LE DIRECTEUR DE CABINET ADJOINT, MAHAMADOUN TOURE : «LA RECONSTRUCTION NE PEUT ETRE REUSSIE SANS DEVELOPPER LE SENTIMENT D’APPARTENANCE A LA MEME NATION OU UN CITOYEN NE PUISSE PAS CRAINDRE UN AUTRE»
Les membres du Cabinet du Premier ministre et les chefs des services rattachés ont participé, le lundi 22 juillet 2024 à la Primature, à la session d’appropriation du Programme national d’Education aux Valeurs (PNEV). Initié par le ministère de la Refondation de l’Etat, chargé des Relations avec les institutions, le PNEV a été lancé par le Président de la Transition, Assimi Goïta, le 23 avril 2024. Il vise «à construire le citoyen malien de type nouveau, le Maliden koura, qui va animer le nouveau système étatique à venir à bâtir», selon le ministre Ibrahim Ikassa Maïga.
Le panéliste, le professeur Almaouloud Yattara, a présenté le PNEV en développant les dix objectifs spécifiques s’articulant autour de cinq axes stratégiques pour la promotion de l’éducation civique, morale et patriotique basé sur le respect des valeurs et la bonne gestion des affaires publiques, la création d’espaces de veille citoyenne et de soutien à l’autorité parentale.
Ont ainsi été évoquées les valeurs «des hommes, de ce qu’ils font en bien ou en mal, de leurs idées, de leurs croyances, sentiments et conduites» à l’échelle de l’individu, du groupe, de la communauté et de la Nation, de la période des grands empires et des royaumes à nos jours. Ce sont, entre autres, le dévouement à la patrie, la générosité, l’honnêteté, l’intégrité, la bravoure, la droiture, la fidélité en amitié, le sens de la justice, la solidarité, l’humilité.
Elles sont incarnées par les souverains Makan, Sissé, Sonni, Askia et Fama, le navigateur explorateur précurseur Mandé Boukary, les pèlerins impériaux Mansa Sakoura, Kankou Moussa, Askia Mohamed, l’empereur Sonni Ali Ber qui a creusé le canal d’irrigation Tombouctou-Oualata, les familles maraboutiques Kounta, Kel Essouk et Mandé Mory, la Diina, première théocratie islamique instaurée par Sékou Amadou, les prêtres astrologues Tellems et Dogons avec le Sigui.
Elles sont aussi illustrées par la résistance à la pénétration coloniale menée par Babemba, Firhoun ou Chebboun, la lutte pour l’indépendance avec Modibo Keïta, les contributions intellectuelles universelles d’Amadou Hampâté Bâ, Bakary Kamian, Ogobara Doumbo ou Diola Bagayogo et des personnalités du monde culturel ou sportif comme Ali Farka Touré ou Salif Keïta Domingo.
Dans le contexte actuel marqué par la déperdition des traditions, il est devenu impérieux, et c’est l’objet même de l’appropriation du PNEV, de renforcer les valeurs traditionnelles comme fondement de la Refondation sur la base d’un modèle de vie humaniste.
Les contributions des participants ont porté, pour l’essentiel, sur la problématique des technologies de l’information, du financement, du Programme d’actions du Gouvernement (PAG), des langues nationales, de la communication, de la justice en tant que facteur de stabilité sociale, de l’éducation de l’enfant, du manque de savoir-vivre, de la nécessité d’appliquer les sanctions par des cellules de veille à l’instar de celles qui existaient autrefois dans les villages.
Aux questions, le ministre Ibrahim Ikassa Maïga, le chef de la Mission d’appui à la réconciliation nationale (MARN), Mohamed Coulibaly, et le panéliste Almaouloud Yattara, ont précisé que tout a été pris en compte dans le document et invité les participants à le lire.
Pour clore la cérémonie, le Directeur de Cabinet adjoint du Premier ministre, Mahamadoun Touré, a déclaré : «Tout ce qui a été dit ici participe de la reconstruction de la Nation et toutes les politiques publiques doivent normalement être bâties autour de ce thème central. La reconstruction ne peut être réussie sans développer le sentiment national, c’est-à-dire le sentiment d’appartenance à une nation, à une patrie, à un pays où un citoyen ne puisse pas craindre un autre citoyen». Il a ensuite promis : «Nous allons réussir cette reconstruction en donnant la priorité aux actions collectives». Cela passe entre autres, a-t-il ajouté, par la bonne distribution de la justice, le refus de la stigmatisation et la sanction de la faute.
CCRP