Président affaibli, menaces djihadistes omniprésentes, accord de paix difficile à appliquer… Depuis le début de la crise en 2012, le Mali fait face à des défis sécuritaires plus importants. Unique recours, l’état d’urgence se poursuit ; il a été prolongé jusqu’au 15 juillet.
Si le Mali peine à trouver la stabilité, c’est parce que la crise qu’il connaît est multiple. Avant d’arriver à l’accord d’une quelconque paix, il était fondamental d’assainir le nord du Mali de ces nouveaux rentiers qui alimentent le trafic local et appauvrissent la région, tout en contribuant à la frustration de la jeunesse», constate un diplomate malien qui a été de toutes les crises et a rédigé des rapports pour le gouvernement malien sous ATT (l’ancien président malien, Amadou Toumani Touré).
«Je crois qu’aujourd’hui on peut dire que la crise se concentre principalement sur qui contrôle les terres touarègues que se disputent les Ifoghas et les Imghads. Les communautés du Nord doivent retrouver de nouveaux mécanismes pour communiquer entre elles dans la sérénité et peut-être même dans la sincérité», explique-t-il.
Presque un an après l’enclenchement du processus d’Alger et la mise en route d’un accord de paix, la sécurité reste le plus grand défi du Mali. Mardi, deux soldats français sont morts des suites de leurs blessures dans le nord du Mali après l’explosion d’une mine contre leur véhicule blindé, qui avait déjà causé la mort d’un autre soldat. Hier, l’état d’urgence, rétabli le 4 avril au Mali, a été prorogé jusqu’au 15 juillet pour «poursuivre la lutte contre le terrorisme» dans ce pays en proie à des attaques djihadistes, selon un communiqué du gouvernement diffusé mercredi soir.
État d’urgence
Le Conseil des ministres hebdomadaire tenu mercredi sous la présidence du Premier ministre Modibo Keïta «a adopté un projet de loi autorisant la prorogation de l’état d’urgence» qui avait été réinstauré par décret le 4 avril pour dix jours et qui «arrive à expiration le 14 avril à minuit», indique le compte rendu de cette réunion diffusé par le gouvernement. «Conformément aux dispositions (…) de la Constitution, sa prorogation au-delà de dix jours doit être autorisée par la loi.
Le projet de loi adopté s’inscrit dans ce cadre. Il proroge l’état d’urgence déclaré jusqu’au 15 juillet 2016 à minuit», affirme-t-il. «Son adoption permettra de poursuivre la lutte contre le terrorisme et les autres menaces à la sécurité des personnes et de leurs biens sur l’ensemble du territoire national», ajoute-t-il. Cette mesure d’exception donne notamment plus de possibilités d’intervention aux forces de sécurité et restreint les rassemblements. L’état d’urgence avait été proclamé au Mali une première fois pour dix jours au soir de l’attaque par des islamistes de l’hôtel Radisson Blu de Bamako, le 20 novembre (20 morts, outre deux assaillants tués), et de nouveau le 21 décembre pour dix jours.
Le 31 décembre, il avait été prorogé pour trois mois, jusqu’au 31 mars, puis réinstauré le 4 avril pour dix jours. «L’état d’urgence devait être décrété depuis le début de la crise !» regrette une source militaire malienne. «C’est de l’inconscience totale de croire que nous sommes dans un pays sécurisé malgré la force militaire française et ses partenaires. Le terroristes n’ont rien à perdre et surtout ils maîtrisent le terrain», affirme-t-il.
Mobilisation
Le Mali est régulièrement confronté à des attaques contre ses forces de sécurité mais aussi contre les forces étrangères — de la France et sous mandat de l’Onu — depuis le déclenchement, en janvier 2013, d’une intervention militaire contre des groupes djihadistes, qui se poursuit actuellement. Par ailleurs, l’armée malienne a repoussé une attaque menée dans la nuit de mardi à mercredi dans le centre du pays par des djihadistes présumés, dont un a été tué et cinq arrêtés. «Une position de notre armée a été attaquée dans la nuit de mardi à mercredi à Boni, entre Douentza et Hombori», commente une source militaire, faisant état d’un «bilan provisoire d’un assaillant tué et cinq autres arrêtés».
Dans le même sillage, l’Union européenne a réaffirmé hier sa disponibilité à soutenir l’effort de paix au Mali conformément aux dispositions de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger. «L’UE est prête à mobiliser tous les instruments à sa disposition pour soutenir les efforts maliens pour aboutir à une paix durable sur l’ensemble du territoire tel qu’agréé dans l’accord d’Alger», ont indiqué les services diplomatiques de la Haute représentante de l’Union aux Affaires étrangères et la politique de sécurité, Federica Mogherini, dans un communiqué.
Le congrès du MNLA
Le 3e congrès ordinaire du MNLA s’est tenu à Kidal du 7 au 10 avril avec la participation de plusieurs délégués venus de toutes les régions du nord du Mali et de Bamako, ainsi que de l’Algérie, du Burkina Faso, du Niger, d’Arabie Saoudite, de l’Union européenne, de la Libye, du Maroc et de la Mauritanie, ainsi que des délégués des Mouvements membres de la CMA.
D’après le communiqué, «Le congrès a enregistré une très large participation des organisations des Ulémas, des femmes, des jeunes, et des chefs des villages, quartiers et Fractions de l’Azawad. A la suite des débats, le congrès a invité toutes les structures politiques et militaires à poursuivre et à consolider la lutte sans relâche pour atteindre les objectifs du Mouvement dans le respect de tous nos engagements, notamment l’Accord de paix issu du processus d’Alger.
Le congrès déplore la lenteur persistante dans la mise en œuvre de l’Accord par le gouvernement du Mali. Face à ce constat, le SG, Bilal Ag Acherif, a mis en exergue l’importance de l’accord et la nécessité de sa mise en œuvre diligente, intégrale, réellement consensuelle par une totale implication des parties…
Le congrès encourage la CMA à la poursuite de ses efforts inlassables à l’atteinte des objectifs communs et l’invite à renforcer davantage le rapprochement avec les frères de la plateforme pour une fructueuse collaboration dans l’intérêt supérieur du peuple de l’Azawad», précise le communiqué.
IBK se fait opérer d’une tumeur bénigne à Paris
Le président Ibrahim Boubacar Keïta est hospitalisé depuis mardi à Paris. Il a fait l’objet d’une intervention chirurgicale pour une tumeur bénigne, selon un communiqué des services de la présidence malienne. Ce communiqué indique que le Président effectue un «séjour médical en France».
Il est actuellement «en convalescence après avoir été opéré mardi à Paris d’une tumeur bénigne d’une glande située dans le cou». L’intervention chirurgicale s’est déroulée mardi, dans un hôpital à Paris. «L’opération a concerné un adénome de la parathyroïde». L’adénome parathyroïdien est une tumeur non cancéreuse des glandes parathyroïdes.
C’est une tumeur bénigne des glandes parathyroïdes dont le traitement fait l’objet d’une routine médicale bien maîtrisée. Selon le communiqué, «les suites sont généralement simples». Le Président est actuellement au repos et «sa convalescence se passe normalement», toujours selon la même source.
Aucune indication n’a pu être obtenue dans l’immédiat sur la date d’arrivée en France du Président Keïta, la durée de son séjour médical, l’hôpital où il a été opéré et sa résidence de convalescence.
Source: Elwatan