Lorsque le prêcheur Bandiougu Doumbia disait, il y a quelques semaines que les djihadistes ont gagné la bataille livrée contre eux, il ne s’est pas certainement trompé. En effet, en ce qui concerne le pays Dogon, ce constat est une réalité de nos jours, malgré que les autorités aient été averties depuis longtemps.
Au pays dogon, les populations pour ce qui reste des survivants ne dorment que d’un œil. Les villages sont devenus des ruines et les villageois dès la tombée de la nuit, se terrent dans leurs huttes. Plus de marché hebdomadaire pour ces quelques populations qui vivent encore sur l’espace de leurs ancêtres. Les animaux sont enlevés chaque jour que Dieu fait, mettant ainsi cette brave population dans une pauvreté extrême. Qui l’aurait cru, sous la gouvernance d’IBK ?
Le 6 mars dernier, un homme avec une voix affaiblie à cause de ce qu’il a vu avertissait un animateur de radio en ces termes : « Depuis dimanche 1er mars, jusqu’au 6 mars, plusieurs villages Dogons ont été incendiés ou vidés. Les morts se comptent par dizaines. Des familles sont décimées, des cadavres jonchent les rues dans les villages, faute de ne pas pouvoir être inhumés. Un vieux de 80 ans a été jeté comme une merde dans un puits, une femme enceinte brûlée avec ses cinq enfants. Certaines femmes ont accouché en chemin.
Le journal le Combat dans sa parution n°3055 du lundi 9 mars 2020, sous la plume de Bathily Sadio, écrivait ceci pour alerter l’opinion nationale et internationale. Il en rajoute en nous faisant savoir que:
« Même les bébés ne sont pas épargnés. Les gens semblent devenus fous. Nous assistons à des scènes insoutenables. Dans les villages, hommes et femmes déferlent à toute vitesse dans des camions en direction de Bankass et Mopti pour échapper à la mort, fuyant ainsi l’horreur ». « Nous avons le sentiment d’être abandonnés par tous, et que nous nous trouvons seuls au monde. Retourner au village, c’est aller à la rencontre de la mort. Ces attaques deviennent de plus en plus une folie meurtrière. Nous sommes tous terrorisés, vous saviez ? C’est une vue d’horreur. Des cadavres brûlés ou gonflés en décomposition jonchent les rues. Des villages entiers en ruine, transformés en tas de pierres et de banco. C’est dégoutant ! » Et pour finir, il lança des propos désespérants et navrants : « qu’est-ce que nous avons fait au Bon Dieu pour nous avoir donné des dirigeants pareils ? Ils nous ont laissés à l’abandon et au désespoir. C’est la situation la plus horrible que j’ai vécue depuis ma naissance, et nous ne savons pas quand cela va s’arrêter. Voici la liste des villages concernés ».
Après un appel de détresse de la sorte, surtout la nuit, comment une autorité qui jouit de toutes ses facultés mentales parvient-elle à dormir tranquille ?
Après la description de cette scène, les questions se bousculent dans mon esprit.
Qu’est-ce qui se passe donc dans notre pays ? Qu’est-ce qui ne tourne pas rond ? Pourquoi toute cette haine entre frères et sœurs du même pays ? Des questions et des questions qui taraudent l’esprit, mais sans réponses. Et cela toute la nuit. Un schéma d’abandon, de désespoir revient à chaque fois que nous essayons d’analyser la situation. Quand on sait que des femmes ont été éventrées devant leurs familles, des enfants anéanties après avoir vu ses parents exterminés. L’honneur est à son comble. Plus qu’une tragédie, ce génocide est sans précèdent dans l’histoire du Mali. Ce qui est plus troublant, c’est que le régime d’IBK laisse mourir ces pauvres sans pouvoir fournir une aide. Peut-on rester sans réagir à des situations de violence si paroxystique ?
Nous sommes des êtres humains comme les autres, qui veulent revenir à nos anciennes coutumes, nos mœurs et ainsi partager les mêmes droits et le même désir d’une vie sans violence. Est-ce trop demandé à IBK ? Pourrait-il encore réaliser les droits humains élémentaires qui garantiraient la sécurité économique et sociale de son peuple ?
