« L’islam a toujours fait partie de l’Amérique ». Dans un discours passionné prononcé depuis une mosquée de Baltimore, Barack Obama a mis en garde, le 3 janvier, contre la « rhétorique haineuse » visant les musulmans dans la campagne des primaires pour la présidentielle du 8 novembre.
À neuf mois du scrutin qui désignera son successeur, le président américain a pointé du doigt – sans les citer nommément – ceux de ses adversaires républicains qui font des amalgames entre « des actes terroristes et une religion ».
« Récemment nous avons entendu une rhétorique inexcusable contre les musulmans américains, des propos qui n’ont pas leur place dans notre pays », a-t-il lancé, dans une allusion claire aux propos du milliardaire Donald Trump qui a proposé, dans la foulée de la fusillade de San Bernardino (Californie) d’interdire l’accès des musulmans aux États-Unis par crainte d’attentats jihadistes.
Une « visite qui arrive au bon moment »
« C’est une année électorale et nous voyons déferler toute cette haine anti-musulmans. Cette visite arrive au bon moment », a estimé Riham Osman, du Muslim Public Affairs Council.
Mais Donald Trump n’est pas le seul candidat à la Maison Blanche à avoir tenu des propos ayant suscité une vague d’indignation. Il y a également le chirurgien à la retraite Ben Carson qui a lui estimé qu’il n’était pas concevable « de mettre un musulman en charge de cette nation ».
« Une attaque contre une religion est une attaque contre toutes les religions », a martelé Barack Obama, rappelant au passage que les catholiques – parmi lesquels John F. Kennedy, l’un de ses prédécesseurs – et les juifs avaient aussi été la cible de virulentes attaques au cours de l’histoire américaine.
Soulignant l’importance de ne pas faire d’amalgame entre « une petite fraction de musulmans qui propagent une vision pervertie de l’islam » et « une écrasante majorité des musulmans du monde qui voient leur religion comme une source de paix », le président américain a appelé ces derniers à dénoncer haut et fort toutes les dérives en leur sein. « À travers l’ensemble du monde islamique, les voix influentes devraient en permanence s’exprimer », a-t-il lancé.
Première visite d’Obama dans une mosquée aux États-Unis depuis son arrivée au pouvoir
Si le président Barack Obama s’était déjà déplacé dans des mosquées au Caire, à Jakarta ou encore à Kuala Lumpur, c’est la première fois depuis son arrivée au pouvoir en 2009 qu’il se rendait dans un lieu de culte musulman sur le sol américain. Un déplacement chargé en symboles, réclamé de longue date par les organisations musulmanes américaines, intervenu finalement plus de six ans après le discours du Caire (juin 2009).
Vous n’êtes pas musulmans ou Américains, vous êtes musulmans et Américains.
Dans cette allocution, entamée en arabe par un « Salam aleikum » (« Que la paix soit sur vous »), Barack Obama avait également appelé à tourner la page d’un « cycle de méfiance et de discorde » entre les États-Unis et le monde musulman.
Soulignant que le nombre de musulmans aux États-Unis était relativement faible (un peu plus de trois millions selon le Pew Research Center, soit 1 % de la population), Obama a appelé les Américains à ne pas tomber dans les caricatures. Et les musulmans à revendiquer fièrement leur identité. « Vous n’êtes pas musulmans ou Américains, vous êtes musulmans et Américains. Vous n’avez pas à choisir entre votre foi et votre patriotisme », a-t-il lancé.
Obama, un musulman ? Le président américain répond
Fils d’un père kényan et d’une mère américaine, Barack Obama, dont le grand-père s’est converti à l’islam, a passé une partie de son enfance en Indonésie, pays musulman. Une rumeur, relayée depuis des années sur internet par divers groupuscules, affirme qu’il est musulman, malgré les affirmations sans équivoque de ce dernier sur sa foi chrétienne.
Mercredi, il a fait, dans un sourire, une allusion à cette légende tenace : « Les opposants de Thomas Jefferson [troisième président des États-Unis] ont essayé de suggérer qu’il était musulman… Je suis en bonne compagnie. »
Mais la visite la plus célèbre d’un président dans une mosquée située sur le territoire américain restera probablement encore pour longtemps celle de son prédécesseur, le républicain George W. Bush. Six jours après les attentats du 11 septembre 2001, revendiqués par Al-Qaïda, il s’était rendu dans une mosquée de Washington. « L’islam, c’est la paix », avait-il lancé dans une brève allocution restée dans l’Histoire, soulignant que « le visage de la terreur » n’avait rien à voir avec cette religion pratiquée par des centaines de millions de personnes à travers le monde.
Source: Jeune Afrique