L’institut Panos Afrique de l’ouest (IPAO), dans le cadre du projet ‘’Femmes occupez les médias’’ organise un atelier de formation de trois jours à l’intention des femmes journalistes sur la thématique Violences faites aux femmes (VFF). Des rédacteurs en chef et des chefs de Desk de certaines rédactions ont participé au premier jour de l’atelier, consacré sur la sensibilisation sur les VFF.
La Cérémonie d’ouverture de l’atelier s’est déroulée, hier mercredi, à la Maison de la presse, en présence du Coordinateur régional de l’Institut, Tidiane KASSE du Sénégal ; du coordinateur national, Sadou YATTARA, des responsables de presses et les participantes.
Le projet « Femmes occupez les médias » que l’IPAO veut mettre en œuvre pendant les 4 années à venir a pour objectif d’appuyer les femmes dans la défense de leurs droits en luttant contre les violences basées sur le genre et de promouvoir la représentation politique des femmes, mais aussi leur implication dans les processus et les espaces de décision. Il sera exécuté dans quatre pays de la sous-région que sont le Sénégal, le Mali, le Niger et la Côte d’ivoire.
Le présent atelier a pour objectif de partager les objectifs du projet « Femmes occupez les médias » ; de sensibiliser les participantes sur les violences faites aux femmes dans le contexte actuel du Mali ; d’identifier les obstacles et les limites notées dans le traitement des VFF par les médias et proposer des correctifs pour l’améliorer ; de partager et valider le système de suivi et d’appui proposé aux journalistes et aux médias par l’IPAO.
Aussi, l’atelier sera l’occasion d’identifier les préjugés et les stéréotypes contre les femmes dans le traitement de l’information ; de voir comment améliorer les normes de couverture des violences faites aux femmes ; d’identifier les sujets de couverture sur les VFF et élaborer un calendrier de production support.
Le Coordinateur national du projet, Sadou YATTARA, a souligné qu’il s’agit à travers le projet ‘’Femmes occupez les médias’’ de voir comment se présente la problématique de la violence faite aux femmes au Mali et voir comment produire des messages dans ce sens. Selon lui, au Mali la thématique sur les violences faites aux femmes a été choisie alors qu’au Sénégal et en Côte c’est la participation politique des femmes qui a été choisie comme thème.
Pour lui, cette présente formation est un passage pour influencer le paysage médiatique de notre pays en faveur de la lutte contre les violences faites aux femmes.
De son côté, le coordinateur régional du projet, Tidiane KASSE, dira que cette formation sera un tremplin pour échanger les expériences en vue d’améliorer la situation des femmes dans les médias. Il a indiqué que l’objectif recherché est d’amener les décideurs à prendre des mesures et des lois en faveur de l’amélioration des conditions des femmes.
Le coordinateur a informé que des enquêtes seront faites sur le terrain et que l’Institut veillera à ce que des suites soient données aux activités réalisées. Aussi, dit-il, un observatoire sera créé pour être le porteur du projet au Mali. Cet Observatoire qui sera composé des acteurs de la société civile et des médias proposera les sujets à débattre.
Rappelons qu’en 2017, une réunion organisée par l’IPAO dans notre pays avec la société civile a permis d’identifier les violences faites aux femmes comme une priorité sur laquelle le projet va travailler. Pour les responsables du projet, ce choix est justifié par une situation préoccupante au Mali ou les VFF sont devenues une pratique permanente et généralisée, dans une situation marquée par de fortes influences traditionnelles et religieuses.
Comme preuve, le responsable du projet a souligné qu’en 2015, l’enquête démographique et de santé au Mali a fait ressortir : 1 468 cas de VBG, dont 292 cas de dénis de ressources et d’opportunités ; 288 cas d’agressions physiques ; 234 cas de violences psychologiques ; 233 cas de viols et 192 cas de mariage forcé.
Pour l’IPAO, les médias peuvent contribuer à améliorer la situation des femmes, après avoir joué un rôle décisif dans l’émergence et la consolidation du processus démographique au Mali. De l’avis des responsables de l’IPAO, les médias peuvent conforter leurs rôles et places dans la société et dans l’espace politique, les appuyer dans la lutte contre les présumés « traditions » et préjugés qui entravent l’égalité entre les sexes et encouragent les violences basées sur le genre.
« Mais plutôt que d’aider à lutter contre les VFF et à renforcer les droits des femmes, les médias tendent plutôt à conforter une situation qui valide et renforce les cas de violence et d’abus de présumées traditions et préjugés contre les femmes », déplore l’Institut Panos Afrique de l’Ouest.
C’est pourquoi l’IPAO entend travailler avec les médias maliens pour les amener à être des moyens de communication qui « responsabilise » les femmes, leur permettent d’exprimer leurs préoccupations, de défendre leurs droits et d’amplifier leurs actions et leurs luttes.
PAR MODIBO KONE ET SIRA BEROU COULIBALY (STAGIAIRE)
Source: info-matin
