En reconnaissance de son leadership exceptionnel, son engagement et sa contribution remarquable en matière de lutte contre la faim au Mali, Mme Fatouma Djama SEID, Représentante de la FAO au Mali depuis 2013, a été honorée du prestigieux prix de la FAO, le BR Sen Award. Une distinction qu’elle a dédié au peuple Malien et à l’ensemble des acteurs en charge de la lutte contre la faim dans le pays.
Vous avez reçu le prix honorifique de la FAO qui récompense les résultats de votre action sur le terrain en vue de « préserver la sécurité alimentaire et la production agricole, en temps de crise au mali ». Pouvez-vous nous en dire plus ?
Le BR Sen est une distinction instituée par la FAO en « hommage au travail de son personnel sur le terrain et à l’ancien Directeur général (1956-1967) B.R. Sen, qui a transformé l’institut d’étude qu’était la FAO en une organisation de développement ». C’est donc avec une grande fierté que j’ai reçu cette distinction en reconnaissance de ma contribution et celle de l’équipe de la FAO pour soutenir le développement agricole et l’amélioration de la sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations vulnérables du Mali.
La FAO Mali, en sa qualité de membre à part entière du système des Nations Unies dans le Pays a répondu à l’appel lancé par l’ONU pour assister le Mali dans un contexte difficile, où il était déterminant de trouver rapidement des moyens adéquats pour relever les défis. En effet, la succession de crises politico-sécuritaires et alimentaires qui se sont succédées depuis 2012 ont entrainé une crise multidimensionnelle, marquée par une crise alimentaire et nutritionnelle des plus sévères que le pays a connu durant les 20 dernières années suite à la mauvaise campagne agricole de 2011-2012. S’y ajoutaient aussi, le coup d’état militaire intervenu en 2012, l’occupation de plus de 60 % du pays (régions du nord) et la rupture de l’aide au développement par les bailleurs de Fonds. Tout ceci a non seulement bouleversé la situation politique, mais a aussi durement touché l’économie malienne et plus particulièrement les moyens d’existence des populations vulnérables au nord du Pays.
Le bureau de la FAO a sans hésité participé à tous les efforts conjoints mis en œuvre par le Système des Nations Unies au Mali et dans le même temps, a déployé des initiatives propres en lien avec notre mandat et notre mission d’aider au développement agricole et asseoir une sécurité alimentaire et nutritionnelle pour les populations vulnérables du Pays. Nous avons dû faire preuve d’ingéniosité et de courage pour continuer à faire parvenir les intrants agricoles nécessaires pour permettre aux producteurs et productrices de continuer leurs activités, car si le danger était évident, des vies humaines devaient aussi être sauvées.
Comment la FAO travaille sur le terrain pour justement aider les populations vulnérables et atteindre ses objectifs ?
La FAO, aussi bien au Mali que partout dans le monde, travaille en étroite collaboration avec le Gouvernement, les partenaires d’exécution au niveau national et local. Cette approche conjointe et concertée est nécessaire, pour arriver à toucher les personnes vulnérables exposées à l’insécurité alimentaire et nutritionnelle. Nous avons pu compter sur l’engagement et le dévouement de nos partenaires d’exécution à savoir les ONG locales, les groupements et associations de producteurs qui ont su assurer efficacement le relais des activités planifiées sur le terrain, en faisant preuve de rigueur et de beaucoup de professionnalisme. Sans oublier nos partenaires des services techniques de l’Etat avec lesquels nous avons entretenus et entretenons d’excellentes relations de collaboration.
Vous savez, il est indispensable de créer des alliances politiques au niveau national, mais il est tout autant important et même nécessaire de nouer des partenariats avec l’ensemble de les parties prenantes concernées tant au niveau national, qu’au niveau local, car cette lutte contre la faim ne peut être gagnée sans l’engagement et la résilience des organisations de base et des communautés qui sont déterminées à préserver leur famille et leur dignité.
Peut-on dire que le Mali est en bonne voie en matière de lutte contre la faim dans le pays ? Quel regard portez-vous sur la situation aujourd’hui ?
Déjà en 2015, le Mali a recevait du Directeur Général, le Prix de la FAO aux Pays qui est une reconnaissance envers les pays qui remplissent leurs engagements visant à éradiquer la faim dans le monde. Cet engagement non des moindres, a été relevé par le Mali en 2015 ; preuve que les efforts nationaux portent fruit. En effet, les estimations du SOFI 2015 (état de l’insécurité alimentaire dans le monde), montrent que le Mali a atteint la cible relative à la réduction de la faim fixée par l’Objectif 1 du Millénaire pour le Développement, qui est l’objectif le plus ambitieux du Sommet Mondial de l’alimentation : le nombre de personnes sous-alimentées a diminué, passant de 1,4 million en 1990-92 à 0,7 million de personnes en 2014-2016. Pendant la même période, la prévalence de la sous-alimentation est passée de 16,7 % à 4,1%.
Rappelons au passage que le Mali fait partie des pays qui ont adhéré à l’agenda des 17 Objectifs de développement durable dont l’objectif majeur est d’éradiquer la faim à l’horizon 2030.
Plus récemment, Le pays a également connu une succession de bonnes campagnes agricoles portant l’excédent céréalier à près de 3 millions de Tonnes…Nous avons donc de bonnes raisons d’être optimistes et de continuer les efforts jusqu’ici déployés.
Cela montre que l’objectif Faim Zéro peut être atteint si la volonté politique est forte. Ici au Mali, le gouvernement a placé en priorité nationale, le programme faim zéro. En ce sens, 15% du budget national est destiné au secteur agricole. La FAO travaille actuellement avec le gouvernement pour évaluer l’impact de cette politique et se penchera sur l’amélioration de ses performances.
Des défis importants restent à relever, outre celui de restaurer la sécurité alimentaire pour tous malgré l’insécurité dans les régions du Nord et Centre du pays. Il faut faire face à la crise alimentaire liée au changement climatique et qui nécessite aussi une approche concertée avec le Gouvernement et les acteurs locaux pour continuer la lutte contre la faim.
Pour cela, je saisi l’occasion qui m’est offerte pour remercier tous nos Partenaires Techniques et Financiers, donateurs de la FAO Mali, qui ont mis à notre disposition les ressources requises pour appuyer le Pays. Sans leur support nous n’aurions pas pu atteindre les résultats obtenus.
Je voudrais terminer en renouvelant l’engagement de la FAO au Gouvernement du Mali et en lui adressant mes sincères remerciements pour l’excellente collaboration qu’il entretient avec notre institution. Je rends particulièrement hommage au peuple malien pour le courage et la résilience dont il a su faire preuve face aux difficultés. /.
Propos recueillis par….
La rédaction