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MOUSSA Joseph MARA, EX-PM DU MALI : « LA VIE EST UNE COMPÉTITION DE L’ENFANCE À LA VIEILLESSE… »  

Cette semaine, votre rubrique « Quand j’avais vingt ans«  est allée à la rencontre de Moussa Mara, président du parti Yéléma/Changement et ancien Premier ministre du Mali. M. Mara est un homme politique très influent au Mali malgré sa jeunesse. Pour réussir une si belle carrière, il a travaillé dur et aujourd’hui, bien qu’il soit immensément riche et à l’abri du besoin, il travaille plus de 12 h sur 24. Portrait.

moussa joseph mara ancien premier ministre yelema

« Il ne se fatigue jamais« « Il est toujours le premier à venir au boulot et le dernier à rentrer« « C’est une machine humaine, malgré l’argent et l’influence qu’il a, il travaille comme un stagiaire qui veut apprendre« , etc. C’est le concert d’éloges de proches collaborateurs de Moussa Mara. Du Cabinet d’expertise-comptable Diarra à la Primature en passant par la mairie de la Commune IV, il observe le même comportement depuis plus de 21 ans, soit la moitié de sa vie.

 

A 42 ans, le président du parti Yéléma a déjà une riche carrière derrière lui. En plus de son influence dans l’arène politique malienne, c’est un expert-comptable réputé dans la sous-région et même en Europe. Ce natif de Darsalam, malgré les conditions favorables dont il a bénéficié dès sa naissance avec le soutien de sa mère (une commerçante aisée de Bamako), a très vite été « un homme de principe« , engagé pour son propre développement, celui de son quartier et plus tard du Mali tout entier.

« La vie est une compétition, il faut faire le double des autres pour rester le meilleur« 

L’ancien Premier ministre du Mali, Moussa Mara, est né le 2 mars 1975 à Bamako. Après l’obtention de son baccalauréat en 1990 au lycée Askia Mohamed de Bamako (série sciences exactes), il poursuit ses études supérieures en France notamment à l’Ecole supérieure d’informatique et de gestion de Paris (1991) puis à l’Ecole nouvelle de gestion des entreprises (1992) et l’Institut national des techniques économiques et comptables (1993-1994).

A son arrivée en France, il n’avait que 17 ans. A cet âge, il a été sevré de la chaleur maternelle et « abandonné à son propre sort« « Ma mère me soutenait toujours, elle me prenait en charge, mais j’étais seul dans un monde inconnu où je n’avais personne pour me guider« , dit-il. Entre lui et ses camarades de classe, le fossé était très grand. Il venait d’un pays où le niveau d’instruction ne pouvait égaler celui de la France.

« A mon arrivée en France, j’ai failli tout abandonner et rentrer à la maison. A cause des difficultés, ma mère voulait même que je rentre au pays. Mais, j’ai dit non. Il faut que je me batte pour ne rien regretter à l’avenir« se souvient-il.

Requinqué par sa volonté d’étudier, d’honorer sa famille,  son pays et d’être un bon ambassadeur de tout un continent, Moussa Mara redoublera d’effort et d’ardeur au travail. Il travaillera 18 h par jour, soit de 6 h du matin à minuit dans l’unique espoir de rattraper les autres, de les dépasser et d’être dans l’élite.

« Ce combat je l’ai gagné grâce aux efforts. J’ai fini par devenir le meilleur de la classe puis de mon université. D’abord j’étais 16e au classement sur 35, mais à la fin je me suis hissé à la première place ce jusqu’à la fin de mon cursus« , explique-t-il avec fierté.

Ce n’est pas tout. Il a profité du système universitaire français pour faire en trois ans ce que les autres étudiants faisaient en six ans. Une opportunité donnée aux seuls surdoués, mais avec sa ténacité il parviendra à réussir ce pari afin de retourner très rapidement auprès des siens pour apporter sa pierre à l’édification du pays. Il travaillera comme expert-comptable stagiaire en 1997 (à 22 ans) et expert-comptable diplômé en 2000 (à 25 ans). Moussa Mara a consacré toute sa vie professionnelle au renforcement des capacités et à la performance des organisations publiques et privées africaines.

Pourquoi la politique ?

Moussa Mara est née à Darsalam et a grandi à Lafiabougou, deux quartiers populaires de la capitale malienne. Il a partagé son enfance avec des jeunes moins aisés que lui. Jusqu’à son départ pour la France après le bac, il vivait parmi des gens qui n’avaient pas les mêmes moyens que ses parents. Il avait la chance d’avoir des cours à domicile, d’être choyé et très bien soutenu par ses parents, notamment sa mère.

La plupart de ses amis n’avaient pas cette chance. Il a donc grandi avec le social, la solidarité et l’obligation de partager avec les autres. « Je me souviens du ballet des gens dans notre famille pour suivre la télé surtout des films, le journal, etc. Cela m’a beaucoup marqué. Donc j’ai compris qu’il y a une différence de classe entre les gens. Certains ont de l’argent. D’autres n’en n’ont pas. Certains ont des familles aisées, d’autres non. Et très tôt j’ai beaucoup partagé avec mes amis qui n’étaient pas dans les mêmes conditions que moi. J’ai essayé de les soutenir. Cet esprit de solidarité ne m’a jamais quitté« .

