La campagne contre la violence faite aux femmes est devenue une belle réussite, surtout que l’occasion a été donnée de trouver des cobayes publics. Sidiki Diabaté a maltraité une fille nommée Mamassita pendant plus de 6 ans, entendons par ci et par là. C’était sa concubine, disent-ils aussi. Sidiki a été interpellé, avant-hier lundi 21 septembre 2020, par la Brigade d’investigation judicaire(Bij) et placé en garde à vue.
La violence n’est acceptable pour personne. Ce n’est pas une question de femme ou d’homme. Cette violence est un trait culturel dans un pays où l’individu est d’abord identifié par son appartenance culturelle, et tout ce qu’il a reçu au sein de cette culture comme valeurs. Tenter de faire un bond, pour passer d’une société bâtie autour de cette violence à une société rentrée dans l’histoire universaliste, est un raccourci. Ce qui est impossible. Des individus qui sont nées en assistant aux bastonnades reçus par leurs mamans, en longueur de journée, et toutes les souffrances inimaginables pour les femmes de ces cultures au point où elles-mêmes ont cru que c’est comme cela, qu’est-ce qu’ils peuvent donner autre que ce qu’ils ont appris?
Elle est d’abord psychologique cette violence. Elle se manifeste dans les regards du couple marié depuis des années, qui ne se parlent pratiquement pas, parce qu’il n’y a rien à dire. Elle se manifeste dans cette division qui compartimente la femme avec son rôle dans le foyer et l’homme d’un autre côté. Elle est présente dans le foyer chez la femme qui a été conditionnée pour croire que son rôle est de préparer à manger et mettre des enfants au monde. Elle est encore et surtout manifeste chez l’homme qui est obligé de se mettre la pression, parce que convaincu que toute sa mission sur terre est de remplir une maison d’enfants et de parents pour être considéré comme responsable. Elle est caractéristique chez la femme qui n’a pas appris à aimer dès son enfance.
Au lieu de cela, elle a appris que la destinée d’une femme est de se marier avec le premier psychopathe sexuel, qui est convaincu qu’il suffit d’avoir un peu d’argent pour avoir une femme et être guéri de ses souffrances. Cette violence est là, dans l’attitude des mères aujourd’hui qui font la promotion pour leurs filles enfin de trouver le gros lot, un homme qui a de l’argent. Même si elles ignorent par manque d’éducation que même les dingues gagnent de l’argent. Elle se lit cette violence dans la mentalité de l’homme qui croit qu’il doit se casser la gueule pour avoir la femme du niveau social espéré. On la voit dans cette sorte de prostitution maquillée sous forme de mariage qui se solde par une infidélité généralisée dans le milieu des femmes mariées, nouvelle génération pour être une défaite patente liée à l’incapacité de tenir dans un mariage. Cette violence se répercute plus sur les enfants nés de cette manière de vivre comme des automates avec des parents qui n’ont pas achevé leur éducation de base et qui se retrouvent responsables de l’éducation des enfants.
Quand un homme se rend au marché pour payer des condiments, ce sont les mêmes femmes qui l’interpellent pour lui dire qu’un homme ne doit pas se rendre au marché là où il y a la femme. C’est également les mêmes femmes qui protestent lorsque tu décides de dégager les assiettes après un repas pour aller les laver. C’est encore elles qui trouvent inconcevable qu’un homme sache faire la cuisine mieux qu’elles-mêmes. Parce que c’est déjà encré dans la psyché collective et les rôles sont déjà définis dans une société humaine sensée s’auto-compléter.
Elle est bien là dans les regards de ceux qui la manifeste par la violence physique et de ceux qui l’étouffe pour paraître autre. Les yeux ne sont pas seulement faits pour regarder, ils sont également les fenêtres de l’âme. Voyez à quel point les regards se fuient, malgré les maquillages, les apparences de rire, et le semblant d’être fortes. Voyez à quel point ces femmes fuient de toutes les manières possibles ce qu’elles ressentent et ce qu’elles sont au fond pour se convaincre d’être autres. Voyez ces hommes qui tentent de s’affirmer d’une manière ou d’une autre pour camoufler cette violence présente partout en eux et autour d’eux. Regardez bien.
Pour le cas des pseudos féministes qui font croire qu’elles luttent contre les violences faites aux femmes, elles feront mieux d’explorer cette souffrance intérieure qui les ronge et qu’elles sont incapables de manifester. La violence faite aux autres femmes, est une manifestation qui met en surface leur propre violence dissimulée. Elles sont incapables de se guérir, c’est pour cela qu’elles rebondissent sur les violences faites sur les autres pour se parler à elles-mêmes. Pour atténuer les blessures de quelqu’un d’autre, il faut se guérir soi-même d’abord. Et il y en a peu qui sont capables de faire face à leur propre souffrance. Elles se consolent par les ragots des nouveaux vendeurs d’illusions qui parlent de pensée positive, tirée des techniques du nouvel âge.
Personne ne peut s’employer à penser positif sans évacuer la douleur qui l’habite. C’est également une énergie accumulée, qui tente de sortir. Les manifestations de toutes ces violences, sont des réponses de cette même énergie qui tente de sortir. Elle devient explosive si, elle est contrôlée à l’intérieur pendant longtemps. Sidiki et sa concubine Mamassita, sont une manifestation qui se lit dans presque tous les foyers. Seulement beaucoup font tout pour la camoufler.
Touré Abdoul Karim
Source: ledemocratre Mali