Depuis un certain temps, de agents municipaux du district de Bamako et le GMS organisent une patrouille mixe pour se saisir selon eux des « sans vignettes ». Les personnes ainsi traquées sont des motocyclistes. L’initiative serait vraiment louable si seulement cela se passait dans la règle de l’art. Mais, il se trouve que ce ne sont pas seulement des « sans vignettes » qui sont traqués mais aussi ceux qui ont le malheur de détenir une vignette qui ne provient pas de la mairie du district de Bamako.
Postés le plus souvent dans les lieux stratégiques à savoir les ronds-points et les carrefours, ces agents un peu trop zélés n’hésitent pas s’il le faut à provoquer des accidents. Ainsi beaucoup d’usagers se sont vus déposséder de leurs engins pour le GMS. Une fois sur place, le malheureux se voit contraint d’acheter une vignette de la mairie du district de Bamako peu importe s’il détient une vigne en bonne et due forme, la mairie du district ou rien au grand bonheur du tout puissant Adama Sangaré. Ainsi donc ceux qui possèdent une vignette payent le même tarif que ceux qui n’ont jamais pris de vignette. Au nom de quel sursaut de civisme ? Nous avons interrogé certains agents sur le terrain, ils nous ont tout simplement dit que les vignettes d’autres communes ne sont pas autorisées à l’intérieur de Bamako. Ainsi, un usager de Kalabancoro est en infraction s’il sort de Kalabancoro à défaut de détenir une carte d’identité établit à Kalabancoro. Autre difficulté, depuis un certain temps, inutile de rappeler que l’acquisition d’une carte d’identité à Bamako et environs relève du parcours d’un combattant. Pour ne pas rester sans carte d’identité, les maliens n’hésitent plus à se rendre dans les postes voisins où l’acquisition de cette carte devenue désormais un trésor rare est plus facile. Pour en savoir plus, nous avons joint M. Daouda Coulibaly, Maire signataire à la mairie principale de la commune de Kalabancoro. Sa réponse est sans équivoque : «Nous sommes indignés par cette situation parce que depuis un certain temps, nos populations sont victimes du harcèlement de la part des agents de la mairie du district de Bamako. Certains vont jusqu’à remettre en cause nos vignettes alors que nos vignettes proviennent de la perception et la recette y est directement versée. La mairie ne relève que les 20% de la recette et il en ainsi pour toutes les autres communes. Pour palier à ce problème, 37 maires ont rencontré le maire Adama Sangaré pour des mises au point. Il est resté sourd à nos préoccupations. Pour nous il ne fait aucun doute que c’est la course au 20% ».
- Sanogo, un étudiant à l’université de Bamako témoigne : « un matin, j’ai été appréhendé par la police qui était accompagnée des agents municipaux. Ils m’ont demandé de montrer ma vignette, chose que j’ai faite. Ma surprise fut grande lorsqu’on m’a dit que la vignette n’était pas valable parce qu’elle relevait de Kati. Une fois au GMS j’ai dû payer 12 000 francs CFA plus une contravention 3000 F FCFA pour avoir ma moto ; après avoir passé toute la journée dans la cour du GMS. C’est vraiment révoltant»
Décidément, dans ce pays on fait ce qu’on veut. Chacun impose sa loi. Comment comprendre que ceux qui sont censés protéger la population deviennent leurs cauchemars sans que personne n’en parle. En tout cas, il faut vite arrêter ce désordre qui ne fait que trop durer. Des responsables qui ne pensent à faire leur «travail » qu’à l’approche des fêtes tout simplement parce qu’ils veulent prévenir les dépenses de fin d’année. Au lieu d’entretenir les routes, ou encore veiller à la sécurité des usagers, ils préfèrent monter des embuscades devant ces derniers et peu importe la vie des usagers pourvu que la modique somme de 12000F entre dans le coffre. En tout cas, de plus en plus, les voix se lèvent pour dénoncer cette pratique peu orthodoxe dont les mille explications données jusqu’ici par les personnes mises en cause n’arrivent pas à convaincre les usagers à savoir la nouvelle loi de la décentralisation. Mais comme le dit cet adage vieux de plusieurs siècles, la raison du plus fort est toujours la meilleure. Mais si justice il y a, la vérité finit par triompher même si les victimes prennent leur mal en patience.
Amadingué SAGARA
Source : SOLONI