Grâce à vous, je suis en tête du premier tour avec 41,42% des voix ! Ceci est une preuve évidente de votre confiance accordée. Nous avancerons encore plus loin, ensemble !
C’est officiel : le président sortant Ibrahim Boubacar Keïta, du Rassemblement pour le Mali et Soumaïla Cissé, de l’Union pour la République et la démocratie, vont s’affronter lors du second tour de l’élection présidentielle au Mali, en principe le dimanche 12 août prochain après validation par le Conseil constitutionnel des résultats du premier tour. L’annonce a été faite tard dans la soirée de ce jeudi 2 août par le ministre de l’Administration territoriale, Mohamed Ag ErlafK.
Les résultats officiels du premier tour
Au premier tour qui s’est tenu le 29 juillet, Ibrahim Boubacar Keïta est arrivé en tête avec 41,42 % des voix, contre 17,80 % pour Soumaïla Cissé, selon les résultats officiels provisoires portant sur l’ensemble des suffrages, a précisé le ministre lors d’une annonce à la télévision publique ORTM. La participation a été de 43,06 %.
Comme il y a cinq ans, il retrouvera au second tour Soumaïla Cissé, qui a recueilli 573.111 voix, soit 17,80 %, selon les résultats officiels provisoires portant sur l’ensemble des suffrages.
L’homme d’affaires Aliou Diallo arrive en troisième position avec 7,95 % des suffrages et l’ancien chef de gouvernement de transition, Cheick Modibo Diarra (avril-décembre 2012), complète le quatuor de tête avec 7,46 %.
Au total, les électeurs de ce vaste pays d’Afrique de l’Ouest étaient appelés à choisir entre 24 candidats lors d’un scrutin clé pour l’ensemble du Sahel, toujours confronté à la menace jihadiste malgré cinq ans d’interventions militaires internationales.
Quelque 700 bureaux de vote sur 23.000, principalement dans le nord et le centre du pays, n’ont pas pu ouvrir dimanche en raison d’incidents violents, mais le scrutin s’est “déroulé dans le calme” sur le reste du territoire, selon la mission d’observation de l’Union européenne.
Ibrahim Boubacar Keïta : 41,42 % au premier tour
A 73 ans, le président sortant du Mali Ibrahim Boubacar Keïta, arrivé largement en tête au premier tour de la présidentielle le 29 juillet un natif de Koutiala (sud), près de la frontière burkinabè. De sa fréquentation de prestigieux établissements français dans sa jeunesse, il aura gardé non seulement un phrasé châtié, mais aussi une conception toute jacobine du pouvoir. En cinq ans de mandat, cet homme décrit à la fois comme généreux, colérique et clivant, désigné par beaucoup de ses compatriotes comme “IBK”, ses initiales, aura usé cinq Premiers ministres.
Parmi ses 23 concurrents au premier tour de la présidentielle dimanche dernier figuraient bon nombre de ses anciens ministres.
Ses détracteurs, qui lui reprochent son goût des voyages et des honneurs, l’accusent surtout de ne pas avoir démontré la même fermeté pour sortir le Mali de la crise, malgré sa victoire écrasante au second tour en 2013.
“Il a été élu avec 77,6 % des suffrages exprimés, mais il n’a pas pu régler les problèmes essentiels du pays: le retour à la paix et la question de l’insécurité”, affirme à l’AFP Abdoulaye Cissé, un soutien de l’ancien Premier ministre et candidat Modibo Sidibé.
L’intéressé balaye les critiques, qualifiées d'”IBK-bashing” et se dépeint comme un président qui “vit en symbiose avec son peuple, sait son peuple, travaille à faire avancer son peuple”, citant notamment l’accord de paix de mai-juin 2015 conclu avec l’ex-rébellion à dominante touareg, malgré les retards enregistrés dans son application.
“Je me sens en forme parfaite et je crois que cela a surpris. Beaucoup m’eussent souhaité dans le fond d’une chambre, reclus”, a-t-il dit la semaine dernière au retour d’une tournée électorale auprès des diasporas maliennes de trois pays d’Afrique, en allusion aux rumeurs récurrentes sur son état de santé.
A l’élection présidentielle de 2013, après l’intervention internationale lancée à l’initiative de la France contre les jihadistes, Ibrahim Boubacar Keïta, considéré comme un recours, tient sa revanche. Pour cette campagne il s’est engagé à relever le triple défi “de la restauration de la paix, de la reconquête de l’unité et de la réussite de la réconciliation nationale”, promettant sur ce dernier point “des décisions courageuses et novatrices”.
Soumaïla Cissé : 17,80 % au premier tour
En face de lui, le chef de l’État devra affronter comme en 2013, Soumaïla Cissé, le chef de l’opposition. Natif de Tombouctou, dans le nord du Mali, Soumaïla Cissé est perçu comme un technocrate. Présent au second tour en 2002 et 2013, “Soumi”, comme le surnomment ses partisans, 68 ans se détache parmi les 23 challengers du président sortant, Ibrahim Boubacar Keïta.
Pendant la campagne, du nord au sud, de l’est à l’ouest, j’ai fait un constat: il y a un fort désir d’alternance. Mon projet de société a pour but de réparer le Mali, abîmé par les années IBK”, dit-il, accsuant en outre son aîné de cinq ans de vouloir organiser une fraude à grande échelle. Son programme, “chiffré” et d’inspiration libérale, se fonde notamment sur “la restauration de l’autorité de l’Etat” et “l’instauration d’un véritable dialogue entre les Maliens”.
“Il y a, c’est vrai, le complexe de l’intellectuel. Mais j’ai milité très tôt. Je ne reste pas assis dans un bureau. Pour la démocratie au Mali en 1991, j’étais là. En 2012, lorsqu’un putsch a interrompu le processus démocratique, j’étais là aussi. Je n’ai pas de leçons de militantisme à recevoir de grand monde”, a-t-il récemment confié à l’AFP. En France, il a travaillé au sein de grands groupes tels qu’IBM, Péchiney, ou Thomson. Il rentre au Mali en 1984 et intègre la Compagnie malienne pour le développement du textile (CMDT), alors colonne vertébrale de l’économie du pays. Il est considéré comme le chef du “clan CMDT”, composé d’intellectuels bien décidés à jouer un rôle politique.
En 2002, candidat du parti présidentiel, il est battu au second second tour par Amadou Toumani Touré, un militaire qui a pris sa retraite de l’armée. Avant de prendre la présidence de la Commission de l’Uémoa, il a créé en 2003 son propre parti, l’Union pour la République et la démocratie (URD), aujourd’hui deuxième force politique à l’Assemblée nationale, ce qui lui vaut le titre de chef de file de l’opposition.
En 2013, il accède une nouvelle fois au second tour de la présidentielle, mais est battu à plus de 70 % par Ibrahim Boubacar Keïta.
Source: lepoint