Le gouvernement a annoncé des contrôles réguliers du port du casque sur l’ensemble du territoire. Il s’agit des contrôles routiers réguliers qui seront organisés sur le port du casque de protection à partir du 1er décembre 2022. Cette annonce a été faite par le ministère des Transports ce lundi 24 octobre 2022 et qui a précisé qu’ils seront suivis de l'application effective de la réglementation le 1er janvier 2023.

Le port du casque est obligatoire pour les conducteurs d’engins à deux et trois roues motorisés, ainsi que leurs passagers, conformément aux dispositions du Code de la route, a tenu à rappeler le département en charge du transport. Une décision qui toutefois reste diversement appréciée car on se rappelle encore des anciens régimes qui ont tenté d’imposer vainement cette mesure radicale. C’est dans ce contexte que notre rédaction a tendu son micro aux usagers pour connaitre leurs points de vue sur cette épineuse question.

Boukary Kiabou, Electricien : Selon moi, on ne doit pas rendre obligatoire cette mesure. Chacun de nous est conscient du rôle que joue un casque pour les motocyclistes. Généralement, lorsqu’on oblige le citoyen malien à faire quelque chose, dites-vous qu’il ne le fera pas. Ainsi, qu’on laisse le libre arbitre à tous de porter ou non le casque pour sa sécurité. Aussi, il faudra tenir compte des personnes qui conduisent périodiquement les engins, ces personnes évidemment ne possèderont pas de casque et le cas va créer un problème. Donc j’espère que les autorités prendront en compte tous les facteurs déterminants avant l’application d’une telle mesure.

Kadidiatou Keita, Etudiante en informatique : En ce qui me concerne, je ne vois aucun problème à cela. Je suis étudiante j’approuve pleinement cette décision mais reste à savoir si tout le monde sera du même avis. Il y a eu tellement d’étudiants qui ont perdu la vie suite aux accidents sur la route de mon université. Je suis sûre que si la plupart portait des casques, ils seraient probablement vivants aujourd’hui.

MK : Je ne sais pas pourquoi on vient nous embêter avec cette mesure. Par le passé, ça n’a pas marché alors rien ne prouve que ça marchera encore cette fois-ci.

Pour ma part, je ne tiens pas à porter un casque lors de mes déplacements. Déjà quand je suis à moto, je conduis très prudemment et je fais attention au respect du code de la route. Venir nous imposer encore de porter le casque est un  faux débat dans la mesure où il y a encore plusieurs défis à relever. Il faut d’abord revoir l’état de nos routes, agrandir si possible les chaussées et ensuite imposer le port des casques. On n’essaie toujours de nous faire payer des amendes bidon.

Cheickina Coulibaly, agent commercial : vu la croissance des accidents et le nombre élevé des motocyclistes, je pense que cette idée de porter les casques est la bienvenue. Cependant j’émets des réserves. J’estime que le délai pour la mise en application de cette mesure est trop court. Mais si réellement, le gouvernent veut contribuer à sauver la vie des motocyclistes, alors il sera judicieux de commencer à réduire considérablement le prix des casques sur le marché. Nous savons tous que les conditions économiques actuelles ne sont pas évidentes, tout est cher et la vie est très dure alors il faudra au préalable subventionner les prix des casques afin que cela soit à la portée de tout le monde. Après ça, on pourra parler de cette histoire de casque.

Madou Konaré, Mécanicien : Vous connaissez le prix d’un casque sur le marché ? Ça ne coute pas moins de 10.000 F CFA, un bon casque en tout cas. Je pense que de telles mesures doivent s’appliquer de façon progressive et non subitement. Déjà on arrive difficilement à joindre les deux bouts à cause de la cherté de la vie et là, vous venez nous imposer cette histoire de porter obligatoirement les casques… Je ne suis franchement pas d’accord avec ça. L’Etat doit se pencher sur d’autres enjeux tels que la réduction des prix des denrées de premières nécessités comme le riz, le sucre, l’huile etc. Au lieu de cela, on nous parle de porter les casques. Ça n’a pas de sens.

Aboubacar Coulibaly, Enseignant : je partage amplement cet avis. On n’a pas besoin d’être un médecin pour savoir que le port des casques peut nous sauver la vie. Il y a de nombreuses personnes décédées qui au moment de leur accident si elles portaient des casques seraient encore de ce monde. Hélas, beaucoup de gens pensent qu’à travers cette initiative, le gouvernement essaie de se mettre plein les poches avec le soutien des commerçants. Loin de là, je crois que cette mesure nous concerne, nous usagers car les plus hautes autorités du pays ne circulent pas en moto. Cette minorité qui se tient à la tête des départements ministériels et des différents postes de l’administration circulent tous en voiture, alors ils ne risquent pas grand-chose en cas d’accident. Pour ma part, j’ai déjà mon casque depuis que je me suis acheté une moto. Je ne sors jamais sans  casque et je conseille à tous mes frères d’en faire pareil pour la sauvegarde de leur vie. On ne le souhaite pas mais en cas d’accident, le casque est la seule chose qui puisse nous sauver la vie.

Issa Diallo, Médecin : Je salue cette décision d’une importance capitale. Après tout, dans un pays comme le Mali, il faut avoir du cran pour instaurer une telle loi. En tout cas, j’attends de voir si elle sera appliquée. Par le passé, on en a parlé mais rien n’a changé. C’est tomber dans des oreilles de sourds et les usagers ont continué à circuler librement sans casque jusqu’au jour d’aujourd’hui. Je ne peux hélas pas dresser de statistique précise sur le nombre de commotion cérébrale que nous  enregistrons suite aux accidents de circulation. Beaucoup de gens y perdent la vie tandis que d’autres s’en sortent complément traumatisés pour le restant de leur jour.

Alors, je trouve qu’il est plus qu’urgent d’imposer le port des casques à tous les détenteurs de moto et cela quel que soit leur âge et leur emploi. Cela va contribuer à réduire le nombre de victime suite aux accidents de circulation. Vous-même, vous l’aurez constaté, on ne peut pas faire un seul jour sans entendre parler d’un cas d’accident. Au moins, les cas graves seront fortement réduits et de nombreuse vie pourront être sauvée.

Zoumana Coulibaly, Menuisier : c’est bien beau de parler du port des casques mais il faudra tenir compte de certains facteurs. Je ne dis pas que je suis contre, mais au préalable, le gouvernement doit réduire le prix des casques. Exemple les fixer à 5000 FCFA afin que chacun puisse s’en procurer. Sinon, tant que le prix ne baisse pas, les gens seront réticents et voudront jamais acheter un casque à 15.000 FCFA ou 20.000 FCFA surtout avec ces conditions de vie extrême. Comme le dit l’adage, ‘’ aux grands maux, il faut les grands remèdes’’ alors le gouvernement doit ouvrir le bal en nous cassant le prix de cet élément essentiel dans la conduite de la moto.

Ahmadou Sékou Kanta

Source: Le SOFT