S’il y a une politique du gouvernement qui suscite l’étonnement au sein de l’opinion nationale, c’est bien les vagues de nominations des officiers de l’armée dans les services de l’administration publique et dans les Ambassades du Mali à l’étranger. Il s’agit d’une politique jugée paradoxale par plus d’un Malien, surtout quand on sait que le Mali est dans une situation de guerre.
Au moment où le Mali est sur le point de s’écrouler sous le poids de l’insécurité marquée par les attaques jihadistes et terroristes au nord et au centre du pays, c’est ce moment choisi par le gouvernement pour affaiblir l’armée par la nomination des officiers qui constituent la crème de l’armée, dans l’administration publique.
Selon nos informations, c’est une pratique qui date depuis l’avènement de notre démocratie et qui consiste, pour les dirigeants, à se «débarrasser» des officiers jugés «dangereux» en les nommant dans l’administration publique ou dans les Ambassades. Si cette pratique a été utilisée par tous les régimes qui se sont succédés depuis l’avènement de la démocratie au Mali, force est de constater qu’elle contribue, dangereusement, à l’affaiblissement de l’armée. C’est pourquoi, certaines organisations de la societé civile, dont l’association «Jiriba » avait, un moment donné, vivement dénoncé cette politique. Pour les responsables de cette association, la place d’un militaire se trouve dans la caserne et non dans l’administration civile. Hélas, ce message semble tombé dans l’oreille d’un sourd. Dans la mesure où lors du conseil des ministres de mercredi 6 février, une dizaine d’officiers de l’armée, tous des colonels ou Colonels Major ont été nommés comme ‘’attachés de défense’’ dans les Ambassades du Mali à l’étranger. Il s’agit des Ambassades du Mali à Abuja, en Egypte, au Tchad, en Mauritanie, au Burkina Faso, Côte- d’Ivoire, à Bruxelles, Algérie, au Sénégal, etc. Sans compter les séries de nominations d’officiers comme «hauts fonctionnaires» dans les départements ministériels.
Si certains Maliens s’interrogent sur la pertinence d’une telle pratique dans un contexte sécuritaire difficile qui nécessite une présence accrue des forces de défense sur le terrain, d’autres font le rapport entre ces nominations et la folle rumeur d’un coup d’état en gestation, laquelle rumeur a défrayé la chronique ces derniers temps.
Halte à l’affaiblissement de l’armée !
Aboubacar Berthé
Source : Le Serment Du Mali