Jadis fleuron de l’artisan malien et vitrine du savoir-faire des artisans maliens, la Maison des Artisans de Bamako vit l’un des moments les plus douloureux de son existence. Et pour cause, des individus malintentionnés tentent de prendre en otage le présent et l’avenir des artisans maliens.
En effet, voilà 3 ans jour pour jour que l’atmosphère à la Maison des artisans de Bamako est invivable. Le comité de gestion dont le mandat est arrivé à terme depuis novembre 2015 s’accroche et tente de se maintenir par des manœuvres dilatoires qui ne disent pas leurs noms, en complicité avec des autorités aux moralités douteuses.
Lassés d’attendre un dénouement qui ne vient jamais, les 68 occupants, sur les 89 que compte la Maison des artisans, ont décidé de prendre leur destin en main pour que le secteur, déjà mal en point par une crise qui dure depuis 2012, ne meurt pas.
Ainsi, ils ont décidé de mettre en place leur propre comité de gestion. Depuis, il fait face à des menaces et des intimidations tout azimut.
Selon le président du nouveau bureau du comité de pilotage, Boubacar Mamadou Samaké, c’est une longue histoire. Il estime que depuis la fin du mandat du bureau sortant, les artisans demandent l’organisation de nouvelles élections pour renouveler les instances dirigeantes. Au lieu de cela, le bureau sortant, en complicité avec l’Association professionnelle des chambres de métiers du Mali (APCCM), a élaboré un nouveau règlement intérieur avec des clauses discriminatoires et sélectives pour se maintenir aux affaires. Ainsi, l’artisan affirme qu’ils ont introduit des nouvelles règles dans le règlement intérieur. A titre d’exemple, « pour être électeur et éligible, il faut être à jour de ses cotisations et à jour vis-à-vis du fisc. A cela, il ajoute les points 5, 6, 7, 8, 9 des nouvelles dispositions. Aussi, le nouveau règlement intérieur a-t-il changé la durée du mandat du bureau qui passe de 3 ans à 5 ans, tout cela sans Assemblée générale. Samaké pense aussi que cela est une falsification du contrat de gérance de la Maison.
Le président soutient que le bureau sortant est allergique à toute question de redevabilité sur sa gestion. Ce bureau n’a jamais fait de compte rendu aux artisans qui ne comprennent rien pendant les 3 ans qu’ont duré le mandat.
Devant le refus d’organiser de nouvelles élections, ajoute Boubacar Samaké, les artisans ont saisi le pôle économique pour détournement de fonds. Ainsi, le Pôle économique a découvert 9 millions de F CFA volatilisés et même que le comité de gestion doit 2750 F CFA à des banques de la place.
Dans la perspective de trouver une issue favorable à la crise qui s’est installée, une commission de conciliation a été mise en place. Le président Samaké rapporte qu’ils sont déçus de savoir que la commission est partisane.
Esseulés, aux dires du président des artisans, ils ont décidé d’aller en grève pour se faire entendre. C’est ainsi que la mairie dont relève désormais la Maison des artisans a annoncé des élections pour le mois d’août. Le Procès-verbal de conciliation, en son point 27, affirme l’organisation d’élections sans conditions. A ce jour, rien ne fit.
C’est dans cette dynamique que les 68 chefs d’ateliers qui constituent la majorité absolue des occupants ont décidé de prendre leur destin en main avec la mise en place du bureau que Boubacar Samaké dirige à ce jour.
Contacté par nos soins, le président de l’APCCM, Mamadou Minkoro a rejeté toutes les accusations d’un revers de la main. Selon lui, la gestion de la Maison des artisans et de tous les équipements collectifs d’ailleurs a été transférée aux collectivités. Il soutient qu’avec la crise il a installé une commission transitoire pour concilier les différents points de vue sans succès.
Parlant, de l’élaboration du nouveau règlement intérieur, il déclare qu’il a été élaboré par le département de tutelle avec la participation de l’ensemble des acteurs concernés. A ses dires, ce qui prévaut à la Maison des artisans à tout l’air d’une rébellion qui ne dit pas son nom. Pour conclure, il dira qu’il n’a rien à avoir avec cette affaire. Il nous conseille de voir du côté du ministère et de la mairie.
Toutes nos tentatives de rencontrer le Conseiller technique en charge du dossier au ministère de tutelle, un dénommé Samba Thiam, sont restées vaines.
Pour sûr, cette situation délétère n’a que trop duré, les artisans sont dans le désarroi et ne savent plus à quel saint se vouer. Il est temps que les plus hautes autorités jettent un clin d’œil sur ce qui se trame à la Maison des artisans. Car, Boubacar Samaké et ses camarades sont décidés à sauver leurs emplois qui constituent leur gagne-pain. Advienne que pourra, ils sont déterminés à aller jusqu’au bout de leur combat.
Nous y reviendrons !
Harber MAIGA
Source: Azalaï-Express