Dans un article publié le 5 mars 2018 et intitulé « La bataille de koulouba promet », voilà ce qu’on pouvait lire : « Trois principaux groupes politiques dont les contours se dessinent progressivement vont se retrouver sur le terrain pour briguer la magistrature suprême même si, comme d’habitude certains tenteront une aventure solitaire dès le 1er tour. Il y a d’abord la majorité présidentielle conduite par le RPM qui se battra pour la défense du bilan et la réélection d’IBK. Ensuite, l’opposition traditionnelle conduite par son chef de file se maintient dans la logique du « Tout sauf IBK ». Enfin, une aile jeune et distante de l’opposition traditionnelle demande une alternance fondée sur la sanction du système et des acteurs en place depuis 1992. Moussa Mara apparaît comme le porte étendard de cette aile qui a tout intérêt à s’engager pour la stabilité du pays et la transmission pacifique du pouvoir. »
A moins de deux mois du 1er tour de l’élection présidentielle, cette tendance se confirme même si Modibo Sidibé apparaît dans le groupe des jeunes. Après vingt-cinq ans passés dans l’appareil d’Etat, il n’a pas trouvé d’affinités avec IBK ou Soumaïla et il n’a pas non plus pris le risque de tenter une aventure solitaire après l’essai de 2013. C’est politiquement bien pensé et bien calculé. En effet, s’il négocie bien le virage du 1er tour, il aura le soutien de ceux qui se font appeler « Les bâtisseurs », une coalition tirée par deux anciens premiers ministres suffisamment présents sur le terrain pour mobiliser et constituer un bon électorat. Si c’est Mara au contraire qui négocie mieux que lui le virage, il jouera le rôle important d’aîné qui accompagne humblement son cadet. Il aura ainsi un avenir même en cas de rajeunissement de la classe politique.
Le schéma est totalement différent en ce qui concerne Soumaïla Cissé qui a pris et continue à prendre de gros risques. D’abord, tout montre qu’il n’a pas réussi à constituer un front uni de l’opposition malgré son statut officiel. Ensuite, l’équipe qui l’entoure en ce moment fait peur par ses pulsions bellicistes dans un Mali fatigué de la crise et de la violence. Pour preuve, son directeur de campagne n’est pas un adepte du bon ton ni avec IBK, ni avec personne d’autre. Un élu célèbre pour son goût prononcé de la provocation et du pugilat bande constamment ses muscles à ses côtés. Le père Bathily qui aurait pu être un bon directeur de campagne pour IBK a finalement choisi de rejoindre son fils terrible à ses côtés. Tout ce qui est excessif est finalement nuisible. Soumaïla qui jure désormais au nom du père et du fils s’est-il assuré que le Saint Esprit est dans le coup ? Rien n’est moins sûr. Il y a trop d’ego, de fortes têtes et de rancœur autour de lui pour espérer créer un groupe efficace. Comme IBK va certainement bénéficier de la prime au sortant, « Les bâtisseurs » ont eu le nez creux en se démarquant nettement des va t-en guerre et en se positionnant comme une opposition plutôt constructive. Avec eux sur la ligne de départ, Soumaîla devra se battre pour accéder au second tour.
De grâce, que les politiciens nous épargnent les affres de la violence sous toutes ses formes, qu’ils nous prouvent au contraire que leur amour pour le Mali est plus fort que leur désir de devenir président de la république. Comme on aime à le dire au bord de la Lagune Ebrié : « Tout près n’est pas loin ».
Mahamadou Camara
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