Exilé au Sénégal depuis cinq ans, l’ancien président malien Amadou Toumani Touré (ATT) est attendu, le 24 décembre 2017, à Bamako. ATT avait fui le Mali en 2012, après avoir été renversé par un putsch du capitaine Amadou Sanogo. Toujours populaire dans le pays, ATT peut servir les desseins du président Ibrahim Boubacar Keita (IBK) qui entend se représenter aux élections de juillet 2018.
La nouvelle s’est répandue comme une trainée de poudre au Mali. Après plus de cinq ans d’exil au Sénégal, l’ancien chef de l’Etat malien Amadou Toumani Touré devrait fouler, dimanche 24 décembre, le tarmac de l’Aéroport international de la capitale malienne.
Celui qu’on surnomme ATT avait été chassé du pouvoir à la fin de son deuxième mandat. Le 21 mars 2012, à un mois de l’élection présidentielle malienne, des soldats enmenés par le capitaine Amadou Haya Sanogo, prennent la radiotélévision publique et mènent l’assaut à coups de lance-roquettes sur le Palais présidentiel. Le président ATT contraint à la fuite, se réfugie au camp militaire Djicoroni, encore loyal, puis à la résidence de l’Ambassadeur du Sénégal à Bamako qui organise son exfiltration pour Dakar.
Le capitaine putschiste Amadou Sanogo justifie son coup de force par la colère qui monte depuis des mois dans les casernes, en raison du manque de moyens et d’armes pour contrer la rébellion touarègue dans le nord du Mali. Las des promesses présidentielles, les bérets verts du camp de Kati marchent sur Bamako.
Amadou Sanogo restera une vingtaine de jours au pouvoir, avant de céder sa place au président de l’Assemblée nationale, sous la pression des pays de la région (CEDEAO). Les Touaregs du MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad) profitent alors de ce vide du pouvoir pour conquérir une partie du nord-Mali.
Hier accusé de haute trahison, aujourd’hui accueilli en héros
Le président ATT a échappé de peu à une mise en accusation devant la Haute cour de justice pour «haute trahison». Beaucoup voient dans le dernier mandat de l’ex-président l’illustration d’une passivité d’Etat avec l’affaiblissement de la défense malienne face à la rébellion et aux terroristes du nord-Mali. Devant son manque de réaction face à l’avancée des groupes terroristes, certains l’accuseront même de laxisme vis-à-vis des trafics de drogues et des remises de rançon.
Mais l’Assemblée nationale malienne a voté à l’unanimité, en décembre 2016, le rejet de la mise en accusation (pour haute trahison) d’Amadou Toumani Touré. Plus que cette levée des poursuites, une entente avec le président Ibrahim Boubacar Keïta aurait facilité ce retour au pays, selon la presse locale.
L’actuel président du Mali, qui joue sa réélection en 2018, compte-t-il exploiter le capital de sympathie d’Amadou Toumani Touré pour parvenir à ses fins? Citant un communiqué du PDED, un parti d’opposition, «IBK et ATT se sont mis d’accord sur les conditions du retour de l’ex-président», écrit le quotidien l’Indépendant.
Redorer le blason d’IBK
«Les préparatifs sont en cours pour bien accueillir ATT. Il le mérite amplement. Le Mali a besoin d’une véritable réconciliation», assurre Aliou M. Maïga, le président du Mouvement pour le retour d’ATT.
La réconciliation des Maliens est l’objectif du retour de l’ancien président dans un pays gangréné par la pauvreté et l’islamisme. A cette occasion, le capitaine Sanogo, toujours en résidence surveillée, pourrait être libéré.
«IBK est le grand gagnant du retour d’ATT» affirme Diala Thiény Konaté dans MaliActu.net. «IBK entend tirer bénéfice du retour de celui qui était son rival politique et qu’il a longtemps soupçonné de lui avoir volé la victoire en 2007.»
Les partisans d’ATT et tous les Maliens, qui voient en lui «le père de la démocratie malienne», en seront reconnaissants à IBK. Cette réconciliation nationale suffira-t-elle à redorer le blason d’IBK et le faire gagner en 2018?
Le Bilan du président sortant, à ce jour, semble trop maigre, pour lui assurer une victoire à la prochaine présidentielle. La force des Nations Unies au Mali à connu ces derniers jours de nombreuses attaques dans la région de Kidal. Le pays connaît égalements des troubles sociaux, manifestations étudiantes et mouvements de grèves, signes d’un mécontentement important. Le président ATT va pouvoir visiter sa famille, mais il n’est pas question pour lui, à ce jour, de reprendre une activité politique de premier plan.
Source: Francetvinfo