De son accès à l’indépendance à maintenant, le Mali a eu 60 ans hier mardi 22 septembre. Un gros ‘’bébé’’ qui n’arrive pas à se prendre à lui seul en charge. 60 ans d’indépendance n’est pas petit dans la vie d’une nation. Beaucoup d’eau a coulé sous le pont certes, mais sans le résultat escompté : pas un développement à hauteur des aspirations du peuple malien. C’est toujours la danse des masques. 60 ans d’indépendance, mais le bilan est sombre. Pays millénaire, légendaire et des braves guerriers, le Mali traverse l’un des moments les plus difficiles de son histoire ou l’existence même du pays est menacée suite à une crise multidimensionnelle. Le pays a connu quatre coups d’Etat militaire, l’insécurité est toujours grandissante, l’économie est au ralenti. Les Maliens n’ont pas encore retrouvé le chemin de l’émergence. Ils sont divisés. Le tableau est sombre et l’équation à résoudre serait difficile si les Maliens ne se donnent pas la main et mettre le Mali au-dessus de tout.
A 60 ans d’indépendance, l’école malienne cherche toujours sa voie, entre surenchères et irresponsabilités, avec un enseignement dans l’agonie. La formation de qualité et l’emploi salarié sont, depuis belle lurette, un luxe de plus en plus inaccessible pour la jeunesse malienne. Il est loin le temps où les présidents Félix Houphouët Boigny et Oumar Bongo accueillaient à bras ouverts les instituteurs maliens. Concernant l’agriculture et malgré l’Office du Niger, le Mali n’est pas une autosuffisance alimentaire tant promise. L’incivisme et l’impunité sont devenus les terreaux fertiles d’une corruption institutionnalisée qui tire chaque jour des Maliens dans les ténèbres de la pauvreté et de la misère, réduisant la plupart à la mendicité, à la résignation, à l’informel, à la prostitution, aux jeux de hasard, à l’immigration et au volontariat. A 60 ans d’indépendance, se dressent toujours étonnement des politiques de mendicité forcée, érigées en système de gouvernance par les autorités maliennes. Celles-ci (les politiques de mendicité forcée) ont transformé ce beau pays (dont les souverains, jadis, transportaient et distribuaient des tonnes d’or en Arabie et forçaient l’admiration des peuples du monde) en une bourgade malpropre de Chine et autres pays…
Voilà côté tableau. C’est pour cela que le monde entier n’hésite pas, une seconde, à renvoyer nos compatriotes à Bamako, fuyant cette misère noire voulue et entretenue par nos propres dirigeants, à coups de charters. Mieux, maintenant il les assigne, carrément, à résidence en leur refusant les visas de séjour. Quelle honte ! Et pourtant, le Mali n’est pas pauvre. Eh bien oui! Il possède un sous-sol riche qu’on pille à tout vent. Il est riche de ses terres fertiles qu’on brade au premier venu. Il est suffisamment arrosé par des cours d’eau pour irriguer des millions d’hectares de cultures, ériger des dizaines de barrages hydroélectriques, pour distribuer de l’eau potable (source de vie) et de l’électricité bon marché (facteur incontournable de développement) aux 20 millions de Maliens. Il est riche de sa jeunesse qui ne demande que formation de qualité et emploi rémunérateur pour enfin retrouver une vie digne et respectable dans la société. Les seuls problèmes sont que le Mali n’a pas eu de dirigeants (digne de nom) et une classe d’intellectuel apatride abat sur le pays, comme une chape de plomb, une corruption et une médiocrité inouïes dans l’impunité totale, volatilisant (comme une goutte d’eau sur un fer chauffé à rouge) tout espoir de création durable de richesses. Après 60 ans d’indépendance, les Maliens continuent de mourir de faim étant assis sur des mines d’or. Après 60 ans d’indépendance, où sont les entreprises maliennes de BTP, d’exploitation industrielle de l’or, du ciment et autres matériaux de construction, de transformation de nos produits agricoles ? Il y en a très peu ou pas du tout quand on sait que celles qui existent arrivent à peine à fonctionner. Le secteur minier malien au niveau étatique se caractérise comme suit : l’absence de vision, de stratégie, de volonté politique.
Depuis 60 ans (en 1968, 1991, 2012, 2020,…), c’est le même cycle (CRCRPN): Crise économique (récession) ; revendications socio-corporatistes ; crispation politique et diabolisation du régime ; renversement du régime ; période de transition ; nouveau régime politique ; crise économique. Jusqu’à quand nous allons nous maintenir dans ce cycle ?
Aliou Touré
Source: ledemocratre Mali