Après sa sortie jugée critique contre la gestion de la transition, le Premier ministre Choguel Kokalla MAÏGA est sous le projecteur de plusieurs mouvements politiques qui condamnent et se démarquent de son discours. Parmi lesquels, le Collectif pour la Défense des Militaires (CDM) et l’Alliance pour la Refondation du Mali (AREMA) qui exigent le départ du président du Comité stratégique du M5-RFP pour ’’haute trahison’’ et « pour faute grave et atteinte au crédit de l’État».
En commémorant le 1er anniversaire de la reprise de la ville de Kidal, le bastion de rebelles et leurs alliés terroristes, le Premier ministre a tenu un discours controversé. Ses propos qui dépeignent une gestion mitigée de la rectification de la transition sont mal perçus par des partisans, dit-il, de la 25e heure.
Une occasion, pour eux, de retourner la manivelle en condamnant et se démarquant du discours du président du Comité stratégique du Mouvement du 5 juin Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP).
Au lendemain de cette sortie, le Collectif pour la Défense des Militaires (CDM) monte au créneau et s’interroge « sur la cohérence et la pertinence des sorties depuis un certain temps du chef du gouvernement, le Docteur Choguel Kokalla MÄIGA ».
Les sorties de ce dernier, poursuit ce collectif, ne cadrent pas avec son rôle d’acteur de la transition.
Sauf, pour Choguel, il est tenu à un devoir de vérité afin de permettre aux Maliens de savoir « à quoi s’en tenir ».
Depuis plus d’une année, le Premier ministre dénonce sa mise à l’écart dans le cadre de la gestion des dossiers de la transition.
Cette fois-ci, il a affirmé avoir appris le ‘’léger report’’ des élections dans les médias au même titre que les autres Maliens. La décision annoncée à la télévision nationale a été prise, de manière unilatérale, sans consultation et sans débat au sein du gouvernement, s’indigne le leader du M5-RFP.
Pour le collectif, alors que Choguel appelle au respect de l’accord signé avec les militaires, les propos du Premier ministre ne signent-ils pas la fin du pacte de confiance et d’honneur qui liait les deux partenaires ?
«Au regard de ces quelques éléments émanant de ses longs discours réquisitoires contre les autorités de la transition, il apparaît évidemment que le Dr Choguel Kokalla MAIGA a trahi sa mission et s’inscrit désormais dans une logique de délation des autorités de la transition», a affirmé CDM dans son communiqué de presse, estimant que le processus de la Refondation doit inéluctablement se poursuivre. Mais, propose-t-il, sans le président du Comité stratégique du M5-RFP.
Ainsi, le CDM sollicite les autorités du Mali « afin de tirer toutes les leçons des agissements des uns et des autres pour donner à l’action gouvernementale un nouveau souffle, toute sa cohérence », tout en exigeant la démission du PM pour haute trahison dans un délai de 72h.
Le CDM a annoncé la tenue d’une conférence de presse aujourd’hui à son siège sur cette affaire.
Cette sortie de Choguel MAÏGA vient relancer le débat sur son départ à la Primature, un poste qu’il occupe depuis plus de trois ans et il estime « ni mon titre de Président du Comité Stratégique du M5-RFP, ni celui de Premier ministre ne sont usurpés ».
En effet, l’Alliance pour la Refondation du Mali (AREMA), cet autre soutien de la Transition, souligne avoir appris avec surprise le discours du président du Comité stratégique du M5 qui trahit « ses véritables intentions et ses actions de déstabilisation de la Transition qu’il prétend défendre contre bec et ongle ».
Défendant les militaires, l’Alliance pour la Refondation du Mali (AREMA) affirme qu’en réalité la réaction vise à satisfaire son ego personnel et « mettant ainsi à nu son incapacité à rassembler les forces vives de la nation ».
L’AREMA, à l’image du CDM, demande aux militaires promus généraux de prendre toutes les mesures idoines pour mettre fin à la cabale et libertinage sournois et parabolique d’un Premier ministre qui, pour elle, depuis longtemps est isolé par toutes les forces vives de la nation.
« Par conséquent et eu égard à tous ces manquements aux valeurs institutionnelles qui doivent caractériser un Homme d’État de telle pointure, l’AREMA demande avec insistance au Président de la Transition, le Général d’Armée Assimi GOÏTA, la révocation pure et simple du Premier Ministre Dr Choguel Kokala MAÏGA pour faute grave et atteinte au crédit de l’État », relève le communiqué.
Sachant qu’il sera visé après ces propos, pour Choguel « l’essentiel, c’est de ne pas être accusé plus tard de m’être tu sur la vérité, sur les risques et menaces qui pèsent actuellement sur la Transition, en un mot, d’avoir manqué à mon devoir de redevabilité ».
PAR SIKOU BAH
Source : Info Matin