Dans une interview très riche le président de « Sabati 2012″, Moussa Boubacar Bah, qui vient de boucler une visite aux États-Unis, casse la baraque, comme on dit, à propos des derniers évènements survenus à Kidal. Lisez plutôt !
Le Soir de Bamako: M. Le Président, vous venez de boucler une visite aux États-Unis sur une invitation du Gouvernement américain. Pouvez-vous nous parler des temps forts de cette visite ?
Moussa Boubacar Bah : A l’invitation du Gouvernement américain j’ai effectivement séjourné aux États-Unis dans le cadre du Programme « les visiteurs internationaux ». Un programme qui repère les leaders d’opinions, politiques et réligieux… afin de leur donner le moyen d’aller voir sur place les réalités des États-Unis, un peuple cosmopolite ayant réussi une union des plus rares au monde dans le strict respect des diversités des réligions, et fondamentalement encré dans la démocratie.
L’objectif étant de permettre à ces leaders dirigeants de demain de comprendre mieux la philosophie politique, le mode de vie et de fonctionnement de ce grand conglomérat de 52 États fédérés. Cette visite nous a permis de faire des rencontres importantes aux Secrétariat d’État américain, correspondant du Ministère des Affaires Étrangères ailleurs, à la Maison Blanche, au capitale, siège du congrès et du Senat réunis, le Pentazone…
Nous avons visité plusieurs États américains et rencontré des gens de divers horizons, des leaders religieux, de la société civile. Nous avons assisté et animé beaucoup de conférences dans les Universités, et sur une radio dite de la diaspora. La Fondation Bill Gate, l’Université George Washington, le Centre Jimmy Carter, Coca-Cola, le Centre Martin Luther King… ont été d’autres hauts lieux que nous avons eu le privilège de visiter et d’échanger avec des gens.
Par ailleurs, cette visite m’a permis de voir les États-Unis dans ses réalités, de comprendre le peuple américain avec ses qualités, mais aussi ses défauts. Si le respect de tous et de chacun dans leurs diversités est une bonne chose, l’écart entre les communautés blanches et noires en constitue encore une des tares visibles. Bref, cette visite m’a permis de m’imprégner de près et en profondeur des réalités de la société américaine, du peuple américain. Franchement parler, elle m’a permis d’avoir une autre perception des États-Unis, cette fois beaucoup plus profonde et positive.
Le Soir de Bamako : Avez-vous rencontré des gens particulièrement intéressés d’en savoir plus sur les réalités de la crise malienne ?
Moussa Boubacar Bah : Évidemment ! Même si j’ai aussi compris que les citoyens américains ne connaissaient pas l’Afrique, encore moins les États africains. Dans leur entendement, l’Afrique c’est plutôt un pays, et non un continent. Et peu d’entre eux qui connaissent le Mali, sinon l’Afrique ne le connaissent en fait que par la famine, la guerre…. Donc nous avons été beaucoup interpellés par rapport à cela, surtout par les intellectuels.
Pour ce qui nous concerne, nous avons été clair : au Mali il n’y a aucun clivage entre noirs et blancs, aucun clivage entre le Nord et le Sud ! Nous avons rappelé les efforts déployés pour développer le Nord, et aussi faire savoir que les Maliens n’aspirent qu’à une chose : le bonheur commun de tous, dans un Mali uni, en paix, prospère et émergent. C’est vrai qu’il y a des brebis galeuses qui ont pris des armes pour attaquer le Mali, blasphémer l’islam et faire croire à une division entre le Sud et le Nord.
Au regard des différentes interpellations, comme ce fut le cas à l’Université « George Washington », dans une mosquée à New Nork et sur une radio de la diaspora, nous avons compris que la diplomatie malienne à fort à faire encore pour une meilleure compréhension des réalités sociopolitiques du Mali par les Américains, et certainement par d’autres peuples du monde.
Le Soir de Bamako : La résurgence de la crise du Nord suite à la visite du Premier ministre Moussa Mara, le 21 mai dernier vous inspire quoi ?
Moussa Boubacar Bah : D’abord, nous nous inclinons devant la mémoire des patriotes qui ont perdu la vie suite à ces évènements. Ce qui s’est passé à Kidal est déplorable. Je crois qu’il y a eu beaucoup de spéculations autour de ce problème. Certains ont demandé la démission du Premier ministre, les bailleurs de fonds, et les amis du Mali ne sont pas contents… Mais, moi je ne vois qu’un seul groupe auxquel incombe en partie le problème du Nord, et ce groupe c’est le Mouvement National pour la Libération de l’Azawad (Mnla) !
Le Premier ministre du Mali n’a aucun problème à se rendre à Kayes, Koulikoro, Sikasso, Ségou ou à Mopti. Mais pourquoi ce régime d’exception qui fait qu’aucune autorité, même le Président IBK, ne peut se rendre à Kidal, ville malienne et partie intégrante du Mali ? Qui a créé cette situation à Kidal ? C’est le Mnla ! Sans leur attaque contre le Mali des terroristes n’allaient pas basphémer l’islam, il n’y aurait ni coup d’État, ni ces difficultés à Kidal. Le premier responsable c’est donc ceux qui ont créé cette situation d’exception à Kidal, à savoir les bandits du Mnla.
Certes il y a eu des erreurs collaterales, mais celles-ci ne doivent pas dédouaner le Mnla. Des erreurs collatérales disais-je, il y a eu, et ayons le courage de se dire, autant de la part des autorités maliennes que chez les « amis » du Mali, la communauté Internationale. Les Maliens ont fauté, en laissant notre armée dénudée d’armements et d’équipements, et en plus, mal formée. Des erreurs tactiques et techniques sont en partie responsables de la défaillance de l’Armée malienne.
La communauté internationale a pêché, en laissant le Mouvement National pour la Libération de l’Azawad (Mnla) occupé Kidal. Des pays amis du Mali ont servi leurs territoires, et les médias d’États de leurs pays au Mnla afin qu’il propage ses messages de haine, de guerre, et même à proclamer l’indépendance chimérique de leur soi-disant « Azawad », et à revendiquer les crimes odieux qu’il a commis au Mali. Leur « victoire » sur l’Armée malienne en janvier 2012 a même été profusé, et à travers des médias d’États des amis du Mali, par certaine chancellerie !
L’erreur de la communauté internationale a été de croire aux propagandes et intoxications du Mnla…
La suite dans nos prochaines éditions !
NB: La démission de l’ancien Ministre de la Défense et des Anciens Combattants, Souleymou Boubèye Maïga, la Commission d’enquête parlementaire demandée par celui-ci, … Suite des vérités sur les erreurs de la communauté internationale… Moussa Boubacar Bah verse ses vérités sur tous ces espects dans la suite de cette interview demain ! A lire absolument !
Propos reccueillis par Assane Sy DOLO