Malikura : Les dossiers judiciaires de la région de Kayes dans l’oubliette ?
Les Kayesiens ont massivement adhéré au projet à la fois ambitieux et idyllique de Malikura. Deux ans après, très vite le désenchantement et la déception gagnent les cœurs et les esprits.
La spécificité de la région de Kayes dans le projet Malikura est que Kayes a été la première région à se soulever pour dénoncer la mal gouvernance à travers la lutte héroïque de la coordination régionale des jeunes pour réclamer le 2e pont et la lutte courageuse de l’association BLUMBA et sa faîtière pour lutter contre la délinquance financière. C’est dire que le projet de société Malikura est venu trouver les populations de Kayes sur la lancée. Mais hélas, deux ans après on se demande où en sommes-nous ?
De l’affaire dite du conseil régional de Kayes à celle de la commune de Sadiola, du conseil de cercle de Kayes ou de la commune de Sitakili, rien n’a bougé depuis 3 ans. Tous les inculpés ont été mis en liberté provisoire et sont en train d’utiliser tous les moyens pour se blanchir aux yeux des populations accusatrices, en se faisant passer pour des victimes. Cela, à travers la compromission du droit, de la morale et des principes administratifs.
La région de Kayes est aujourd’hui dirigée de fait par un groupe de gangsters politiques, faisant le lobbying et qui a une force de corruption impeccable.
La crise sociale latente depuis plusieurs années relative à l’esclavage a été tellement mal gérée que le crime odieux de Diogou Sidibé vient nous rappeler l’urgence et la nécessité de renforcer non seulement de la sécurité mais également le niveau de la gestion administrative de la région.
Face à toutes ces questions on se demande où est l’autorité de l’Etat à Kayes ?
Face à l’abandon de la lutte contre la délinquance financière au profit de deal politique, le conseil de cercle de Kéniéba aussi se montre au grand jour. Un véritable scandale financier découvert à travers des contrats fictifs, des dépenses injustifiées à hauteur de plusieurs centaines de millions.
Comme si cela ne se suffisait pas, nous assistons impuissants à la catastrophe écologique de la zone minière de Kéniéba. Sans risque de se tromper, les autorités régionales sont complices de ce crime écologique à travers leur inaction. Kéniéba est aujourd’hui saccagé et envahi pour des groupes mafieux orpailleurs sans vergogne qui utilisent toutes sortes de produits et moyens techniques pour chercher de l’or. Cette situation est plus que révoltante.
Le Malikura restera un rêve tant que les autorités continueront à faire des compromis éhontés pour se sauver elles-mêmes et leurs régimes au travers des actes compromettant la justice qui, seule, reste le dernier rempart de tout projet de changement social.
Face à cette incapacité notoire de la gouvernance régionale signalée à tous les niveaux, les forces vives de la région sont en train de se concerter ici comme au niveau de la diaspora. Les semaines à venir seront déterminantes à Kayes.
Vivement le Malikura qui ne doit pas rimer avec laxisme et compromission.
Adama Fakaba Sissoko, notre Correspondant à Kayes
La lettre du Peuple