Trahis et trompés bien de fois par des élus, les Maliens se méfient des candidats à la députation à l’occasion des législatives du 29 mars 2020. Car beaucoup d’élus ont montré par le passé des visages hideux durant leurs mandats : leur indisponibilité au service de leurs concitoyens pour mieux cerner les problèmes, entre autres. La méfiance serait-elle la meilleure solution ?
La campagne des élections législatives bat son plein. Les Maliens éliront le 29 mars et 19 avril prochains, leurs représentants à l’Assemblée nationale. Après deux semaines du lancement de la campagne, et à deux semaines surtout du premier tour de ce scrutin, la réticence des populations serait l’énigme de ce rendez-vous. Car les sondages sont moins fluides pour cette campagne, dans la mesure où les électeurs ne s’y intéressent pas trop. Comparé aux précédents scrutins, celui du 29 mars ne répondrait pas aux attentes. Et la raison, ne serait pas, une sorte de non-accomplissement du devoir civique, mais celui d’un citoyen longtemps trahi et trompé par des politiciens qui ne tiennent ici et là que des discours stéréotypés et terriblement trompeurs, la langue de bois. Ce n’est plus les tee-shirts ou encore le thé qui fera bouger les lignes à ce niveau. La motivation n’y est plus. Plus de choix. Les Maliens se sentent perdus dans le choix des hommes. Qui choisir au final ? Disent les uns, et qui croire ? Disent les autres. Jamais un sans deux, et deux sans trois. Voilà ce que redoutent les électeurs de 2020. Le choix des hommes est devenu un véritable problème pour les électeurs maliens. Pour ce scrutin, sachant la gestion affreuse de l’État, certains se posent la question, quel parti choisir finalement ? Cette question, beaucoup se la poseront avant le 29 mars. Car le RPM et l’URD fusionnent comme un couple de cent ans dans plusieurs circonscriptions électorales. C’est donc devenu un jeu de cartes où on peut changer de couleurs en se fusionnant pour trouver une place à l’hémicycle. Cependant, tout bon citoyen rêve d’une belle image de sa commune. Et pour offrir une posture heureuse, chacun doit s’impliquer. Cela plairait à beaucoup si un homme providentiel, soucieux de sa contrée, est élu pour parler à son nom. Le rôle d’un élu, c’est aller à la rencontre des concitoyens afin de connaître les réels problèmes auxquels ils font face. Législateur, contrôleur et intermédiaire, un député n’a pas pour tâche unique de voter des projets de loi ou encore le contrôle de l’action gouvernementale, il est un intermédiaire entre ses concitoyens et l’administration publique, en traitant leurs demandes. Un député est le représentant de ses concitoyens. Il fait la promotion du développement rural de sa circonscription. Cela étant, dans la tête de ces électeurs, les élus n’accordent pas d’importance à leur électorat, sauf en temps de scrutin, car une fois élus, ils disparaissent dans la nature. Et bien d’autres aspects qui narrent explicitement la posture bourrue à laquelle la campagne de ces législatives se déroule. Comme tout duel ou combat, il faut toujours un gagnant. Le parti au pouvoir, le RPM obtiendrait-il la majorité ? À notre avis, la terrible gestion du pays par Ibrahim Boubacar Kéïta, confortablement installé sur la chaise palatine et vélaire de Koulouba depuis les présidentielles de 2018 pour son second et dernier mandat, jouerait à la défaveur du RPM dans beaucoup de communes. Cela a sans doute une influence colossale sur la campagne électorale de ces législatives. Dans tous les cas, les tendances à la veille du scrutin législatif de 29 mars 2020 autour de la campagne électorale ne répondent pas du tout aux attentes. Tous nos interlocuteurs n’ont que des images désastreuses de nos politiciens.
Moriba DIAWARA
LE COMBAT