Malgré son semblant de réconciliation avec ses protégés du RPM (lors du 18ème anniversaire du parti), IBK a-t-il vraiment fumé le calumet de la paix et du retour de la confiance avec son parti ? Il semble que non. Le chef de l’Etat serait dans la dynamique d’un renvoi d’ascenseur au parti qui l’a propulsé sur la scène nationale et internationale, l’ADEMA-PASJ.
Dans nos démocraties africaines en construction, analysent les observateurs avertis de la scène politique, deux départements ministériels sont fondamentalement stratégiques pour assouvir des ambitions politiques majeures. Il s’agit du ministère de l’Administration territoriale et celui de l’Education nationale. Ce sont les deux départements véritablement « nationaux », c’est-à-dire ceux dont les services couvrent, en long et en large et dans tous les aspects, toute l’étendue du territoire nationale. Et ces deux départements sont actuellement pilotés par deux hauts cadres de l’ADEMA-PASJ : l’inusable stratège ancien maire de la commune V et président des municipalités du Mali, Boubacar Bah et le dynamique ancien député Dr Témoré Tioulenta
En effet, en nommant Boubacar Alpha Bah dit Bill et Dr Témoré Tioulenta respectivement ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation et ministre de l’Education Nationale, IBK a semble avoir confié les clés de la République au parti de l’abeille ? Et, dans la perspective des prochaines élections, particulièrement, la présidentielle de 2023, qui se prépare d’ores et déjà, le parti du président Alpha Oumar Konaré et de Pr Dioncounda Traoré est quasiment en rampe de lancement pour son…renouveau.
A travers le maillage du territoire par le biais des nominations de gouverneurs, préfets et sous-préfets, qui relèvent de sa tutelle, le ministre de l’Administration du territoire développera une certaine assise et une influence certaine sur ces administrateurs de toutes les zones du vaste territoire national. Son collègue de l’Education Nationale aura lui, la latitude d’étendre les tentacules de son influence politique sur les directeurs des Centres d’animations pédagogiques (DCAP) et, par ricochet sur les enseignants pour renforcer son parti dans le Mali profond.
Par ces mécanismes, le parti de l’abeille, confient des analystes, bénéficie de la bouderie discrète qu’IBK témoigne au RPM, qui l’avait défié avec la motion de censure contre le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga. Il semble que le locataire de Koulouba n’a point digéré ce camouflet inédit, malgré les apparences trompeuses affichées lors de la célébration du 18ème anniversaire de ce parti.
Les responsables adémistes conscients de cette réalité, veulent ytirer profit de ce désamour en s’organisant sereinement dans la perspective des prochaines échéances électorales. Ils sont confortés de leurs chances avec la nomination de Dioncounda Traoré comme Haut Représentant du président de la République pour le centre du pays. Une nouvelle perche qu’IBK tend à son bienfaiteur devant l’Eternel qu’est le président Alpha Oumar Konaré. C’est convaincu de cette réalité que le président du parti de l’abeille se garde bien de critiquer le fonctionnement de la majorité présidentielle. « L’ADEMA reste attaché aux principes fondateurs du regroupement EPM, qui n’a pas épuisé son rôle historique. Nous n’avons, à ce jour, conclu aucune autre alliance politique en dehors de l’EPM auquel nous restons attaché ». En tenant récemment ces propos avec la solennité requise, le président de l’ADEMA-PASJ, Pr Tiémoko Sangaré, voulait couper l’herbe sous les pieds de l’ASMA-CFP de l’ex-Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga, qui annonçait, récemment à Ségou, que son parti projette mettre sur pied un nouveau regroupement politique avec son allié l’ADEMA et d’autres.
Comme quoi, Tiémoko Sangaré connaît où se trouvent ses intérêts personnels (il est pressenti pour une nomination stratégique imminente) et ceux de son parti qui, visiblement, est dans les grâce du…. « camarade Ibrim » !
Nous y reviendrons.
Bruno D SEGBEDJI
Mali Horizon