Le Centre de recherche et de formation sur le Paludisme et ses partenaires continuent réaliser des prouesses dans la lutte contre le paludisme. Ils ont présenté, hier lundi 6 septembre 2021, à l’hôtel Radisson Collection, les résultats d’un essai avec le vaccin antipaludisme RTSS (Mosquirix) avec ou sans chimioprévention du paludisme saisonnier.
Selon les chercheurs, l’addition du vaccin RTSS à la CPS réduit davantage l’incidence des hospitalisations pour paludisme grave de 70% et celle des décès liés au paludisme de 73%. L’étude a été financée par le Medical Research Council du Royaume Uni et le Centre pour l’innovation et l’accès aux vaccins de PATH. Le vaccin RTSS a été donné par GlaxoSmithKline.
La restitution des résultats a été faite en présence du directeur du Programme national de lutte contre le paludisme, le Dr Idrissa CISSÉ ; du directeur du Centre de recherche et de formation sur le paludisme, le Dr Abdoulaye DJIMDÉ ; du chercheur principal, le Pr Alassane DICKO et de plusieurs sommités de la recherche scientifique dans notre pays.
Dans ses propos introductifs, le Dr Idrissa CISSÉ a salué le travail remarquable des chercheurs maliens dans la lutte contre le paludisme. Selon lui, l’objectif recherché est d’aboutir à l’élimination de cette maladie. Aux dires du Dr CISSÉ, ce vaccin est une grande prouesse qui va révolutionner la lutte contre le paludisme.
Le responsable de l’Université des sciences techniques et des technologies de Bamako a salué la collaboration qui a permis d’arriver à ce résultat. Il a déclaré avec satisfaction que malgré tous les problèmes qu’il traversait, notre pays restait débout scientifiquement.
Le directeur du Centre de recherche et de formation sur le paludisme a ajouté que sa structure s’investissait dans la formation des chercheurs et la recherche, en général. Selon lui, l’objectif est de produire des résultats pour aider le Programme national de lutte contre le paludisme et le ministère de la Santé.
Dans sa présentation, le Pr Alassane DICKO a largement expliqué l’efficacité de ce vaccin qui a été expérimenté avec succès. Selon lui, les recherches sur la vaccination saisonnière avec le vaccin RTSS (Mosquirix) en combinaison ou pas avec la chimioprévention du Paludisme Saisonnier (CPS) ont concerné environ 6 000 enfants âgés de 5 à 17 mois dont 3 143 au Mali, notamment à Bougouni, Koumantou et Ouelessebougou et le reste à Houndé au Burkina Faso.
Le Pr DICKO a indiqué que les résultats qui venaient d’être publiés dans la très prestigieuse revue scientifique américaine ‘‘New England Journal of Medicine’’, le 25 août 2021, ont montré que comparée à la CPS seule, l’addition du vaccin RTSS à la CPS réduit davantage l’incidence des hospitalisations pour paludisme grave de 70% et celle des décès liés au paludisme de 73%.
« Ce qui veut dire qu’une réduction substantielle du fardeau du paludisme pourrait être obtenue avec l’ajout du vaccin RTSS à la CPS chez les enfants de moins de 5 ans », s’est réjoui le chercheur principal.
Il a rappelé que la CPS était une stratégie de lutte contre le paludisme recommandée par l’OMS depuis 2012 et largement mise en œuvre au Mali, au Burkina Faso et les autres pays du Sahel. Une stratégie qui consiste à administrer des médicaments antipaludiques aux enfants pendant la période de haute transmission pour prévenir le paludisme.
« La vaccination saisonnière avec le vaccin RTSS s’est également avérée aussi efficace que la CPS pour protéger contre les accès palustres paludisme clinique », a informé le Pr Alassane DICKO.
L’on apprend que les résultats ont été présentés à différents partenaires dont l’OMS qui est en train de les étudier avant de faire des recommandations et donner éventuellement son quitus pour la vulgarisation de cette stratégie prévention contre le paludisme expérimentée par des chercheurs maliens.
En effet, après près de deux décennies de progrès, la baisse des cas et des décès dus au paludisme s’est arrêtée ces dernières années dans la plupart des pays. Selon le Rapport mondial sur le paludisme 2020 de l’OMS, il y a eu 229 millions de cas de paludisme et environ 409 000 décès dus au paludisme en 2019, la plupart survenant chez des enfants de moins de cinq ans. 94% des cas et des décès surviennent en Afrique au sud du Sahara.
PAR MODIBO KONÉ
Source : Info-Matin