Fondée en 1818 par Sékou Ahmadou pour être la capitale du royaume théocratique du Macina, la cité d’Hamdallaye tire son nom d’une déformation de la formule coranique «Al-HamdouLillahi», c’est-à-dire «louange à Dieu». à environ 37 km au sud de la ville de Mopti, dans la Commune rurale de Sio entre les villages de Soufouroulaye et Somadougou, se dresse encore le site historique comprenant les vestiges de l’ancienne capitale du Macina. Aujourd’hui, il fait partie des richesses du patrimoine culturel du Mali.
C’est à «HamdouLillahi» que la Diina (la foi en islam) a pris son envol. Pour découvrir ce haut lieu de l’islam, nous avons été accueillis par Sékou Barry, le plus âgé des petits Fils de Sékou Ahmadou, installé sur le site.
Sexagénaire, barbe abondante, crâne à moitié dénudée par la calvitie, notre guide du jour n’arrête pas d’égrener un long chapelet. Il nous invite d’abord à prendre place sous un hangar en tôle construit à la Place de l’ancien tribunal appelé «Batu Mooudo» dans le palais royal.
Selon M. Barry, la capitale de la « Diina » était composée de 60 quartiers et était entièrement fortifiée avec une muraille de pierres. Le rempart de fortification avait un périmètre de 5.600 mètres avec des tours de 6 ou 7 mètres de haut. Hamdallaye abritait aussi une grande mosquée, le palais de Sékou Amadou, plusieurs marchés et des écoles coraniques dont le nombre est estimé à environ 750. à l’époque, plus de 300.000 personnes vivaient dans cette cité.
A l’intérieur de l’édifice royal, on trouve les mausolées de Sékou Ahmadou (1775-1845), fondateur du royaume théocratique, de son fils Ahmadou Sékou (1811-1853), de Alpha Nouhoum Tahirou (conseiller) et de Wéloré (fidèle servante de Sékou Ahmadou). Il y a aussi les tombes de certains des compagnons du fondateur de la ville.
DÉGRADATION AVANCÉE – De 1818 à 1862, le royaume théocratique du Macina a mis en place une fascinante organisation de la société par la sédentarisation des éleveurs, la codification de la transhumance, la création de quartiers, de villages, de cantons et de provinces. Un ensemble administré par un pouvoir politique et religieux dont la principale ambition était l’expansion de l’islam.
Hamdallaye est encore le symbole de cette promotion du rayonnement de la culture islamique au Mali voire au Sahel. Le site demeure un lieu de culte où des milliers de fidèles musulmans viennent de partout d’Afrique pour se recueillir chaque année au mois de mai dans le cadre d’un grand pèlerinage appelé «Ziara». Aussi, le site est fréquemment visité par les passants et surtout par la communauté peule pour exprimer son attachement spirituel et socioculturel à cette cité légendaire classée patrimoine national depuis 1997.
Et eu égard à l’importance de la cité d’Hamdallaye dans la vie culturelle et spirituelle des communautés environnantes, les pouvoirs publics ont engagé la sauvegarde et la protection des lieux. Cette volonté politique s’est traduite en 2004 par la reconstruction (sur le même emplacement) de la grande mosquée. La ville d’Hamdallaye a été ensuite électrifiée en août 2005 par l’énergie éolienne et dotée d’une adduction d’eau.
En dépit de ces efforts, le site d’Hamdallaye qui est une belle destination touristique, est dans un état de dégradation avancée, notamment au niveau de la clôture de la cour royale abritant les vestiges de l’ancienne capitale. Une menace liée aux aléas climatiques, à la divagation des animaux et à la pénurie d’eau.
Pour le maire de la Commune rurale de Sio, Amadoun Bara Traoré, l’existence d’une cité historique comme Hamdallaye dans sa collectivité est une chance à préserver. Une présence qui, au-delà de sa symbolique, doit être une référence en matière de gestion du patrimoine historique qui ne manque pas d’enjeux économiques majeurs pour les communautés environnantes.
C’est certainement pourquoi, la mairie est résolument engagée à appuyer l’organisation des manifestations culturelles pour la sauvegarde des principes de la Tarîqa insufflés par le guide spirituel de la Diina, Sékou Ahmadou et à promouvoir les valeurs prônées par ce guide spirituel autour d’un islam tolérant pour la paix et la cohésion.
AMAP/MOPTI
L’Essor