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Résultat primaire de la droite: François Fillon ou la victoire de la France droite dans ses bottes

Pour l’emporter, l’ancien premier ministre a concilié deux exigences de son camp: un programme très à droite et un style présidentiable.

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PRIMAIRE DE LA DROITE – “La victoire me revient; c’est une victoire de fond bâtie sur des convictions”. Dès ces premiers mots prononcés au soir de son triomphe, François Fillon fait plus que jamais du François Fillon. Ni emphase ni excès de gloriole chez l’ex-Mr Nobody, éternel abonné à la deuxième place, qui vient de remporter la primaire de la droite avec le score stratosphérique de 65,5% des suffrages exprimés. Ni émotion ni état d’âme non plus chez cet ancien séguiniste, gaulliste social convaincu, devenu le Margaret Thatcher tant attendu par la droite libérale française.

Fillon l’ultra-conservateur qui veut revenir sur l’adoption plénière pour les couples homosexuels, Fillon l’ultra-libéral qui veut “casser la baraque” du modèle social français “pour le reconstruire autrement”… Si beaucoup a été dit et écrit en cette courte semaine d’entre-deux-tours, on a souvent omis de rappeler que Fillon était aussi le candidat le plus présidentiable de cette primaire de la droite. Et c’est précisément ce qu’ont plébiscité ses électeurs.

Le prototype du présidentiable de droite

Autant sinon plus “droitier” que ne l’était Nicolas Sarkozy sur le fond, François Fillon n’a jamais cédé sur la forme aux gesticulations identitaires “hystérisantes” (le mot émane d’un socialiste) de l’ancien président de la République. Avec Fillon, pas de procès en bling bling (à peine un procès en coquetterie pour le gentleman farmer de la Sarthe) mais l’image d’Epinal de la famille traditionnelle: catholique affiché, hostile “à titre personnel” à l’avortement, marié à la même épouse et père de cinq enfants, un manoir dans son fief rural.

A la peopolitisation qui gangréna le quinquennat de Nicolas Sarkozy, François Fillon a toujours opposé son dédain pour les mondanités, refusé les invitations dans les talk-shows à la mode. Deux exceptions: les photos de famille (à l’ancienne) dans les magazines people et une participation du bout des lèvres à l’émission politico-intime de Karine Le Marchand. François Fillon, “c’est le feu sous la glace”, disait de lui son amie Roselyne Bachelot. Autrement dit: un tempérament qui ne déteint pas sur la fonction, abîmée par deux quinquennats successifs qui ont ulcéré l’électorat conservateur.

Pas de casserole judiciaire (hormis l’affaire Jouyet qu’il traîne comme un boulet) lui qui a fait de la “dignité” un axe de sa campagne anti-Sarkozy (“qui aurait imaginé de Gaulle mis en examen?”), plaidant inlassablement en faveur de l’exemplarité en politique. Pas de petites phrases humiliantes pour étriller tel ou tel adversaire ou pour tresser ses propres lauriers. Si bien que lorsqu’il annonce qu’il fera le rassemblement de son camp autour de lui, personne ne doute que c’est ce qu’il fera.

Une radicalité à l’épreuve des urnes

Pas sarkozyste sur la forme, mais pas juppéiste sur le fond. Si François Fillon a convaincu le peuple de droite, c’est par la “radicalité” d’un programme de “rupture”invitant les Français à se serrer la ceinture, quitte à multiplier les cadeaux aux plus riches pour les inciter à investir en France.

Sa promesse: publier tout son programme avant la primaire et ne pas en dévier jusqu’au second tour de l’élection présidentielle. Une stratégie droite dans ses bottes qui annonce des lendemains qui déchantent, à prévenu en vain son rival Alain Juppé. “Ceux qui se disent modérés ont déjà baissé les bras”, lui a rétorqué François Fillon qui entend s’appuyer sur ses quelques 2,8 millions d’électeurs de ce dimanche pour porter son projet en 2017. Une légitimité incontestable déjà validée par les sondages mais qu’il va falloir faire fructifier.

Car son ancrage très à droite, s’il lui a ouvert grand les portes de l’investiture, s’annonce aussi comme un handicap en vue de l’élection présidentielle. Les centristes de l’UDI valideront-ils sont programme “souverainiste” pour l’Union européenne? François Bayrouira-t-il jusqu’à se présenter contre lui? Saura-t-il s’adresser à l’électorat jeune et populaire désespérément absent de la primaire?

“Les électeurs de la droite et du centre ont trouvé dans ma démarche les valeurs françaises auxquelles ils sont attachés”, résume sobrement le candidat des Républicains à l’élection présidentielle. Son plus grand défi? Convaincre le reste de la population française qu’il peut être davantage que le candidat incontesté d’un camp.

 

Geoffroy Clavel

Chef du service politique, Le HuffPost

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