Cette situation, greffée aux événements de mars 1991 quand Moussa Mara venait d’avoir son bac, a été déterminante dans les choix de l’homme.  Dès son retour au pays, après avoir obtenu son premier travail au cabinet Diarra, il a commencé à se préoccuper du sort des autres. Puis, il se mettra à agir pour eux. « J’ai commencé à intégrer les mouvements associatifs et progressivement le monde politique. J’ai un parcours un peu différent de beaucoup d’hommes politiques maliens, mes aînés surtout qui, dans leur jeunesse souvent dès leur adolescence,  étaient  dans la politique. Ils étaient aussi dans les mouvements de jeunesse ou dans les partis clandestins du temps de Moussa Traoré. Ils ont acquis de l’expérience dans ces mouvements, mais moi, j’ai appris sur le tas« , renchéri M. Mara.

Pour atteindre ses objectifs d’aide au développement local, il créera des associations dans le quartier, organisera les jeunes, les femmes et les commerçants. Cet engagement l’amènera à se présenter aux élections municipales en Commune IV du district de Bamako en 2004, alors âgé de  29 ans. Il gagnera la mairie en 2009 et 2011 contre le RPM, parti de l’actuel président du Mali, Ibrahim Boubacar Kéita.

Il sera aussi candidat aux législatives de 2007 (qualifié au second tour) et en 2010 il est porté à la tête du parti Yéléma avant d’être candidat aux élections présidentielles. Président ou président d’honneur de plusieurs associations de développement local ou de soutien à la jeunesse, M. Mara, père de quatre enfants, est président du conseil d’administration d’une école supérieure de gestion.

Il a à son actif plusieurs publications dont les difficultés comptables résolues selon le Système comptable ouest-africain (Syscoa) en 2000, « Pour un Mali meilleur : pistes de réflexions en 2006 », « Etat au Mali : présentation et diagnostic en 2011 », « Etat au Mali : pistes d’améliorations en 2012 », « La Jeunesse africaine : le grand défi à relever en 2016 » et de nombreux articles sur le Mali, l’Afrique et les sujets de préoccupations internationales de 2002.

Le conseil à la jeunesse

Toujours animé de l’ambition de faire mieux et de s’améliorer, Moussa Mara travaille sept jours sur sept de 6 h 30 à 18 h. Cet exemple, il veut le montrer à la jeunesse malienne. « Le corps humain s’adapte à tout. Je suis au bureau dès 6 h du matin et tous les jours que Dieu fait. Quand j’étais ministre puis Premier ministre, c’était pareil. Aujourd’hui, Dieu merci, si je veux je ne travaille même pas jusqu’à la fin de ma vie et mes revenus sont assurés. Mais, je continue à bosser parce que je veux toujours m’améliorer, je veux toujours  apprendre, je veux toujours produire, je veux toujours découvrir des choses« , dit-il avec hargne. Et d’inviter la jeunesse se battre. « Quand vous vous battez vous allez vous en sortir. Moi je ne crois pas du tout à l’intelligence, je crois au travail. Un homme qui travaille plus que les autres, il est plus fort qu’eux. S’il y a une leçon que je donne à mon parcours par rapport à ce que je suis, tout ce que je suis aujourd’hui, c’est le fruit du travail. Comme je l’ai dit je suis arrivé dans ce cabinet il y a 21 ans généralement à 21 ans les gens sont à l’école. Quand je suis arrivé ici j’étais avec d’autres jeunes, mais au bout de deux ou trois ans j’ai dirigé pratiquement le cabinet. Je développe le cabinet parce que je travaille toujours plus que les autres. Ici les gens viennent toujours pour me trouver et ils partent toujours me laisser. Même quand je suis leur patron je suis le premier à venir et le dernier à partir. Donc si vous bossez vous dépassez, si vous bossez vous progressez. Moi c’est ce que je demande aux jeunes« .

Pour le président du parti Yéléma, l’Etat et les parents ont un rôle à jouer dans la conscientisation de la jeunesse. Selon lui, l’éducation commence dès la famille. Les parents doivent inculquer la volonté d’apprendre aux enfants dès le bas-âge. « L’enfant doit arriver à l’école avec l’ambition d’apprendre et de s’améliorer. Il ne vient pas à l’école juste parce que les parents veulent qu’il aille à l’école. Il faut qu’il soit enthousiaste pour venir à l’école. C’est les parents qui inculquent ça aux jeunes. Après l’école doit être un cadre d’apprentissage où il y a la qualité, où il y a les moyens pour que la qualité puisse être de mise où les jeunes sont dans les bonnes conditions, donc il y a des efforts à faire au niveau du système éducatif« , analyse-t-il.

Il propose aux autorités d’orienter le système éducatif sur les forces du pays notamment l’agriculture, l’élevage, la pèche, l’agro-industrie au lieu des formations en langues, sciences humaines, etc. « Il faut privilégier les secteurs agricoles ensuite tout ce qui est science, technique, ingénierie, médecine. Chaque pays a besoin de ces types de profils. Nous aujourd’hui on forme plus dans le domaine de la littérature, des formations de support plutôt que dans les domaines de formation de production« , déplore-t-il.

Fan de football, Moussa Mara espère une prise de conscience à tous les niveaux (parents, élèves, enseignants, autorités) pour redresser le système éducatif malien. Pour lui, la réussite passera obligatoirement par cette prise de conscience et les réformes annoncées dans le système scolaire.

Sory I. Konaté

30minutes

 

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