Un récent rapport remis au Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, préconise une meilleure protection des Casques bleus. Souvent mal équipés et mal préparés, ils sont régulièrement la cible d’attaques au Mali et en Centrafrique. En 2017, 56 d’entre eux ont péri, principalement lors de missions africaines. Il s’agit du plus lourd bilan depuis 1994.
Rares sont les fois où les Casques bleus en mission peuvent éviter ou stopper une attaque. Après avoir connu des pics dans les années 1960 et 1990, le nombre de morts violentes au sein des forces de maintien de la paix est reparti à la hausse depuis 2013: 195 personnes ont été tuées en cinq ans, dont 56 uniquement en 2017. Il s’agit du bilan le plus lourd depuis 1994, soulignent les experts à l’origine du rapport.
Le document rendu public le 22 janvier 2018 dresse une longue liste des causes de la vulnérabilité croissante des Casques bleus, essentiellement pour des raisons de coûts financiers. Transport des troupes en pick-up plutôt qu’avec des véhicules anti-mines, absence de lunettes de vision nocturne lors des patrouilles de nuit: les contingents sont souvent mal équipés pour remplir leur mission, estime le groupe d’experts, emmenés en Haïti et en RDC par le général brésilien Carlos Alberto dos Santos Cruz, ex-commandant des missions de l’ONU.
Les Casques bleus sont aussi trop souvent «défensifs» alors qu’ils devraient être «proactifs» pour «identifier les menaces et les neutraliser», constate le rapport.
La pire attaque en RDC
Le 7 décembre 2017, une attaque contre la base de l’ONU à Semuliki en RDC a fait 15 morts. Il s’agit de l’attaque la plus meurtrière contre des Casques bleus en vingt-quatre ans.
Les missions de l’ONU sur le continent africain sont celles qui comptent les effectifs les plus importants. Ce sont aussi les plus vulnérables: la mission au Mali a perdu depuis 2013 quelque 91 hommes, 29 lors de missions en Centrafrique, 26 au Darfour, 25 en RDC et 13 au Soudan du Sud.
Alors que les missions de maintien de la paix sont menacées de coupes budgétaires par l’administration américaine, le rapport fait une série de recommandations pour les opérations comme pour leurs responsables, qui incluent l’identification des contingents à problème ou des «tests surprise» pour vérifier la préparation des troupes.
D’ici fin mai, l’ONU pourrait commencer à remplacer «responsables, contingents ou unités» incapables de remplir leur mandat, préconise le rapport, mais il est parfois difficile de trouver des volontaires pour certaines missions.
Le Secrétaire général des Nations Unies avait annoncé le 29 mai 2017, lors de la 29e journée internationale des Casques bleus, la fin prochaine de plusieurs missions déployées en Côte d’Ivoire et au Liberia. M.Guterres avait alors souligné que le budget du maintien de la paix, de l’ordre de 8 milliards de dollars (6,5 milliard d’euros) en 2017, «représente moins de 0,5% des dépenses militaires mondiales».
Six fois plus de Casques bleus
Entre 1948 et 1988, seules 15 opérations de maintien de la paix ont été lancées par l’ONU. L’organisation a mis sur pied 56 missions entre 1988 et 2015. Le nombre des Casques bleus a aussi été multiplié par six.
Les effectifs déployés pour certaines missions peuvent aller jusqu’à 20.000 membres, notamment en République démocratique du Congo et au Darfour (Soudan), où se déroulent respectivement la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en RDC (Monusco) et l’opération hybride Union africaine-ONU (Minuad), soulignait il y a quelques mois RFI.