Les condamnations continuent de pleuvoir sur le putsch militaire qui a eu lieu mardi 18 août au Mali. Réuni en urgence, le Conseil de sécurité de l’ONU appelle les soldats mutinés « à regagner sans délai leurs casernes ». Les pays membres demandent aussi la libération « immédiate » du président IBK, et « souligne la nécessité pressante de rétablir l’Etat de droit ». Le Conseil de sécurité suivra les développements de près, notamment ceux initiés par la Cédéao – sans qu’une date ne soit pour autant arrêtée à son agenda pour le Mali spécifiquement.
Les 15 membres du Conseil ont été briefés par le secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, précise notre correspondante à New York, Carrie Nooten. Jean-Pierre Lacroix leur a exposé les derniers détails, et réexpliqué que les forces de la Minusma, surtout stationnées au nord et au centre du pays, n’étaient pas impactées par le coup d’Etat – elles poursuivent pour l’instant leurs missions normalement. Les militaires qui ont mené la mutinerie ont d’ailleurs confirmé qu’ils ne remettaient pas en cause ni l’accord de paix, ni le déploiement des casques bleus de l’ONU.
L’Union Africaine demande également la libération des dirigeants arrêtés par la force et annonce suspendre le Mali jusqu’au retour de l’ordre constitutionnel. Avant l’UA, la Cédéao, la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest avait aussi suspendu le pays de toutes ses instances. Les Etats membres ont fermé leur frontières et interrompu leurs relations économiques avec le voisin Malien. Une visioconférence des chefs d’Etat de l’organisation est prévue ce jeudi.
L’Union européenne s’inquiète pour sa part de la stabilité de la région et du Mali, « la lutte contre le terrorisme doit demeurer une priorité absolue » indique l’UE.
Paris suit attentivement la situation
La crainte, c’est en effet que les jihadistes profitent de cette période d’incertitude au sommet de l’Etat. Et avec plus de 5 000 soldats déployés au Sahel, la France insiste donc sur un rapide retour à un pouvoir civil.
Les autorités françaises voient dans les événements en cours au Mali, « une source d’instabilité ». L’Élysée explique que toute solution extra-constitutionnelle serait également « une opportunité pour les groupes jihadistes ». L’objectif est clair : « ne pas perdre les acquis de la lutte contre le terrorisme ». Une lutte pour laquelle la France affirme avoir « consenti beaucoup d’efforts ». Une source militaire affirme à l’agence Reuters que « les armées [françaises] ont soumis plusieurs propositions à la ministre [des Armées Florence Parly] et au président en vue d’une possible adaptation » du dispositif Barkhane.
Mercredi 19 août au soir, le président Macron a affirmé que « la lutte contre les groupes terroristes et la défense de la démocratie et de l’état de droit sont indissociables ». L’Élysée dit soutenir les aspirations du peuple malien. « Ce sur quoi il faut se concentrer, c’est le retour à un pouvoir civil », martèle-t-on à Paris. La présidence française dit prendre acte de la démission du chef de l’Etat malien et insiste sur sa libération sans demander sa réinstallation. « Il faut distinguer entre le président IBK [Ibrahim Boubacar Keïta] et la légalité. Il faut faire avec la réalité », dit-on dans l’entourage du président Emmanuel Macron.
Source: RFI