En 1996, IBK, alors Premier ministre, face aux assauts répétés et inlassables d’une opposition conduite par Me Tall, député à l’Assemblée nationale, a dit alors que certains députés qui veulent faire la leçon, ne payent même pas leurs impôts et que l’Etat allait prendre des mesures contre eux. Me Tall a bondi au quart de tour, avec cette phrase devenue anthologique dans les manuels de politique au Mali : « l’allusion est claire, la menace est directe ! »
Tous les slogans des opposants à IBK pour la présidentielle du 29 juillet semblent être des allusions, en tout cas, tournés dans sa direction. En français et/ou en bambara, petit tour des slogans dans candidats !
IBK, en 2012, avait fait fort avec son slogan de campagne « Le Mali d’abord », qui avait vraiment touché les cœurs et répondait aux attentes. Bien entendu, ce « Mali d’abord », une fois au pouvoir, a été décliné et déclamé sous toutes les coutures, dans tous les contextes.
Cette année, l’équipe de campagne est allée très loin pour trouver autre chose. Son slogan de cette année est en bambara bien transcrit de la Denafla (Direction nationale de l’alphabétisation fonctionnelle et de la linguistique appliquée, qui, en son temps, était très regardant sur la transcription du bambara et sa prononciation), « Le Mali est entrain d’avancer », (« Mali bè ka taa gniè ».
Les candidats, dans leur grande majorité, ont choisi des slogans dans l’une ou l’autre langue, le bambara ou le français, les deux langues majoritairement partagées par les Maliens.
Modibo Koné du Mouvement Mali Kanu est peut-être une exception sur ce registre, en ayant pris les deux. Son slogan, « Waati sera, il est temps ! », a été directement déclamé dans les deux langues.
Modibo Sidibé, le porte-étendard des Fare et du Nouveau pôle politique (NPP), a opté pour « An ka wili Mali yé », ou, traduction non officielle, « levons-nous pour le Mali ». Son homonyme de la Nasa, Cheick Modibo Diarra, le président du RDpM a trouvé un autre style, en français : « sauvons le Mali ».
Soumaïla Cissé, le président de l’URD a comme slogan de campagne : « Ensemble, restaurons la fierté du Mali », qui n’est pas sans rappeler un certain 1992, de l’Adéma-PASJ, drivée en son temps par Alpha Oumar Konaré, qui avait séduit les Maliens avec son problème de réconciliation nationale, et avec le seul mot de slogan de campagne : « Ensemble » !
Le PDG de Wassoulor, Aliou Diallo, président de ADP Malida, Diallo, qui vient d’avoir l’onction du Chérif de Nioro, a choisi, « Rendre le Mali à son peuple par la paix ».
Il n’y a aucun doute, tous les slogans de campagne répondent à IBK et à sa politique nationale actuelle, se veulent des réponses à l’actualité nationale actuelle. En soit, et pour beaucoup, ils constituent des programmes et des orientations claires sur les directions que les uns et les autres entendent imprimer à leur gouvernance.
Alexis Kalambry
Les Echos