Sans surprise, l’ex-présidente a été élue triomphalement avec 62% des voix. Plébiscitée pour son programme ambitieux de réformes, elle a promis de mener « enfin les grandes transformations » dont le Chili a besoin.
Après ses près de 47% lors du premier tour de novembre, sa victoire écrasante faisait peu de doute. Trois ans après la fin de son premier mandat, la première présidente du Chili Michelle Bachelet a retrouvé la tête du pays dimanche. L’ex-chef de l’Etat a recueilli au second tour de la présidentielle 62% des voix contre 37,8% pour la candidate de la droite Evelyn Matthei.
Celle-ci a d’emblée reconnu la victoire deMichelle Bachelet lui adressant ses félicitations. Pour sa part, le président sortantSebastian Piñera a appelé la nouvelle présidente en direct à la télévision, une tradition républicaine prisée au Chili. «Vous avez obtenu une grande victoire», a déclaré Pinera qui avait lui-même succédé à Bachelet en 2010, «et je voudrais vous souhaiter le plus grand succès». Il lui a promis «une attitude constructive, patriotique car malgré nos différences, nous voulons la même chose: le meilleur pour le Chili».
Elue sur un programme ambitieux de 50 réformes, à mettre en vigueur dans les 100 jours suivant son investiture le 11 mars, Michelle Bachelet a promis de mener «enfin les grandes transformations» dont le Chili a besoin. Le pays, dont l’économie croît à un rythme annuel supérieur à 5%, connaît un développement spectaculaire depuis vingt ans qui a permis des avancées considérables sur la voie d’une éradication de l’extrême pauvreté, mais les inégalités persistent parmi ses 16,6 millions d’habitants. Elles furent au cœur du mouvement de contestation étudiante de 2011. Les nouveaux leaders du mouvement ne sont pas acquis à Michelle Bachelet et n’avaient pas appelé à voter pour elle.
Réformer en conservant le sérieux budgétaire
Michelle Bachelet, dans son discours de victoire a insisté sur l’urgence de construire un «Chili plus juste». «Ça ne va pas être facile, mais quand a-t-il été facile de changer le monde pour l’améliorer?» a-t-elle admis. Son programme est fondé sur une révision de la Constitution de 1980 héritée de la dictature, une réforme fiscale envisageant une augmentation de l’impôt des sociétés de l’ordre de huit milliards de dollars (3% du PIB) destinée notamment à une refondation du système éducatif et à l’amélioration du système de santé et des services publics. Michelle Bachelet, à qui la Constitution interdisait de briguer un deuxième mandat consécutif en 2010 malgré sa forte popularité, s’est toutefois engagée à maintenir le sérieux budgétaire qui caractérise le Chili depuis le début des années 1990.
La mise en œuvre de ses projets dépendra en grande partie du rapport des forces au Congrès. Sa Nueva Mayoria (nouvelle majorité) a remporté les législatives qui se sont déroulées en même temps que le premier tour, sans toutefois atteindre la majorité absolue. Or, si la majorité simple suffit à modifier la fiscalité, une majorité qualifiée est en revanche requise pour réformer l’éducation et le code électoral.
Pour la droite chilienne, l’élection de dimanche annonce une période de reconstruction. Elle réalise le plus mauvais score de son histoire mais Evelyn Matthei partait dans les pires conditions. Elle a été investie à la dernière minute, après une cascade de retraits de caciques de la droite. Elle a également souffert de l’impopularité du président sortant Sebastian Piñera et des liens passés entre sa famille et la junte d’Augusto Pinochet, son père étant général.
SOURCE / FIGARO