Ces derniers mois, le banditisme et le crime organisé avaient pris du galon dans le District de Bamako et environs. Une opération dénommée ‘’coup de poing’’ initiée par le ministre de la Sécurité et de la Protection Civile a permis d’obtenir des résultats mitigés. Mais l’approche actuellement adoptée par le General Salif Traoré face à cette insécurité galopante est très critiquée par les populations et même par certains porteurs d’uniforme.
A Bamako, le mois de janvier par un banditisme et des assassinats qui dépassent l’entendement des populations. Dans le seul mois de janvier, un commerçant (Kalilou Coulibaly) a été ‘’enterré’’ vif dans puits par son propre ami ; un imam (Abdoul Aziz Yattabaré) poignardé à mort sur la route de la mosquée, un autre commerçant au Halls de Bamako (Oumar Touré) assassiné dans son domicile par des inconnus. Sans compter les séries d’attaques contre les motocyclistes et les viols. La liste des crimes crapuleux commis ces derniers temps à Bamako est longue, transformant du coup Bamako.
Très critiqué pour son laxisme face à cette situation d’insécurité grandissante, le généralisme, Salif Traoré s’est vu dans l’obligation d’agir. Ce qu’il a fait en initiant, il y a deux semaines, l’opération dite «coup de poing».
Lors de la conférence de presse qu’il a animée mardi dernier, le Général Salif Traoré s’est auto-félicité en indiquant que les résultants de son «coup de poing» sont satisfaisants. Le déploiement de 1200 policiers, gendarmes, gardes et sapeurs-pompiers, disait-il, ont permis de contrôler, en 10 jours, 1500 personnes dont plus de 600 malfrats interpellés dont 200 sont encore retenus par les forces de sécurité. A ces interpellations, s’ajoutent la saisie de plus de 500 motos suspectes, d’une importante quantité de drogue, de fusils et de munitions et mêmes des faux billets de banque.
Certes, si toutes ces saisies et interpellations sont à saluer, elles prouvent également à suffisance que ce ministre a failli, fort longtemps, à sa mission qu’est la sécurisation, la protection des Maliens et de leurs biens.
Au lieu de reconnaître sa défaite face à la montée du banditisme au Mali en général et à Bamako en particulier, le Général se permet de prononcer une petite phrase qui fâche. Lors de son interview sur la télévision nationale, il n’a-t-il pas laissé entendre que «les gens doivent cesser de dramatiser l’insécurité à Bamako ». Comme si l’insécurité qui crève les yeux des Bamakois, n’était pas une réalité.
En disant de telles choses, le Général Salif Traoré se moque éperdument des familles des personnes lâchement assassinés, ces derniers temps, par les bandits.
A noter que, l’approche adoptée par le Général dans la lutte contre le banditisme est très critiquée par de nombreux observateurs.
Pour beaucoup de Bamakois, une chose est sûre, si le Général faisait correctement son travail, Bamako ne serait pas dans cette situation d’insécurité. Ils sont nombreux à dire que Salif fait trop bruits autour de son opération de sécurisation. Toute chose qui limite son efficacité.
«On n’a pas besoin d’être Général encore moins un agent de sécurité, pour savoir que de telles opérations doivent se faire dans la discrétion absolue. Les résultats seraient meilleurs, si l’opération ‘’coup de poing’’ était déclenchée dans la discrétion. Mais notre Général se permet d’informer l’ennemi avant d’intervenir. Au finish, ce sont des menus fretins qui tombent dans son filet », a déploré un agent de la sécurité. C’est une façon pour ce policier de dire que son ministre de tutelle fait trop de bruits pour peu d’actes concrets.
Cette façon d’agir du Général Traoré n’est pas surprenante et ne date pas d’aujourd’hui. Depuis son arrivée dans le gouvernement, le sport favori de ce ministre demeure les tapages médiatiques inopportuns en lieu et place d’une véritable politique de sécurisation des personnes et de leurs biens.
D’ailleurs, pourquoi le ministre Salif Traoré veut qu’on l’applaudisse pour un travail qu’il devait faire il y a fort longtemps. Un travail que ses prédécesseurs ont bien fait et de la belle manière, sans tambours ni trompettes.
Rappelons que c’est par les mêmes tapages médiatiques que le président IBK a été séduit par le même par ce Salif pendant qu’il était Gouverneur de de Kayes. C’est la même démarche qu’il utilise aujourd’hui pour se maintenir dans le gouvernement. Il est donc temps que Salif cesse de faire du bruit et de se mette au travail. Le temps des tapages est révolu.
«On peut tromper une partie du peule pendant un moment, mais on ne peut pas tromper à tout moment tout le peuple », disait un ancien président des Etats Unis.
Aboubacar Berthé
Source : Le Serment Du Mali