.
L’Union africaine doit élire le successeur de Nkosazana Dlamini-Zuma à la tête de la Commission de l’organisation. Même s’il n’est pas officiellement candidat, le nom d’Abdoulaye Bathily, votre envoyé spécial pour l’Afrique centrale, est évoqué…
Je suis la succession de Mme Zuma avec attention. C’est aux pays africains d’en décider. Mais je suis heureux de voir qu’Abdoulaye Bathily figure parmi les potentiels candidats. Peu importe qui est élu, je serai ravi de travailler avec lui ou elle.
Il semble que le Maroc est sur le point de réintégrer l’UA. Quelles conséquences cela pourrait-il avoir sur la situation au Sahara occidental ?
Si c’est le cas, c’est très encourageant. Le retour d’un pays comme le Maroc serait une très bonne chose. Au sujet de la question du Sahara ocidental, il faut que les discussions politiques entre les parties se poursuivent.
En tant que secrétaire général de l’ONU, je suis heureux que le Maroc ait accepté que 25 experts de la Minurso soient redéployés à Laâyoune. J’espère que notre mission onusienne retrouvera rapidement sa pleine capacité, pour que nous poursuivions notre mandat.
Source: jeuneafrique