Après l’échec de plusieurs missions de médiation entre IBK et le M5-RFP qui demande sa démission, la CEDEAO ne se décourage pas. Goodluck Jonathan, au Mali, depuis quelques jours, dépose sur la table la carte d’une nouvelle rencontre IBK-M5-RFP sous sa supervision. C’est en tout cas ce qui est ressorti de sa rencontre, mercredi dernier, avec une délégation du mouvement contestataire.
Ce que Goodluck Jonathan et les responsables du M5-RFP se sont dit !
Le président du comité stratégique du mouvement du 5 juin-rassemblement des forces patriotiques, Dr Choguel Kokalla Maiga, s’est adressé à la presse à la sortie de la rencontre avec le missionnaire de la CEDEAO. « Goodluck Jonathan a demandé à rencontrer le M5-RFP. Nous l’avons rencontré ce soir. Il nous a demandé, de façon express, qu’il souhaite organiser une rencontre entre IBK et le M5-RFP », a expliqué le président par intérim du FSD.
Selon l’ancien patron de l’AMRTP, le M5-RFP a dit à Goodluck que la crise que traverse le Mali n’est pas uniquement liée aux dernières législatives comme pense la CEDEAO. «Nous avons indiqué à Goodluck Jonathan qui a reconnu d’ailleurs, pour la première fois, qu’ils ont compris que les problèmes du Mali ne sont pas seulement des questions électorales ou de gouvernement, mais des questions plus profondes, des questions de gouvernance », a rapporté Dr Choguel Kokalla Maiga qui a ajouté : «Il nous a dit que toute la communauté internationale : l’Union africaine, l’Union européenne, l’ONU, les pays membres du conseil de sécurité sont tous aujourd’hui conscients que les vrais problèmes du Mali sont des questions de gouvernance ».
À en croire le collaborateur de Soumaila Cissé, le M5-RFP a indiqué à Goodluck que toutes les recommandations faites par la CEDEAO pour la résolution de cette crise violent le texte fondamental du Mali. « Nous lui avons dit qu’en conséquence, il est important qu’il comprenne que toutes les décisions que la CEDEAO a eu à prendre violent la constitution de la République du Mali. Et que si on s’habitue, chaque fois qu’un gouvernement a des difficultés, qu’un Président a des difficultés, à faire des arrangements qui violent la constitution, nous créons un précédent dangereux pour la stabilité institutionnelle du pays », a déclaré Dr Maiga face aux hommes de médias.
Le M5-RFP a aussi expliqué à l’envoyé de la CEDEAO la répression, les arrestations et condamnations de ses militants par le pouvoir d’IBK. « Les militants du M5-RFP sont arrêtés, jugés, expédiés en prison. Le ministre de la Justice profère régulièrement des menaces contre les militants du M5-RFP », a déploré le président du MPR.
Les raisons du refus du M5-RFP de rencontrer IBK !
Le comité stratégique du M5-RFP a tenu une réunion le mercredi, tard dans la nuit, pour statuer sur la demande de Goodluck Jonathan. Le mouvement a, au cours de cette réunion, réservé « une fin de non-recevoir » à ladite proposition. Le M5-RFP a expliqué les raisons de son refus dans un document soumis à Goodluck Jonathan. Ces raisons sont au nombre de quatre (4). Elles sont, entre autres : l’étonnement et l’indignation du M5-RFP sur le silence observé par la CEDEAO à la suite des propos graves et inacceptables tenus par M. Ibrahim Boubacar Keita lors du dernier sommet des chefs d’État de la CEDEAO contre notre Mouvement et son Autorité morale l’Imam Mahmoud Dicko. Le M5-RFP attend de M. Ibrahim Boubacar Keita des excuses à la suite de ses propos diffamatoires ; le M5-RFP ne saurait rentrer dans aucune logique de discussions avec M. Ibrahim Boubacar Keita aussi longtemps que ses militants feront l’objet de chasse à l’homme par les forces de répression du régime et de condamnations expéditives à de lourdes peines de prison faisant ainsi d’eux de véritables prisonniers politiques. Le M5-RFP exige par conséquent leur libération pure, simple et définitive ; le M5- RFP attend également la mise à la disposition de la justice des commanditaires, des auteurs et complices des tueries des 10,11 et 12 juillet 2020 qui devraient ainsi répondre devant les juridictions nationales et internationales de leurs actes criminels ; M. Ibrahim Boubacar Keïta n’a jamais répondu à la demande de sa démission formulée par le M5-RFP et toute éventuelle rencontre devrait juste servir de cadre pour définir les modalités de son départ avec son régime .
Le mouvement a, par ailleurs, précisé qu’il reste ouvert au dialogue.
Boureima Guindo
Source: Journal le Pays-Mali