À une année de l’échéance, les démons de la confrontation se réveillent et se déchainent au sein la Ruche. Tandis que le Comité exécutif est accusé d’obstruction et de vouloir naviguer à contre-courant des aspirations de la base, les clans se pré-positionnent et le débat est loin d’être tranché. Point sur une bataille qui risque d’être saignante (« patisakana » : partie saignante)
Le samedi 22 juillet 2017, sous la supervision de son président, le Professeur Tiémoko Sangaré, le Comité exécutif de l’Adema-PASJ, en retraite politique à l’Hôtel Timbouctou, dans la périphérie de Bamako, avait donné le coup d’envoi de la compétition sans véritablement trancher la question de fond et sans fixer clairement les règles du jeu.
Patisakana dans la Ruche
Sur la question de la candidature de l’Adéma à la présidentielle de 2018, au terme d’une analyse approfondie du rapport de la Commission Moustapha Dicko, le CE-Adéma avait juste promis de prendre « les dispositions en vue d’assurer la participation du parti à ladite élection ». Or, tenue sous silence, la principale recommandation issue de la 15e Conférence nationale, tenue à Bamako, le 25 mars 2017, est sans équivoque : c’est « d’enclencher, dans les meilleurs délais le processus de désignation de son candidat à l’élection présidentielle de 2018 ».
Fortement miné par des dissensions internes, notamment quant au soutien et à l’accompagnement du président IBK, le Comité exécutif propose « d’inscrire ses actions dans le cadre d’une coalition forte de Partis fondée sur une Nouvelle Offre politique, condition indispensable à toute victoire en 2018. À cette fin, le Comité exécutif élaborera dans les meilleurs délais, un projet de plateforme politique assortie d’un programme ».
L’allié du parti présidentiel avec 4 ministres toujours dans l’équipe de Abdoulaye Idrissa Maïga a-t-il pris le large ? La Ruche se défend de toute trahison. Pour le CE-Adéma, il s’agit juste d’une « base de négociation autour des conditions de soutien au candidat rassembleur et consensuel issu des rangs du Parti, le cas échéant, du candidat issu de la coalition d’un ensemble de partis politiques »… ce qui sera sans doute le président IBK s’empresse-t-on d’ajouter.
Mais comment fédérer les appétits et les frictions au regard des résolutions partisanes qui ne laissent aucune place au compris ? En tout cas, la 15e Conférence nationale de la Ruche ne fait aucune nuance : le CE-Adéma se doit « d’enclencher, dans les meilleurs délais le processus de désignation de son candidat à l’élection présidentielle de 2018 ».
En attendant tous les autres embusqués et/ou pistonnés, deux barons prennent position dans le starting-block : un jeune loup aux dents aiguisées, Dramane Dembélé, candidat malheureux de l’Adéma en 2013 et un vieux rucher, Kafila Sanogo, aujourd’hui maire de la capitale du Kénédougou.
Kalifa, premier dans la course ?
Répondant à l’appel d’une coalition dénommée, Cercle des Alternatives maliennes pour l’émergence « C A M E Waati Sera », composés des clubs des amis et de soutien à sa candidature, l’ancien PDG de la CMDT a donné officiellement le ton de la course à l’investiture de son parti, l’Adéma-Pasj. S’il veut s’inscrire dans le processus et rituel de désignation des primaires de son parti, Kafila Sanogo ne fait aucun mystère sur ses intentions. C’est donc en toute connaissance de cause et pour l’espoir qu’il suscite qu’il accueille favorablement l’appel de ses partisans : « C’est une marque indiscutable de confiance et de sympathie à mon égard ; c’est un redoutable honneur, dont je mesure la portée et toutes les dimensions ».
Pour le candidat, donc avant la lettre, dans son premier discours, il faut « aller résolument de l’avant, nous devons faire appel à tous les enfants de ce pays, sans exclusive et où qu’ils se trouvent ; chaque fils de la nation, quel qu’il soit, avec ses défauts et surtout ses qualités, peut contribuer positivement à l’édifice national. Il nous faut un nouveau départ, et sur des bases solides. Il nous faut une nouvelle espérance ».
L’Offre de DD
Une semaine avant Kafila Sanogo, le dimanche 10 septembre dernier, dans une offre politique proposée, passée à la trappe de l’actualité, l’ancien candidat de la Ruche avait dévoilé son ambition et esquissé son projet présidentiel.
Intitulée « Nouveau Pacte Social, Solidaire », cette offre est articulée autour de cinq axes prioritaires : éducation, défense et sécurité, création de richesse et emploi, décentralisation et gouvernance locale et intégration.
Pour l’ancien ministre Dramane Dembélé (DD), ce Nouveau Pacte Social solidaire doit être « entendu comme Cycle nouveau d’une Société en crise qui tire les leçons de son affaiblissement, son affaissement, sa fragilité et qui revient aux valeurs sociétales, culturelles d’Humanisme, de Partage, de Solidarité, de Mutualisation des efforts pour limiter les déséquilibres (entre riches et pauvres, forts et faibles, citadins et ruraux) afin que chacun se sente pleinement malien, sécurisé, protégé y compris sur le plan alimentaire, sécuritaire, sanitaire, éducatif (école pour tous) ».
Par Mohamed D. DIAWARA