Native de Koutiala, âgée de 27 ans et pétrie de talent, Ouassa Sogoba est leader vocale du groupe ‘’Duophonie’’, créé en 2017 dont elle est la seule femme. Multi-instrumentiste de son état, elle est la première femme joueuse de l’instrument mélodieux ancestral du Mali ‘’le Balafon’’, mais aussi de la Guitare Basse, du Tam-Tam (Djembé), du Tama, de la la batterie et du Tambour (Doundou).
Son feeling dit presque tout sur son amour pour l’art au vrai sens du terme. Toujours habillée en tenue traditionnelle malienne, elle attache du prix à son objectif, qui est un sacerdoce pour elle, à savoir la musique.
Elle est sortante de l’Institut National des Arts (INA) en tant qu’artiste comédienne et actuellement étudiante en musique au Conservatoire des Arts et Métiers Multimédia Balla Faséké Kouyaté en licence II, la musique est innée en Ouassa.
« On ne devient pas artiste, on nait artiste » dit-elle, comme elle le croit pour en faire un objectif. D’où son attachement total à la musique et aux différents instruments musicaux, principalement le Balafon, en tant que Minianka d’origine.
La musicienne chanteuse est issue d’une fratrie de huit enfants dont elle est la cadette. Célibataire sans enfant, l’amour de la jeune dame pour le Balafon n’est pas le fruit du hasard, c’est dans le sang. Son père a été un grand danseur de cet instrument traditionnel d’antan et ses grands-parents fredonnaient des chansons traditionnelles dénommées ‘’Fitiara’’ sous les rythmes du Balafon, lors des grandes cérémonies locales.
Ainsi, avec la passion de la musique, Ouassa quitta sa terre natale (Koutiala) pour Bamako dans le but de venir s’inscrire à l’Institut National des Arts (INA) pour étudier la musique. Sa surprise fut grande quand on la découragera en ces termes : « Pour avoir le concours de la musique ici, il faut être l’enfant d’une star ou payer ». Sans lâcher prise, elle n’a point abandonné son désir même si elle sera obligée d’opter pour l’art dramatique audit Institut. Etant dans cette branche, la native de Koutiala a été séduite par les mélodies harmonieuses du balafon d’où elle apprendra petit à petit cet instrument avec l’appui du Pr Karim Bengaly, professeur de musique à l’INA et au Conservatoire Balla Faséké Kouyaté, et l’encouragement d’Aïchata Dembélé ancienne percussionniste, devenue policière à présent. Ainsi, après cette étape, Ouassa étudie actuellement de la musique au Conservatoire Balla Fasséké Kouyaté.
« Je joue beaucoup d’autres instruments comme j’ai eu à le dire mais ce qui m’a encore séduit davantage à m’intéresser au balafon, est qu’aucune femme malienne ne jouait cet instrument et de plus, d’en faire de son métier. Je suis la première. J’ai été également membre du Groupe’’ Kaladjula Band’’ de la célèbre Cantatrice Nainy Diabaté pendant quelques mois où je jouais encore le balafon» fera-t-elle savoir avec fierté.
Au regard de son talent, le Pr Karim Bengaly, initiateur du groupe ‘’Duophonie’’, n’a pas douté a donné à la jeune dame toute sa chance. Dans ce groupe, elle chante et joue le balafon en même temps. Ce groupe a eu à participer à plusieurs Festivals nationaux comme entre autres, le ‘’Festival International de Koumantou’’, ‘’Festival Arts Femmes’’, ‘’Festival International Didadi’’, Festival de ‘’Balafon et de Djembé’’ dont ils ont eu une Attestation de Reconnaissance en 2019, et celui du sous régional ‘‘Festival International de Djéguélé’’ en Côte d’Ivoire, avec des formations et de multiples rencontres d’échanges.
Dotée d’une forte personnalité, avec un caractère trempé, digne des braves femmes de la 3ème région, la demoiselle Sogoba se dit indépendante de tout et vis-à-vis des vices de cette vie sur terre. Cela à cause de son travail, qui lui a forgé une certaine autonomie financière. Elle est aussi soutenue par sa famille résidant à Koutiala, chose qu’on voit rarement dans le milieu artistique surtout à l’égard d’une femme. Néanmoins, comme toutes jeunes artistes, elle n’épargne pas aux difficultés de la vie artistique. « Dans chaque milieu, il y a des difficultés, de mon côté, elles se résument à la recherche, qui est capitale. Les difficultés de pouvoir connaître d’autres chansons venant de chez nous. Cependant, j’affronte beaucoup de soucis à ce niveau. Car on peut tomber sur des personnes aimables et sympathiques, tout comme le contraire. Il y a également le regard négatif de la société » a affirmé l’artiste.
Pour la petite histoire, la musicienne se rappelle d’un acte relatif au fait d’avoir été interpellée un jour lors d’un évènement social auquel elle était percussionniste, par une dame qui lui a incité à abandonner ce qu’elle fait. A ses dires, d’après cette dernière, le métier fait par elle n’est pas digne d’une femme. « Donc, il y a plein de ces cas que je rencontre, mais étant donné que je ne vole pas, je ne me prostitue pas, ni être entretenue par un homme et je gagne bien ma vie à la sueur de mon front, alors je poursuis ma passion »a-t-elle fièrement exprimé.
Comme perspective, Mlle Sogoba aimerait bâtir un Centre de Formation pour les jeunes filles afin de leur faire apprendre des instruments musicaux pour promouvoir la culture malienne notamment auprès des femmes dans le but de montrer qu’il n y a plus un job exclusivement pour homme et pour femme. Comme cri de cœur, elle lance un appel à la gente féminine de redoubler d’efforts pour chercher à être autonome au prix de leurs efforts déployés.
A noter qu’avant d’embrasser ce milieu artistique, Ouassa Sogoba a été une footballeuse, ayant joué avec le Club AS Réal de Bamako dans le Championnat National Féminin et au sein de l’Equipe Nationale Junior du Mali.
Par Mariam SISSOKO
Source: Le Sursaut-Mali