Nous sommes des êtres humains comme les autres, qui veulent revenir à nos mœurs et ainsi partager les mêmes droits et le même désir d’une vie sans violence. Est-ce trop demandé à IBK ? Pourrait-il encore réaliser les droits humains élémentaires qui garantiraient la sécurité économique et sociale de son peuple ?
Nous ne voulons pas savoir comment, mais nous avons besoin aujourd’hui d’un homme qui contribuera à ranimer notre conscience et à réveiller notre humanité partagée. IBK semble ne pas être cet homme.
Le gouvernement peut-il prendre l’engagement de faire des élections au moment où il est incapable de sécuriser les populations ? Paradoxe ! Pourtant, encore et encore, mortifiés par l’horreur, les villageois continuent à être témoins ou victimes de nouvelles atrocités de masse.
Bathily Sadio a bien fait de joindre quelques informations précieuses sur l’enfer dans lequel vivent ces populations Dogons, un peuple digne travailleur et humble dont voici la liste de noms des villages qui auraient été attaqués en l’espace d’une semaine.
Nema : 9 morts et 5 brûlés
Kodioro : marché incendié : 4 morts
Djoré : 1 mort et le village incendié
Tounkana : 1 mort
Makra : 1 mort et le marché incendié
Térou : le chef de village Sidiki décédé
Bougoufenou plus Wairè : des morts partout, le décompte n’a pas pu être réalisé.
Bari Toumouni : idem. On ne sait pas combien de morts, car le ramassage de dépouilles n’a pas pu se réaliser.
Les villages vidés de leurs habitants
Démorakana, Dougouba, Bakotoumnie, Gara, Dougouniba, Dokoro, Bougouba, BougoubaDorou, Dokoro, N’IkiléBouya, Kéba, Débatarou, Sisiri, SisiriDjo, Gorou, KénéTouùouni, Bangatounou, Bori, BiaworoKanda, Sèguèkada, Biriboda et BirebafitiniDonkè.
Qu’ont fait les autorités en apprenant cela ? Rien du tout, au contraire, le Premier ministre Boubou Cissé a fait déguerpir la milice Dana Amassagou, en charge de défendre les populations Dogons. Lorsque les FAMA ont replié tactiquement face aux terroristes de la bande sahélienne. Ce sont les milices d’auto-défenses qui sont restées pour épargner la vie des leurs compatriotes. Cette crise a été aperçue de loin et le gouvernement a été alerté. Il n’a pris aucune mesure en conséquence, et ce qui devrait arriver est arriva. C’est ainsi que le pays dogon s’est vu délaissé, au moment où tous les fonds de l’Etat sont envoyés à Kidal pour constituer une soi-disant armée reconstituée qui finira par créer la République de l’Azawad. En sociologie le constat a toujours été que les peuples qui se révoltent sont pris au sérieux et sont toujours respectés, tandis que ceux qui sont soumis, n’ont aucune considération de la part des gouvernants. La situation du centre du Mali existe parce que l’autorité centrale n’existe plus. Si vraiment, c’est le cas, les milices ont une raison d’être. La ville de Kidal a même des forces armées azawadiennes, l’État trouve cela normal, et trouve anormal la présence de la milice Dana Amassagou. Si l’État avait souci du pays dogon, Ogossagou II ne devrait pas avoir lieu. Tant que les responsables militaires et l’exécutif payent des avions en état d’épave, des blindés en carton, la descente aux enfers continuera pour le pays dogon, qui apparemment ne compte plus pour la gouvernance actuelle. Ça arrive souvent dans la vie des nations que le peuple ait des dirigeants du pays et de ses populations qui vont à l’encontre des intérêts du peuple.
Nous citons simplement un des rois de la Grèce antique Néron qui lisait des vers lorsque Rome brûlait. Notre IBK se promène lorsque le pays dogon brûle ! On se demande avec toutes ces tueries si le pays dogon fait encore parti du Mali, qui lui-même ne semble plus exister !
Badou S KOBA
CARREFOUR