Le diktat mitterrandiste des années 1990/ 1991 a abouti à l’installation de la démocratie ou tout au mieux du multipartisme dans certains pays de l’Afrique au sud du Sahara surtout ceux issus d’anciennes colonies françaises.
A l’époque, certains Chefs d’Etats très avisés ont su vite anticiper sur les événements. D’autres au contraire, fiers de leur autorité, jouant à la duplicité ont usé de subterfuges, d’atermoiements et au final, ils ont été balayés par les forces populaires. C’était l’agonie du parti unique et la fin de certaines dictatures. Ainsi, au fil du temps, des présidents ont été démocratiquement élus ; des parlements et des gouvernements issus de partis légalement constitués ont été mis en place. Avec cette nouvelle donne, l’on a cru que c’en était fini de l’autoritarisme, de la dictature d’un parti, surtout de l’exclusion qui met en hibernation de hauts cadres compétents doués et engagés.
Hélas, de nos jours, dans beaucoup de pays, en lieu et place du monopartisme il est apparu une démocratie de façade. C’est le règne de l’exclusion, du paternalisme, du culte de la personnalité, de la flatterie et du mensonge. De hauts cadres sont relevés, méprisés par le seul motif qu’ils sont d’un autre parti. Ce n’est pas l’homme qu’il faut à la place qu’il faut, mais l’homme qu’if faut là où la puissance du parti l’as mis. Ce n’est pas la démocratie, ce n’est pas ça le vrai exercice du pouvoir. Dans beaucoup de pays, seule la majorité présidentielle a droit à la parole, seuls les cadres de cette majorité sont nommés.
Malheureusement que cela soit érigé en système car au niveau de certains services, que de directeurs, que de chefs de services sont de véritables relayeurs de ce mot d’ordre. Que dire, que faire, ce sont les cadres ou du moins certains cadres et chefs de partis ambitieux qui jouent dangereusement à ce jeu. Sans doute que tout Président a besoin d’une majorité sur laquelle il doit s’appuyer pour gouverner mais cela doit être fait sur une base saine. Lorsque presque tous les partis pour des intérêts précis, par des calculs politiques renoncent à leur identité pour aller former la majorité, il ya là un acte dangereux synonyme d’un multipartisme de façade. Ils oublient que ce regroupement vite formé est tout à fait assimilable à un parti unique. Voici là une triste réalité et cela est visible ; patent dans de nombreux pays africains. Cette entité établie devient si forte qu’elle méprise, qu’elle est la seule à s’exercer. IL est très facile dans les systèmes actuels qu’il y ait vite la glissade parce que le parti au pouvoir devient le seul parti vrai vers lequel tous accourent chacun avec ses calculs. Beaucoup d’intellectuels, beaucoup de cadres, beaucoup de chefs de partis, ne peuvent imprégner aucune identité à leur formation. Encore qu’ils sont à tort ou à raison les vrais torpilleurs de la démocratie. Oublient- ils qu’un parti politique, c’est d’abord l’exercice du pouvoir. Renoncer à cela pour quelque motif que ce soit, c’est une fuite en avant, un encouragement, une complicité à la résurgence du parti unique. Ceux qui sont aux commandes, ceux qui ont de façon légale l’exercice du pouvoir ne doivent pas jouer à affaiblir les partis politiques, ils doivent pouvoir refuser certaines alliances contre nature qui tuent la démocratie. Si l’on ne prend garde, la déception sera grande parce que ce qui était reproché au parti unique est là, présent, manifeste tous les jours. D’ailleurs beaucoup se diront qu’un parti unique vaut mieux qu’un multipartisme de façade où seul un parti a le monopole de tout.
Alphonse
SOURCE: Ségou Tuyè