Les masques sont enfin tombés le jeudi dernier. L’éléphant annoncé avec le choix du candidat du CDR a donné lieu à un spectacle désolant qui heurte la morale et le bon sens. En un mot, c’est la honte qui ne tue plus sous nos cieux qui est morte.
Les valeurs morales qui caractérisaient la société malienne ont disparu depuis longtemps, surtout avec l’irruption faite par un certain Ras Bath sur la scène politique nationale. En tous cas, le scénario du jeudi prouve à suffisance que pour des intérêts, certains sont capables de tout. Quitte à vendre leur âme au diable. Le rejeton de Mohamed Aly Bathily, Ras Bath, et son mouvement fantomatique dénommé CDR ont décidé de se liguer avec Soumaïla Cissé pour la présidentielle. Non, vous ne rêvez pas ! Il s’agit bien du président de l’URD et candidat de la fameuse coalition pour l’alternance et le changement. Celui-là même dont Ras Bath qualifiait de « satan » dans un passé récent. Il y a quelques mois, Ras Bath estimait que Soumaïla Cissé est même « un assassin ». Il a affirmé que le cadavre d’IBK valait mieux que le vivant de Soumaïla Cissé en termes de gestion des affaires publiques.
« Kolo té nin na (la langue n’a pas d’os)», dit l’adage bambara.
Rasta et son CDR avaient prôné aussi le changement et l’alternance. Sauf que leur choix n’incarne ni le changement encore moins l’alternance, comme ils le disaient eux-mêmes, il y a peu. Comme par magie, le diable d’hier est devenu un ange au point que le Ras Bath se ligue avec lui ? Il est le seul à avoir le secret de ce revirement à 360°.
Soumaïla Cissé est loin d’apporter le changement escompté, car c’est un fruit du système que Ras Bath dénonce. En évoquant l’alternance, le CDR semble ignorer le sens de ce mot. Qui ne désigne point la rupture avec un système, mais plutôt un remplacement du prince du jour.
Le choix de Soumaïla Cissé est un non-événement pour beaucoup d’observateurs de la scène politique. Car, le portrait-robot dressé par Ras Bath du candidat que son mouvement allait soutenir était connu d’avance. Deux semaines avant, dans une de ses émissions, il affirmait que leur candidat doit être un homme qui a un parti ou un mouvement politique très connu et bien implanté. Aussi, Ras Bath voudrait que leur candidat soit à mesure de les assurer une dizaine de sièges à l’hémicycle.
Un non-événement pour eux, car le monde du CDR, que Ras Bath aime à qualifier de ‘’lézards’’, est constitué pour la plupart de saisonniers venus chercher leur pitance à Bamako. Ils ne sont pas enrôlés et en conséquence ne voteront pas. Aussi, dans ce petit groupe de va-t-en guerre, tout le monde n’est pas pour le choix de Soumaïla Cissé. En témoigne les milliers de vidéos des membres du CDR à travers le monde qui dénoncent ce choix.
L’alliance du CDR à la cause de Soumaïla, pour certains, n’a rien de profitable pour le candidat. C’est plutôt des poids morts qu’il accueille, au risque de fragiliser ces petits soutiens.
C’est malheureux de voir toute cette débauche d’énergie de l’activiste se résume à une question d’intérêts. Ses partisans sont persuadés qu’il a vendu leur cause au profit d’un homme avec lequel ils ne partagent aucune valeur autre que la haine pour le président IBK et son régime.
Rasta dévoile enfin aux Maliens son vrai visage d’opportuniste et d’arriviste. C’est normal, dirait l’autre, car il a tellement duré dans le chômage qu’il était obligé de se créer un emploi. Sentant sa fin, il est obligé de se remplir les poches en attendant la traversée du désert qui risque d’être rude.
Pour sûr, Rasta confirme que dans ce pays, la honte ne tue plus, car elle est morte depuis le jeudi dernier.
Dieu veille !
Jean JACQUES
Source: Azalaï-Express