En finale retour au stade Modibo Keïta, les Blancs se sont promenés devant le Hafia de Conakry, balayé 3-0. Moussa Samaké, auteur d’un doublé et Boubacar Vieux Traoré «Vieux Djan» sont passés par là. Retour sur le premier sacre d’un club malien, avec le compte rendu de Gaoussou Drabo
Mory Condé lorsqu’il était en activité se faisait remarquer comme un ailier gauche d’une belle vélocité et capable à l’occasion de vous sortir un joli petit crochet intérieur en pleine course. Mais à côté de ces deux atouts, il fallait admettre qu’il était d’une culture tactique plus que limitée et évoluait pratiquement prisonnier d’un couloir de cinq mètres de large qu’il se traçait mentalement le long de la ligne de touche.
Alors sans diffamer l’homme et en sachant que le schéma intellectuel du joueur se reflète inévitablement sur les conceptions de l’entraîneur, il n’y a pas trop à s’étonner de la pauvreté tactique du Hafia et des choix parfois aberrants que la team guinéenne fit à Bamako.
Personnellement, nous avions cru que les Verts et Blancs placés au pied du mur (défaite 1-0 à l’aller disputé à Conakry) auraient eu les réflexes de leurs talentueux aînés : Attaquer pour tenter d’inverser le cours logique des choses. Cette option aurait eu l’avantage de perturber un adversaire un peu trop confiant et de ne laisser aucun regret à l’équipe si elle avait perdu. Mais au lieu du va-tout, les Guinéens jouèrent l’intimidation physique et même l’agression. Cette mise sur le physique était assez nette au niveau de l’effectif.
Dès leurs premières interventions, le latéral Seny Soumah et le demi-défensif Sékou Bangoura affichèrent leurs intentions de tacler haut et dur. Devant pour impressionner, le coach Mory Condé avait placé un déménageur, le géant Aboubacar Touré chargé de bousculer l’axe central stadiste avec comme consigne de ne pas se montrer avare en jeux de coude. Le calcul de l’entraîneur guinéen se solda par un fiasco complet.
En effet, après avoir concédé un penalty à la 20è minute qui fut transformé par Moussa Samaké, la provocation coûta au Hafia un deuxième penalty et une expulsion (32è minute). Conséquence : les visiteurs seront menés 2-0 au score après seulement une demi-heure (32 minutes pour être précis). Et leur tour de contrôle aux avant-postes ne se retrouva pas une seule fois en position de menacer le gardien des Blancs, Ousmane Farota.
Les errements adverses ne furent pas suffisamment mis à profit par les Stadistes qui, pourtant, débutèrent comme ils le devaient : en mettant d’emblée la pression sur les Guinéens. Le premier qui le fit avec la détermination nécessaire sera Vieux Djan qui s’extrait de l’arrière-garde pour s’offrir un tir puissant du gauche (2è min). Mais son exemple ne s’avéra guère contagieux, le Stade attaquait, certes mais sans marquer d’engagement particulier. Ce furent donc les Guinéens, à qui leurs prédispositions morales jouèrent un premier mauvais tour, qui débloquèrent la situation. A la réception d’un corner centré par Mady Diallo, la reprise amorcée par Abdoul Karim Magassouba fut contrée de la main par Abdoulaye Keïta. C’était le pénalty indiscutable que Moussa Samaké convertissait d’un tir croisé imparable.
L’ouverture du score fut suivi d’un durcissement du jeu guinéen. Bangoura et Aboubacar Touré se faisant remarquer par des «savates» délibérément allongées et après que Seydou Diarra eut dévié droit sur le keeper Saliou Diallo un centre de Mady Diallo (29è min), ce fut encore le mauvais esprit guinéen qui se fit pénaliser.
Sur un contre stadiste, le libéro Dixon Tenance abattit sans fioritures Abdoul Karim Magassouba qui courait se placer à la réception d’un centre de Mady Diallo (32è min). Moussa Samaké se mit en évidence une seconde fois par un tir parfait et dans le coin opposé du premier (2-0 pour le Stade malien). Avec une telle avance et au vu de ce que montraient les Guinéens, l’affaire était pliée et les Stadistes se permirent d’énormes fautes d’inattention que l’adversaire toujours aussi limité, ne parvint pas à exploiter.
La reprise vit les visiteurs s’offrir un semblant de sursaut mais aussi multiplier les fautes. L’escalade culmina avec une agression délibérée de Banda Bangoura sur Vieux Djan (61è min). L’expulsion ne calma pas immédiatement le Hafia qui se livra encore pendant quelques minutes à la chasse aux tibias stadistes avant de jouer enfin au football et de se voir récompensé par une tête de Djibril Yattara sur la transversale (69è min).
L’épisode remit sans doute en place une tête dangereuse de Magassouba (71è min). Mais pour leur troisième but, les Blancs allaient exploiter une bévue défensive guinéenne. Une balle centrée par Zakaria qui venait d’échapper inexplicablement à deux Stadistes, était récupérée par un Guinéen lequel, en voulant la dégager, la rétropassait à Saliou.
Celui-ci eut le malheur de saisir le cuir, ce qui, selon les dernières règles de la FIFA, occasionnait un coup franc indirect dans les 10 mètres. Le sort faisant bien les choses, Vieux Djan venu tenter sa chance, réussit un tir rasant parfait qui portait le succès stadiste aux hauteurs d’un triomphe (72è min, 3-0). Les 18 minutes qui restaient pouvaient se jouer en toute décontraction, l’entrée de Moustaph Diakité donnait plus de tonus aux Blancs qui firent chavirer leurs supporters par une rafale de tirs repoussée par la défense guinéenne (89è min). Pour les poulains de Cheick Diallo et de Doudou Diakité que notre confrère Mad Diarra avait trouvé particulièrement tendus dans les vestiaires, l’affaire s’est bouclée sans grand frisson.
L’écart de valeur suffisamment prononcé entre les deux équipes n’étant pas compensé du côté du Hafia par une assise collective supérieure, l’issue de la rencontre était pratiquement assurée dès l’ouverture du score. Il reste dommage que les Blancs n’aient pas eu le petit grain de folie qui les aurait amenés à boucler par un feu d’artifice. Ils auraient sans aucun doute porté le score à des dimensions plus conformes au déséquilibre des forces. Et écrire une page d’histoire qu’il aurait été encore plus agréable de relire.
G. DRABO
NDLR : Le Stade malien avait déjà échoué en 1985 en finale de la même compétition contre le New Nigerian Bank de Stephen Keshi et Henry Nwosu. Puis, ce fut au tour du Djoliba de chuter sur la dernière marche en 1990 face à l’Asec d’Abidjan. En gagnant lors de sa seconde tentative, les Blancs ont signé une première dans une compétition UFOA (Union des Fédérations Ouest Africaines) dont notre compatriote Cheick Kouyaté a été le grand promoteur dans les années 70.
(amap)