Le samedi dernier, sur le plateau ‘’An ka Ben’’ de la radio Kledu, le ministre de l’Economie Numérique et de la communication Arouna Modibo Touré, était l’invité de marque pour évoquer certaines questions relevant de son département. Pendant une heure, de façon modeste, courtoise et technique, celui qui est affectueusement appelé Papou s’est démené face aux pertinentes questions de notre confrère Kassim Traoré et de quelques auditeurs qui l’ont bien mis à l’épreuve.
Un des rares ministres discrets de l’équipe d’Ibrahim Boubacar Keita, Arouna Modibo Touré, celui qui est censé arrêter les grands coups des medias se sent parfois très coincé. Coincé entre liberté de la presse et ses obligations ministérielles consistant à piloter une bonne politique de communication. Une première sur le plateau et c’est avec satisfaction que le jeune ministre avait apprécié.
Quelques détails concernant les medias et les élections
D’emblée, il plante le décor avec la répartition de temps que fait l’ORTM sous l’autorité du comité National de l’Egal Accès aux Medias d’Etat. Son département, explique-t-il, veille au bon fonctionnement à une meilleure application des textes par la HAC (Haute Autorité de la Communication) et le CNEAME. « La mission de mon département consiste à conduire les choses de façon impartiale afin que les maliens puissent comprendre. Ce qui lui est demandé et je l’exécute comme tel» lance avec sourire le ministre.
Le ministre de la communication est aussi revenu sur les mesures concrètes prises par le cadre de concertation initié et conduit par son département, celui de la sécurité intérieure et de la protection civile et par la maison de la maison de la presse. Il s’agit de veiller à la sécurité et à la considération des journalistes dans l’exercice de leurs fonctions : « Nous avons mis les journalistes dans leurs droits. Nous avons convenu de les doter de gilets, une première au Mali. Chaque gilet comportera le numéro de la carte de presse de l’intéressé.» cette mesure, rassure le Ministre Papou Touré, aidera les forces de l’ordre à faire la distinction et à collaborer avec les journalistes. En dépit du taux appréciable de retrait des cartes d’électeurs, le gouvernement fera chômer les 21 et 23, des journées citoyennes pour permettre encore à d’autres compatriotes d’avoir leur chance de retirer et voter le 29 Juillet 2018.
L’affaire des tablettes pour les Etudiants
L’invité du jour est serein. Le ministre dit n pas parti sur le plateau pour répondre à qui que ce soit : «je suis venu dire la vérité aux maliens après avoir entendu plusieurs rumeurs. Ce que je dirais à partir de cet instant, c’est incontestable et c’est ce que je continuerais à dire.»
Les gens parlent de tablettes, ce ne sont pas des tablettes, des ordinateurs-tablettes, se défend et précise l’ancien PDG du PMU- Mali. Au début de son mandat, le président de la République avait promis d’offrir un ordinateur à chaque étudiant. Le projet avait commencé au temps de Mahamadou Camara. « L’administration est publique et personne ne peut se prévaloir la paternité d’un projet au sein d’un département. C’est d’abord 10.000 ordinateurs que le ministre de l’époque avait proposé dans un premier temps. 8000 pour les nouveaux bacheliers, 1500 pour les étudiants en 2ème année universitaire et les 500 restants aux enseignants.»
Ce que les gens ignorent, c’est que nous avons doté l’université d’une année de connexion, haut débit, précise le ministre en charge de l’Economie numérique. L’idée de Camara n’a pu être financée et entre temps, il a été remplacé. Quand le ministre Choguel est arrivé, sans passer par une phase pilote, avait promis 100.000 ordinateurs aux élèves et aux étudiants.
Après le processus d’appel d’offres, le premier ministre, à l’époque, avait refusé de valider l’attribution du marché pour des raisons qui lui étaient propres et pour le bien de la nation. Le ministre reconnait que cette promesse a pris du temps au point que les étudiants même n’en croyaient plus. Pourtant, insiste-t-il, le chef de l’Etat avait réaffirmé son engagement à tenir cette promesse. «Faites tout pour que le dossier des ordinateurs des étudiants soient terminé.»
Ainsi, après une correspondance de mon collègue de l’Enseignement Supérieur, il était mentionné que tous les étudiants devraient avoir un ordinateur sur financement d’une banque à crédit et qui mettrait les étudiants à contribution dans le remboursement.
Lors du conseil d’Administration de l’Agence pour la Gestion du Fonds d’Accès Universel, il a été décidé d’offrir 13.000 ordinateurs-tablettes en fonction du budget disponible : « une chose est claire. Le président de la République a refusé que des étudiants soient endettés afin qu’ils bénéficient de cette promesse. Il a été décidé de procéder à la diligence du processus en toute transparence. C’est ainsi qu’un soumissionnaire a promis de nous céder le produit à 292.000 FCFA l’unité. Ceux qui estiment que ça coute 50.000 ou 100.000 FCFA n’avaient qu’à postuler puisque c’était un appel d’offre ouvert.»
Le ministre a même pris une étude comparative entre le Mali et d’autres pays. Les sénégalais avaient promis 100.000 ordinateurs. Dans leur phase pilote, explique-t-il, ils en ont donné 9.000 et chaque étudiant débourse 50.000 en attendant. En Côte d’ivoire, même option, pour une promesse de 100.000 ordinateurs, le gouvernement précise qu’il ne pourrait offrir que 9654 pour un début.
Le coût des 100.000 ordinateurs équivaut à une trentaine de milliards. Dans un pareil moment, argumente le ministre Papou Touré, il faut faire les choses avec intelligence car les moyens font défaut même si les étudiants méritent ces efforts. Le retard de livraison est dû à la procédure des marchés.
C’est évident que les maliens dénoncent la façon dont communique le régime d’IBK, mais il y a plus un manque de communication qui est criard et qui ferme davantage la visibilité que les barons du régime et leurs partisans essayent de donner à certaines situations.
Le Mali est une terre de grandeur, a rappelé Papou. S’indignant de constater que la vie des citoyens est exposée à travers les réseaux, de façon intime et éhontée. Le ministre estime que ce sont des comportements qui ne grandissent pas le Mali et qui d’ailleurs ternissent l’image de notre historique et culturelle nation. La dignité, l’honneur, le respect des autres sont des valeurs séculaires de notre pays. Elles ne doivent pas contraster avec ces comportements injurieux et déshonorants de certains fils du pays.
Effleurant la question des élections, le ministre dit rassurer la communauté nationale et internationale que les élections se tiendront sans violences telles que certains le racontent et le prédisent : «nous sommes tous des maliens, nous appartenons à cette même République et nous n’allons-nous manger entre nous. Le bon Dieu sait déjà qui est bon et qui doit gagner.»
Il a salué le débat auquel il a participé et qui lui a permis de lever certaines barrières de la confusion et apporter sa version et sa vision de l’action gouvernementale.
Abidine Alhady
Figaro mali