Une semaine seulement après les explications du ministre de l’Éducation nationale sur la «fameuse affaire Collège Horizon», devant l’Assemblée nationale, c’est le tour des députés de l’opposition de mobiliser, jeudi dernier, tout un gouvernement autour de la même question, à l’hémicycle de Bagadadji, comme si la vie de la République se limitait là.
Mais, paradoxalement, au même moment, ce sont plus de 100 000 étudiants qui ne vont pas à l’école, depuis deux mois, à cause de la grève illimitée des professeurs.
Pis, plus de 150 000 enfants ne peuvent pas aller à l’école, à cause de l’insécurité dans le Nord et le Centre du Mali. Mais dont les sorts ne semblent préoccuper personne ? Quelles peuvent être les raisons de ce regain d’intérêt vis-à-vis de cette affaire dite de Collège Horizon ?
«Une tempête dans un verre d’eau», créée autour d’intérêts égoïstes et de calculs politiciens. C’est ainsi que beaucoup d’observateurs ont qualifié l’acte posé par l’opposition politique de notre pays, le jeudi dernier à l’Assemblée nationale.
De quoi s’agit-il réellement ? En effet, malgré les explications et assurances données par le ministre de l’Éducation nationale sur la fameuse affaire des désormais ex-établissements «Collège Horizon», voici des personnes de mauvaise foi, ou qui y ont des intérêts douteux tentent d’en faire le scandale du siècle, comme s’ils manquaient d’autres motifs de préoccupation dans notre pays.
En effet, une semaine après l’interpellation d’un député de la majorité présidentielle, en l’occurrence Zoumana N’Ti DOUMBIA, l’opposition populiste s’est saisie au rebond de la même affaire pour tenter certainement de l’amplifier ? Pour quel intérêt ? Certainement pour lui donner des dimensions politiques, celles qu’elle n’a pas en tout cas. Et pour cause, le ministre de l’Éducation nationale, Mohamed Ag ERLAF, avait été d’abord suffisamment clair devant la presse, le 25 août dernier, à son département et devant les députés, ce jeudi 14 septembre 2017, lors de son interpellation par le député DOUMBIA.
Selon Mohamed Ag ERLAF, « ce changement de tutelle est une décision concertée entre deux entités souveraines qui n’ignorent guère les préoccupations de leurs gouvernés ».
Mieux, a-t-il expliqué, concernant d’éventuelles menaces pesant sur l’avenir des 3 000 étudiants des établissements du désormais ex-Collège Horizon, suite à ce changement, des garanties ont été données par la partie turque, à travers le Protocole en vue de satisfaire les parents d’élèves et même le personnel.
Le département de l’Éducation, a-t-il indiqué, a le devoir de veiller sur le respect de ces engagements.
«La loi nous autorise à donner les agréments et nous permet également de les retirer. C’est en toute souveraineté que les deux États ont pris cette décision », a-t-il déclaré avant de clarifier que ce n’est pas une affaire de personnes, mais de rapport entre États.
M. Ag ERLAF a par ailleurs rassuré les députés qu’il n’y a pas de menace pour l’avenir des enfants, ni pour les maîtres de même que pour les propriétaires des bâtiments où sont installées les écoles «Collège Horizon ».
«Les élèves et leurs parents n’ont aucun souci à se faire. Le Protocole d’accord signé entre les deux parties a suffisamment pris en compte les intérêts du personnel de la direction et des enseignants des établissements, les préoccupations des élèves et leurs parents », a indiqué le ministre de l’Éducation nationale.
Le coordinateur de la Fondation Maarif de Turquie, qui va désormais prendre le relais, a également, de son côté, rassuré les journalistes:
«La Fondation Maarif de Turquie s’engage à préserver les emplois de tout le personnel de la direction et des enseignants des établissements ».
Mieux, le nouveau repreneur s’engage «pour une qualité supérieure ou égale ; un salaire supérieur ou égal, sans augmentation des frais scolaires pour les parents et les enfants ».
De ces assurances, l’opposition insouciante et irresponsable n’en a que faire. Au fait, pour assouvir ses désirs populistes, elle pense qu’il faut faire revenir le gouvernement devant les députés pour inventer la roue, devant les micros et les caméras.
Mieux, elle exige à ce que les informations «les plus confidentielles de la République» soient étalées sur la place publique ?
Quel drôle d’opposition qui aspire pourtant à gouverner ce pays un jour ?
Ainsi, cette fois-ci, ce n’est pas le ministre de l’Éducation nationale qui répondra aux questions, mais le chef du gouvernement en personne, qui s’est déplacé avec une bonne partie de son équipe.
On se moque des dossiers de la république qui les attendent pendant ce temps. Ce qui importe pour l’opposition interpellatrice, c’est son nombrilisme politique, c’est la satisfaction de son désir populiste.
Et pourtant, au-delà de ce tapage autour d’un éventuel risque de perturbation de l’année pour 3000 élèves, l’avenir des dizaines de milliers de nos étudiants des Universités de Bamako, s’assombrit, dans l’anonymat le plus total, sans que personne ne daigne lever le petit doigt. En fait, il y a plus de deux mois, ces étudiants ne vont plus à l’école parce que leurs professeurs sont en grève illimitée.
Que dire des 150 000 élèves du Nord et du Centre de notre pays qui ne peuvent pas aller à l’école également, à cause de l’insécurité, depuis plus de quatre années ?
En tout cas, selon un rapport de Amnesty International rendu public, le vendredi 22 septembre 2017, intitulé Mali: ‘’Violations and abuses as instability spreads’’, publié en prévision de l’Examen périodique universel (EPU) du Mali en janvier prochain, «en juin 2017, plus de 500 établissements scolaires étaient fermés dans les régions où des groupes armés sont actifs, notamment celles de Gao, Kidal, Ségou, Mopti et Tombouctou».
Où est passée l’opposition ? Où est son sérieux ? En tout cas, elle gagnerait mieux à informer le peuple sur ces réelles préoccupations que de tenter de créer une tempête dans un verre d’eau autour d’un problème qui n’en est pas un. Récupération politique si tu nous tiens !
Par Sidi Dao
Source: info-matin