Ils étaient trois ministres dont les noms ont été cités dans l’ignoble et rocambolesque affaire de l’achat de l’avion présidentiel et d’équipements militaires.
Pour rappel, Mme Bouaré Fily Sissoko, alors ministre de l’Économie et des finances, Moustapha Ben Barka, ministre des Investissements et de l’industrie, Mahamadou Camara, ministre de l’Economie Numérique et de la Communication au moment des faits, ont été doublement indexés dans le rapport du Bureau du Vérificateur Général et celui de la Cour suprême. Ces trois ministres, selon lesdits rapports, ont joué des premiers rôles dans la passation des marchés tant dans l’achat de l’Aéronef présidentiel que dans celui des équipements militaires. Ces deux affaires, faut-il le rappeler, ont, non seulement discrédité le Mali, mais aussi et surtout ont valu une suspension de l’aide bilatérale et multilatérale des bailleurs de fonds comme le FMI, la Banque Mondiale et l’UE envers le Mali.
Il ressortait des rapports d’enquête de ces deux structures habilitées à le faire au regard de la loi, que toutes les procédures de passation des marchés ont été violées et par conséquent elles ont recommandé des poursuites et des sanctions contre tous ceux qui sont impliqués dans ces affaires. Qu’est ce qui empêcherait IBK d’attendre l’aboutissement de la saga judiciaire avant de réhabiliter les trois suspects surtout que personne ne doute de leur compétence technique ? Présumerait il de leur innocence avant la lettre ?
Fort malheureusement, au mépris de toutes les critiques populaires, à contrepieds des attentes des PTF cette décision de trop est prise par bon nombre de maliens comme de la raillerie d’une partie de son électorat, comme une totale indifférence d’IBK à la souffrance et au cri de colère de son Peuple. En somme pour IBK, « le chien aboie, la caravane passe ». IBK n’a trouvé comme réponse aux multiples préoccupations et aspirations du moment que de continuer la promotion de sa famille et alliés contre qui pèsent de lourds soupçons de surfacturation. La nomination de Moustapha Ben Barka comme Secrétaire Général Adjoint de la Présidence de la République est loin d’apaiser la situation déjà volatile entre le Mali et ses donateurs. En dépit de ses compétences avérées il ne perdait rien d’attendre.
Il est fort à parier que dans les jours ou les mois à venir, Mme Bouaré Fily Sissoko et Mahamadou Camara se verront aussi appelés à des postes de responsabilité plus grands que ceux qu’ils occupaient avant. Ne dit-on pas que Camara est attendu à la tête de l’Autorité Malienne de Régulation des Télécommunications/TIC et Postes (AMRTP) ? Et Fily comme Ambassadrice quelque part loin des tintamarres de la République ?
Par cette nomination de Ben Barka, oh combien de fois maladroite, IBK, s’attirera non seulement la colère de son Peuple qui est avide de connaître la vérité toute la vérité sur ces affaires. Ben Barka à la présidence c’est provoquer l’ire des bailleurs de fonds qui ne comprendront pas l’attitude des autorités face cet imbroglio judiciaire. Nos PTF seront outrés par la lenteur constatée dans le traitement de ces dossiers et soupçonneront les autorités d’enfreindre à la bonne marche de la Justice.
Il est à rappeler qu’une des exigences pour la reprise de la coopération avec les bailleurs, a été sans nul doute la poursuite et la sanction contre les responsables des malversations financières. Attendus à la fin du mois de mars, les bailleurs de fonds remettront-ils sur la table la question judiciaire ? Evalueront-ils la performance du Mali en termes de respect des procédures de passation des marchés et même de la relance de l’économie ? Le Président IBK rectifiera-t-il le tir pour éviter à son Peuple d’autres déboires ? Ces questions ne trouveront leurs réponses que dans un sursaut patriotique d’IBK en faisant son auto critique et en revenant en arrière. Dans le cas contraire, son Peuple pourrait lui afficher son carton rouge en disant que « TROP C’EST TROP ».
Youssouf Sissoko
SOURCE : Inf@sept