Le climat d’instabilité qui règne dans le centre du Mali prend une dimension plus complexe. A quelques mois du premier tour de l’élection présidentielle, quelle alternative pour ramener la stabilité condition sine qua non pour la tenue de ce scrutin ? Nous avons contacté le chef d’Etat-major du regroupement de Chasseurs à majorité Dogon, Da Na Amassagou, présent dans la région de Mopti précisément le Pays Dogon. Monsieur Toloba nous a fait la genèse de cette crise. Il pense que pour le retour de la paix l’Etat doit rapidement agir en voyant plus tard le 25 de ce mois l’armée dans certaines zones de la région.
Le Pays : Bonjour Monsieur Toloba. Vous êtes le chef d’Etat-major général des Chasseurs, Da Na Amassagou, qui se battent contre les forces du mal dans le Pays Dogon. Pouvez-vous nous expliquer les raisons qui vous ont motivé à défendre cette partie de la cinquième région ?
Monsieur Toloba : Les raisons de la réaction des chasseurs, c’est que depuis 2012 jusqu’à nos jours, il y a eu trop d’assassinat dans le Pays Dogon. De l’arrivée des Djihadistes en 2012 jusqu’à maintenant, ces Djihadistes n’ont causé aucun tort au Pays Dogon. Tout le monde est témoin. Après l’intervention des blancs qui a mis hors d’état de nuire les djihadistes, ce sont des individus malintentionnés qui se sont retrouvés et sont en train de rendre la vie infernale sur notre territoire. C’est la seule raison de notre combat aujourd’hui. Ces bandits disent se battre pour l’islam, mais ce ne sont pas des musulmans. Nous ne pouvons pas accepter qu’ils viennent détruire notre espace. Nous nous battons pour le retour de la paix et le bon vivre chez nous.
Quels sont vos rapports avec l’Etat malien ?
Nous ne nous sommes jamais opposés à l’Etat malien. L’Etat aussi ne nous a jamais combattus. Depuis la création de notre regroupement, Da Na Amassagou, nous n’avons jamais cherché à créer des problèmes à l’Etat. Dans certaines zones, l’Etat n’est pas présent. Nous le défendons dans ces zones-là.
Quelles propositions faites-vous à l’Etat malien pour la sortie de crise ?
Les doléances des Chasseurs à l’endroit de l’Etat malien, c’est de faire en sorte que la paix revienne au Mali en général et dans la cinquième région en particulier. Si l’Etat veut que cette instabilité prenne vite fin ; s’il veut que le vote ait lieu, qu’il sécurise : Dioungani, Dinangourou, Mondoro, Hombori, Boni… Si l’Etat envoie l’armée dans ces zones avec les moyens conséquents avant le 25 avril, appuyée par les chasseurs, il sera possible d’organiser l’élection présidentielle du 29 juillet 2018. Si l’Etat ne le fait pas et à temps, pas question d’espérer sur l’organisation de l’élection dans toute la région de Mopti. Qu’on ne se cache pas la vérité, à l’état actuel il est impossible d’organiser la présidentielle dans la cinquième région.
Les chasseurs, en tout cas, sont à la disposition de l’Etat malien. Partout, nous sommes prêts à défendre le Mali même s’il le faut au prix de notre vie.
Maintenant, à l’Etat de s’assumer.
Kèlètigui Danioko
Le Pays